Outre l’Occupation allemande et la déportation de milliers de familles vers les camps de concentration, les bombardements ont fait de la Seconde Guerre mondiale l’un des conflits les plus horribles de tous les temps. Parce que l’armée allemande avait la main mise sur de nombreuses institutions stratégiques françaises, bâtiments administratifs ou bases militaires, les Alliés n’ont eu d’autres choix que de bombarder les villes qui abritaient ces repères… entraînant par conséquent la mort de nombreuses personnes, aussi bien militaires que civils. Des attaques qui ont également endommagé le patrimoine de nombreuses villes et voyages, comme cette paisible station balnéaire connue comme la “perle de l’Atlantique”…
Le projet ambitieux de faire renaître Royan après 1945
Dans les années 1930 déjà, cette petite commune du sud-ouest de la France est la station balnéaire française à la mode. Il faut dire que la mode des bains de mer a fait de Royan, à la fin du XIXe siècle, une station très prisée des Bordelais, puis des Parisiens avec l’arrivée du chemin de fer. Le Tout-Paris s’y pressait alors, de Guitry à Lartigue, en passant par Picasso… Mais un événement majeur du XXe siècle vient briser cette dynamique : la Seconde Guerre mondiale. Bombardée à plusieurs reprises, la station balnéaire est réduite à néant, plongeant ses habitants dans l’enfer des destructions. De la commune d’avant, il ne reste que ruines, excepté les quartiers de Pontaillac et du Parc, où de magnifiques villas incarnent à merveille l’architecture balnéaire de la Belle Époque. Devenue une base militaire allemande, les principaux bâtiments administratifs et les grands hôtels alors réquisitionnés, il faut attendre la fin du conflit pour voir l’espoir renaître à Royan. Urbaniste et architecte en chef, Claude Ferret envisage un plan global, adapté au caractère balnéaire de la cité, pour intégrer les dernières réflexions en matière d’urbanisme. Royan devient dès lors un “laboratoire de recherche sur l’urbanisme” avec une mission bien précise : rebâtir entièrement une cité moderne, la rendre spacieuse et digne d’une station balnéaire. Un challenge qui durera tout de même 20 ans pour laisser place à un nouveau Royan.
Un fascinant melting-pot d’architectures de toutes époques
Symboles de la reconstruction de la ville après-guerre, l’église Notre-Dame, le marché central ou encore le palais des congrès ne manquent pas de surprendre. Véritable poumon central de la ville, le marché central est un monument pionnier avec sa structure en béton autoportante, faite d’un voile plissé d’à peine 10 cm d’épaisseur. Quant à l’église Notre-Dame, principal édifice de la ville bâti en trois ans, celle-ci s’inspire, malgré son aspect hors du commun, de l’esthétique des cathédrales gothiques. Souvent considérée comme un monument emblématique de l’architecture de l’après-guerre, elle vient compléter le riche patrimoine religieux de la commune témoignant de quatre époques différentes de l’histoire royannaise : le Moyen Âge (église Saint-Pierre), les persécutions religieuses (temple du Maine-Geoffroy), la Belle Époque (église Notre-Dame-des-Anges) et donc la reconstruction d’après-guerre. Une histoire vieille de plusieurs siècles qui se ressent aussi dans l’architecture civile, notamment celle de ces villas qui font aussi la richesse de Royan. Parmi les nombreuses villas balnéaires construites entre 1890 et 1930 qui subsistent dans les quartiers du Parc et de Pontaillac, on peut citer la villa “Les Campaniles”, encadrée par deux tours de style néo-baroque et largement inspirée de l’ancien casino de Foncillon, détruit durant les bombardements de 1945. Plus loin, la villa Aigue-Marine fascine par son architecture castrale, et notamment sa tour d’angle évoquant un donjon. Enfin, difficile de ne pas évoquer la villa Kosiki, inspirée par les conquêtes coloniales et la découverte de l’art de l’Extrême-Orient , comme le prouvent les toits rappelant des pagodes ou les descentes d’eau terminées par des têtes de dragons.
Des merveilles à admirer les pieds dans l’eau
Autant de merveilles qui contrastent avec l’atmosphère “fifties” d’autres demeures, comme la villa Ombre Blanche, construite en pierre et béton armé, et qui s’inspire du cubisme, ou la villa Hélianthe, autre exemple d’architecture contemporaine originale avec sa forme en arc de cercle. De cette reconstruction d’après-guerre sont donc nés des impressions visuelles et des effets graphiques inédits, comme l’étonnante et non moins fascinante villa Spirou tout droit sortie d’une bande-dessinée, qui donnent un relief particulier à Royan. Autant de bonnes raisons d’arpenter les moindres recoins de ce trésor touristique de Charente-Maritime. Bien entendu, on y vient aussi pour ses 50 km de rivage et 34 plages du littoral, parfaits pour profiter de la baignade, de la balade ou des activités nautiques. Part essentielle de l’identité des stations balnéaires, la plage urbaine est située à proximité du centre-ville avec en toile de fond les villas du bord de mer, qui l’encerclent comme pour mieux la protéger. Sa forme rappelant celle d’un coquillage, on lui donne alors, le nom de conche. Véritable repaire pour les familles, elle contraste ainsi avec la plage du Conseil, beaucoup plus discrète, ou encore Pontaillac, qui s’anime au soleil couchant. À moins que l’on n’opte pour la plage sauvage, faisant face à l’immensité de l’océan Atlantique, et son tapis de sable fin à perte de vue. Ici, pas ou peu de construction humaine, mais quelques blockhaus témoignant du Mur de l’Atlantique ou le phare de La Coubre, qui domine ce paysage unique… dont on aurait bien du mal à se lasser !
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Image à la une : Royan © Adobe Stock