
Tout comme il fait bon découvrir les charmants petits villages qui bordent la Seine, qu’ils soient aux portes de Paris ou à 1h30, la Loire et ses abords incarnent également une certaine douceur de vivre. Riche d’une histoire vieille de plusieurs siècles et de monuments parmi les plus populaires, le territoire abrite également des villages où l’Histoire se conjugue à merveille avec un patrimoine architectural, à l’image de ce village 100% ligérien, reconnu comme une “Cité d’Histoire”…
Un village développé par l’un des plus beaux chantiers de la Renaissance
Ce petit village endormi sur le bord de Loire, parcouru de venelles étroites et fleuries, n’y ressemble pas à première vue, mais il s’agit pourtant d’un lieu chargé d’histoire. Sur la rive gauche du “fleuve royal”, Saint-Dyé-sur-Loire tire ses origines de sa fondation au VIe siècle par l’ermite Saint-Déodat. Initialement construit de modestes maisons de bois, le village évolue aux XIIe et XIIIe siècles en habitations de pierre, témoignant du caractère ligérien de la région. Au XIVe siècle, la guerre de Cent Ans incite à ériger une muraille de pierres, dont les vestiges sont encore visibles aujourd’hui. Surtout, de par sa situation géographique, ce village était le plus propice à accueillir un port fluvial, permettant ainsi l’acheminement de matériaux de construction. De quoi se révéler précieux pour la construction du prestigieux voisin situé à quelques kilomètres : le château de Chambord, le plus vaste des châteaux de la Loire. Après que François Ier ait décidé de l’édification de ce château à sa gloire, à l’orée de la forêt de Chambord, des chariots arrivèrent du port de Saint-Dyé pour décharger tous les matériaux. En particulier la pierre de tuffeau, cette pierre blanche, tendre et friable utilisée pour la construction et symbolique des châteaux de la Loire.

Lieu de passage ou de villégiature pour des grands noms de l’Histoire
Le port de la ville fortifiée ne cessera d’ailleurs de gagner en importance avec la construction du château de Chambord, qui débute en 1519 pour ne s’achever qu’en 1685. Un chantier colossal, l’un des plus importants de la Renaissance, où près de 220 000 tonnes de pierres sont acheminées par chariots du port de Saint-Dyé. De quoi développer considérablement la ville, qui voit alors s’installer douze hôtelleries. Et qui dit logements dit clients, parfois de passage, avec des noms prestigieux : François Ier, D’Artagnan, Jean de la Fontaine, le maréchal de Saxe, Molière, Madame de Sévigné ou encore le roi de Pologne Leczinski… tous goûtent à la douceur de vivre du bourg au bord de la Loire. Sauf peut-être D’Artagnan, qui, selon la légende locale, aurait été enfermé dans la chambre des bedeaux, soit l’ancienne sacristie. Quoi qu’il en soit, la prospérité de Saint-Dyé dure jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, avant que la route vers Paris ne s’ouvre et amorce ainsi le déclin du transport fluvial. Au XXe siècle, le village devient un lieu prisé de villégiature, notamment pour des artistes comme le photographe Henri Cartier Bresson ou l’artiste peintre Leonor Fini. Pablo Picasso lui-même possédait lui-même une maison ici, bien que ce soit surtout son fils qui fréquentait régulièrement les lieux.
Un patrimoine architectural qui en dit long sur l’histoire de la cité
Malgré tout, le village garde de nombreuses traces de son passé prestigieux… et certaines plus imposantes que d’autres. Particulièrement grande pour un si petit bourg, l’église de Saint-Dyé doit là encore sa grandeur à la construction du château de Chambord. Assez modeste avant le XVIe siècle, l’affluence d’ouvriers incita les décideurs à pourvoir la petite ville d’un lieu de culte suffisamment grand pour accueillir la population ouvrière. Ce qui explique aujourd’hui sa longueur de 45 m et sa largeur de 15 m, le tout étant soutenu par des piliers butants et des contreforts qui rajoutés au XVIIe siècle. Au milieu du chœur trône un somptueux maître-autel incrusté de marbre d’Italie, réalisé au XIXe siècle, où furent découverts deux anciennes sculptures lors des travaux de rénovation. Par ailleurs, la réfection d’un des murs permit la découverte d’une inscription en lettres noires, datant de la Révolution: “Liberté, Égalité, Fraternité”. Au fil des rues de Saint-Dyé, d’autres merveilles historiques se dévoilent, comme le sarcophage de Saint Déodat, l’ermite qui est à l’origine du village au Ve siècle. Il fait également bon admirer les jolies maisons des XVe, XVIe et XVIIe siècles. comme la maison de la Prez ou la maison Fonteneau, ainsi qu’une partie importante des fortifications, à savoir six tours d’angle circulaires (sur quinze) et les remparts qui défendaient autrefois le bourg.

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Image à la une : Saint-Dyé-sur-Loire © Aurélien Charron