A la Une
Riches d’un incroyable patrimoine architectural, marqué par la vie et le travail d’un illustre artiste ou façonné par des siècles d’Histoire, chaque ville et village de France a toujours une histoire à raconter. Certains sortent également du lot sur un aspect bien particulier : leur nom. Si certains prêtent à sourire, il existe une commune dans le Loir-et-Cher dont l’orthographe sort assurément du lot… et qui mérite donc de creuser un peu pour en comprendre le sens et la portée.
Un village célèbre pour ses habitations hors du commun
Pas de panique, il n’y a pas de piège, on peut tout simplement dire “Tro”. L’interprétation la plus courante de ce nom si particulier est “trou”, une allusion aux cavernes qui creusent la colline et le mot “Trôo” en serait ainsi l’orthographe anglaise ou angevine ancienne. Une explication qui vient surtout confirmer que le village tire son nom de son impressionnant patrimoine troglodytique. Au cœur des roches de calcaire, les habitations troglodytiques de Trôo se déploient en terrasses étagées sur trois niveaux reliés par 8 escaliers dans le village. Des demeures où il est même possible de passer la nuit, pour rendre l’expérience encore plus authentique et unique. Pour en savoir plus sur l’histoire de cette cité et ses habitations pas comme les autres, direction la Cave Yuccas, l’écomusée troglodytique. Véritable fenêtre ouverte sur l’histoire et le mode de vie unique de ses anciens habitants, ce musée se situe dans l’une des nombreuses grottes du village et offre des expositions fascinantes sur l’architecture troglodytique et la culture locale. S’immerger dans la riche histoire de Trôo, c’est également au menu de la Cave du Vigneron, un lieu convivial où l’on peut manger “sur le pouce”, que ce soit l’heure du déjeuner ou du goûter. Surtout, cette brasserie et salon de thé est un rappel de la présence de vignes dans ce village troglodytique. Trôo était un vignoble très réputé, mais, dans les années 60, le village a perdu ses dernières vignes. Il a fallu attendre l’année 2013 pour qu’un néo-vigneron, Benoît Savigny, décide de rendre à Trôo son patrimoine viticole en y plantant de nouveau des vignes.
À la découverte de grottes et de sites religieux majeurs
Ici, pas de centre-ville ni de petites rues pavées : lors de la balade, on trouve plutôt sentiers, escaliers, grottes et terrasses étagées. Lors de la déambulation dans le village, impossible de ne pas s’arrêter devant le Puits qui parle, datant du XIe siècle et profond de 45 mètres. Un site majeur du patrimoine de la cité, dont on raconte que l’on peut entendre quelques légendes locales… à condition de tendre l’oreille. Un peu plus bas, c’est un autre site emblématique qui se dresse : la Grotte Pétrifiante. Malgré son nom peu réjouissant, le plus ancien site touristique du village permet de découvrir le magnifique travail de l’eau sur le tuffeau depuis 300 ans, d’observer les stalactites et d’admirer les vestiges de l’ancienne chapelle Saint-Gabriel et sa vasque pétrifiée. Riche de sept monuments classés au titre des monuments historiques, c’est aussi à Trôo que l’on peut découvrir la majestueuse collégiale Saint-Martin, un édifice en croix latine devenu un témoignage de la foi et de l’architecture de l’époque ou la maladrerie Sainte-Catherine, lieu d’attache de nombreux pèlerins au XVIIIe siècle. Sans oublier les nombreux ateliers d’artistes qui se cachent dans le village ou encore le paysage fascinant de la vallée du Loir depuis le haut de la butte et la table d’orientation.
Une terre de détente très prisée, au XIXe siècle comme aujourd’hui
Si les heures de gloire de Trôo appartiennent au passé et que les enjeux politiques ou religieux n’influencent plus la cité, malgré l’émergence de l’industrie de la serge et du coton au XVIIIe siècle, qui apporte un regain économique et façonne l’identité du village à travers les métiers du textile, le village a su conserver un charme certain. Riche de nombreuses animations tout au long de l’année, comme la nuit des lumières ou le marché gourmand, la commune du Loir-et-Cher est également connue pour son salon des métiers d’art et des artistes, comme un clin d’œil au passé pas seulement historique mais aussi artistique de la cité. À la fin du XIXe siècle, des intellectuels parisiens choisissent Trôo comme terre de détente, à l’image du journaliste Auguste Arnault, qui accueille dans sa résidence secondaire ses amis Anatole France et le sculpteur Antoine Bourdelle. Par amitié pour Arnault et par tendresse pour le village, c’est ce dernier qui conçoit le Monuments aux morts de la Première Guerre mondiale. Durant la réalisation, ce dernier ne manque pas d’exprimer son enthousiasme pour le village et “ses anciens sentiers bordés de pommes et de lourds paniers de raisin”. Une vision idyllique de la vie dans le Loir-et-Cher, dont Trôo est assurément l’un des plus charmants, et atypiques, représentants.
À lire également : Cette cité reconnue comme la porte d’entrée des Châteaux de la Loire attira François Ier, D’Artagnan ou encore Molière !
Image à la une : Trôo © Vendôme Tourisme
