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Au musée Yves Saint Laurent, les fleurs éclosent dans les créations du couturier

Robe du soir portée par Pattie Boyd, Collection haute couture automne-hiver 1969. Photographie de David Bailey parue dans Vogue (Grande-Bretagne), détail.

« Une odeur fine et suave d’héliotrope s’exhalait d’un petit carré de fèves en fleurs » : Proust, dans sa Recherche, évoque à bien des reprises la sensualité et le lyrisme des fleurs. Cet imaginaire floral, qui a inspiré bon nombre d’artistes, est mis en dialogue avec les créations d’Yves Saint Laurent dans une exposition présentée jusqu’au 5 janvier 2025 au musée Yves Saint Laurent de Paris. À travers une élégante scénographie se dévoile ainsi un mélange de dessins, vêtements, photographies, toiles et extraits littéraires.

Les fleurs sur papier

L’exposition s’ouvre dans le bel hôtel particulier qui abrite le musée Yves Saint Laurent, avec sa moquette zébrée, son lustre flamboyant et son miroir doré… C’est dans cette première salle que sont présentés certains de ses premiers croquis sur papier réalisés pour le compte du baron Alexis de Rédé. Le 23 juin 1957, ce dernier organise en effet un « Bal des têtes » dans l’hôtel Lambert situé sur l’île Saint-Louis, où « les invités étaient priés de venir en s’étant composé une tête spéciale ».

Croquis de coiffes et d’éléments de décors réalisé pour le Bal des Têtes, donné par le baron Alexis de Rédé à l'Hôtel Lambert à Paris, le 23 juin 1957, Gouache et encre sur papier, 50 x 65 cm © Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent
Croquis de coiffes et d’éléments de décors réalisé pour le Bal des Têtes, donné par le baron Alexis de Rédé à l’Hôtel Lambert à Paris, le 23 juin 1957, Gouache et encre sur papier, 50 x 65 cm. © Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent

Pour l’occasion, l’organisatrice Lilia Ralli fait appel à Yves Saint Laurent, alors assistant de Christian Dior. Plusieurs gouaches exposées dévoilent ses études de coiffes exubérantes, serties de plumes et de fleurs. À côté d’une biographie du couturier, des photographies et croquis mettent en lumière d’autres projets autour des fleurs, dont le fameuse Truc en plumes de Zizi Jeanmaire, tout d’abord baptisé Truc en palmiers.

Un jardin littéraire

En traversant le hall, on se dirige ensuite vers la deuxième salle, illuminée par l’exposition de plusieurs robes couvertes de fleurs. Leurs tissus sont ainsi ornés de broderies florales aux couleurs vives et printanières, évoquant la joie et la vitalité. Là aussi, une série de gouaches présentent différentes créations sur des silhouettes dynamiques.

Robe du soir portée par Inga Savits Collection haute couture printemps-été 1996 © Yves Saint Laurent © Droits réservés
Robe du soir portée par Inga Savits, Collection haute couture printemps-été 1996 – © Yves Saint Laurent © Droits réservés

La scénographie très élégante de Claudia Huidobro met en dialogue les créations textiles avec des passages de la Recherche du temps perdu de Marcel Proust, qui a tant ému Yves Saint Laurent. Plusieurs panneaux affichent des extraits dans lesquels le romancier s’attarde, dans de longues descriptions, à saisir l’émerveillement ressenti face aux toilettes fleuries des femmes. Ces escales littéraires, sensibles et exaltantes, enrichissent avec splendeur la visite.

De Dior aux podiums

Une salle entière est ensuite consacrée aux premiers pas d’Yves Saint Laurent, au sein des ateliers de Christian Dior. C’est à cette époque que le couturier commence à s’intéresser au monde floral, et à s’en inspirer pour créer des vêtements. Les fleurs deviennent alors des motifs et des parures constants, qui se retrouvent même dans le nom d’YSL, anagramme de « LYS ».

Robe de mariée portée par Laetitia Casta Collection haute couture printemps-été 1999 Photographie de Guy Marineau © Yves Saint Laurent © Guy Marineau
Robe de mariée portée par Laetitia Casta. Collection haute couture printemps-été 1999. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent © Guy Marineau

Le parcours présente ainsi une série de pièces réalisées par le couturier. Dès 1958, Saint Laurent rend hommage à son mentor Dior par la création de chapeaux ornés de brins de muguet, symbole fort de la maison, qui sera également choisi pour garnir une blouse en organdi dans sa dernière collection en 2001. En 1990, il conçoit également une collection composée de robes en taffetas de style Louis XV, dont les décolletés et les jupes bouffantes sont décorés d’iris et de roses. Et bien sûr, l’exposition met en lumière la robe de mariée parée de roses portée par Laeticia Casta au défilé de 1999.

L’art des fleurs

En plus d’une scénographie élégante et sobre, le parcours a le mérite de ne pas s’enfermer dans la création de mode pour s’intéresser à d’autres formes d’arts, qui ont influencé Yves Saint Laurent au cours de sa vie. Le couturier s’est régulièrement inspiré d’Henri Matisse et de ses collages pour réaliser des patchworks, ou des paysages ensoleillés de Pierre Bonnard dans ses ensembles en organdi.

Yves Saint Laurent pendant la préparation de sa première collection, 11 rue Jean-Goujon, Paris, décembre 1961 Photographie de Pierre Boulat © Pierre Boulat
Yves Saint Laurent pendant la préparation de sa première collection, 11 rue Jean-Goujon, Paris, décembre 1961. Photographie de Pierre Boulat. © Pierre Boulat

Pour rendre hommage à ce dialogue constant entre arts plastiques et créations textiles, l’exposition dévoile l’œuvre Serpentine, Lakeshore, Overnight de Sam Falls, réalisée en 2023 à partir de fleurs cueillies dans la campagne et les jardins du sud de la France. En face de l’immense toile trônent quinze robes du couturier et plusieurs extraits de la Recherche de Proust. Ainsi, à travers pas moins de cinq salles, on se laisse attendrir par cet univers qui touche avec finesse toute la sensualité et la symbolique des fleurs évoquées dans les arts depuis la nuit des temps.

Romane Fraysse

Les Fleurs d’Yves Saint Laurent
Musée Yves Saint Laurent Paris
5 avenue Marceau, 75116 Paris
Jusqu’au 5 janvier 2025

À lire également : Voici 12 expositions parisiennes qui nous attendent à la rentrée 2024 

Image à la une : Robe du soir portée par Pattie Boyd. Collection haute couture automne-hiver 1969. Photographie de David Bailey, parue dans Vogue (Grande-Bretagne). © Yves Saint Laurent © David Bailey

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