fbpx

Une exposition fait dialoguer artistes modernes et contemporains dans un atelier historique de Montparnasse

Cité Falguière - © L'AiR Arts

« Le Soleil des morts », c’est le titre très symbolique de l’exposition présentée gratuitement jusqu’au 18 octobre 2024 dans l’Atelier 11 de la Cité Falguière, qui a abrité autrefois Amedeo Modigliani et Chaïm Soutine. En créant un dialogue entre l’École de Paris et l’art contemporain, les commissaires Margaux Knight et Eladio Aguilera questionnent les liens entre passé et présent à travers les œuvres d’une quarantaine d’artistes, dont Marc Chagall, Marie Laurencin, Jean Cocteau, Maria Szakats ou Théo Mercier.

Mémoire de la Cité Falguière

C’est une impasse située derrière la gare Montparnasse, l’une de ces villas autrefois peuplées d’ateliers en bois éclairés par de grandes verrières, à l’instar de l’impasse Ronsin ou de la villa Marie-Vassilieff. Construite dans les années 1870, la Cité Falguière regroupait des centaines d’artistes français et internationaux, transformant le quartier en un lieu d’effervescence créatrice.

L'arrière cour de la Cité Falguière - © L'AiR Arts
L’arrière-cour de la Cité Falguière – © L’AiR Arts

Malheureusement, du lot d’ateliers de la Cité Falguière, il n’en reste plus qu’un seul : l’Atelier 11, qui a abrité Amedeo Modigliani et Chaïm Soutine au début du XXe siècle. Malgré l’importance historique de ce lieu, l’architecture s’est dégradée au fil du temps, menant de nombreux artistes à lever la voix durant une soixantaine d’années avant d’être entendus en 2022. Reconnu « Patrimoine d’intérêt régional », l’Atelier 11 a reçu plusieurs subventions lui permettant désormais de vivre comme un espace d’exposition et une résidence d’artistes.

Habiter le lieu et ses fantômes

Avec l’exposition « Le Soleil des morts », les commissaires Margaux Knight et Eladio Aguilera investissent ce lieu chargé d’histoire en faisant dialoguer son passé et son présent. Les œuvres d’une quarantaine d’artistes modernes et contemporains habitent l’espace à leur manière : un meuble de Marion Chaillou occupe le plancher tacheté de pigments, des toiles et des dessins parsèment les murs défraichis, quelques sculptures sont suspendues le long de la verrière, et invitent le regard à se lever vers la mezzanine.

Vue de l'exposition - © Romane Fraysse
Vue de l’exposition – © Romane Fraysse

Plusieurs objets renvoient aussi à l’histoire du lieu, et plus largement, de l’École de Paris. Une monographie de Soutine, qui a inspiré le titre de l’exposition, a été trouvée entre ces murs par les commissaires, au même titre qu’un fragment de l’église voisine ou des troncs d’arbre anciens côtoyant les œuvres. En faisant le pont entre plusieurs époques, le parcours questionne ainsi la mémoire des objets et la manière dont le corps du visiteur interagit avec eux.

Dialogues entre disparus et vivants

Il est donc ici question d’un dialogue : entre artistes disparus et artistes vivants, entre l’immortalité du soleil et la mortalité des hommes, entre la glorification des anciens et la négligence des contemporains. L’accrochage dynamique des œuvres joue alors sur les correspondances, mêlant Jean Cocteau, Chana Orloff ou Marc Chagall avec Chechu Álava, Melody Lu ou Claude De Soria, qui sont pour la plupart liés à l’histoire du quartier de Montparnasse.

Vue de l'exposition - © Zoé Chiara
Vue de l’exposition – © Zoé Chiara

L’histoire, récit en réinvention

À travers cette exposition, les commissaires ont fait le choix de réécrire l’histoire de l’art moderne et de déconstruire certains mythes. En premier lieu, mettre en lumière les artistes femmes du XXe siècle aux côtés des grands noms masculins : on découvre ainsi une affiche de Marie Vassilieff, un éventail de Marie Laurencin, ou une toile grand format de Valentine Prax, épouse encore trop méconnue d’Ossip Zadkine. Des réflexions sont aussi menées sur l’antisémitisme de cette époque, éclairé à travers plusieurs ouvrages listant les œuvres spoliées par les nazis.

Vue de l'exposition - © Zoé Chiara
Vue de l’exposition – © Zoé Chiara

En rendant un vibrant hommage rendu aux artistes, cette exposition mène une réflexion émouvante sur la mémoire, l’histoire et ses légendes, dans un lieu qui n’a pas perdu son âme.

Romane Fraysse

Le Soleil des morts
Atelier 11
11 Cité Falguière, 75015 Paris
Jusqu’au 18 octobre 2024
Gratuit, sur inscription

À lire également : L’impasse Ronsin, un siècle de création au cœur de Montparnasse

Image à la une : Atelier 11, Cité Falguière – © L’AiR Arts

Les prochaines visites guidées



Voir toutes nos activités