Delacroix, Bonnard, Matisse… Les Beaux-Arts exposent les souvenirs de jeunesse de leurs anciens élèves

Les Beaux-Arts de Paris ont vu une myriade d’artistes défiler sur leurs bancs. Bien sûr, Jacques-Louis David, Ingres, Eugène Delacroix, mais aussi Paul Cézanne, Auguste Rodin, Henri Matisse ou Gina Pane. À travers plus de 260 œuvres allant des années 1780 à 1980, l’exposition dévoile jusqu’au 12 janvier 2025 un savant mélange d’élèves, classiques, modernes ou contemporains, dans un parcours qui toutefois ne parvient pas à donner vie au lieu dont il parle, celui-là même où nous nous trouvons.

Aux Beaux-Arts, un savant mélange

Avec l’avènement de l’art moderne, les Beaux-Arts de Paris n’ont plus la renommée d’autrefois. Boudés par les avant-gardes, les bancs de la célèbre école de la rue Bonaparte ont pourtant accueilli tout un panel d’artistes, des plus académiques aux plus rebelles.

Thomas Couture, La mélancolie, 1835 Huile sur toile, 55 x 46 cm, Paris © Beaux-Arts de Paris

En balayant une période allant des années 1780 à 1980, l’exposition présente ainsi les œuvres de jeunesse de Jacques-Louis David, Pierre Bonnard, Rose Valland, Henri Matisse, Ellsworth Kelly ou Gina Pane, et met en lumière le savant mélange des femmes et des hommes, des Français et des étrangers, des classiques et des modernes, pour esquisser une histoire bien plus complexe de cette école.

Hélène Delprat, Autoportrait, 1976 Acrylique sur toile © Courtesy Hélène Delprat et Galerie Christophe Gaillard © Rebecca Fanuele

L’art et ses épreuves

Le parcours chronologique démarre au premier étage, consacré aux artistes des XIXe siècle et début du XXe siècle, d’Ingres ou Géricault à Degas, Rodin ou Denis. Un étage forcément très masculin, lorsque l’on sait que les femmes ne sont acceptées à l’école qu’en 1897. En présentant des œuvres de jeunesse, on découvre tout autant l’exigence de l’enseignement et de ses examens – justesse d’une expression, connaissance précise de l’anatomie –, ainsi que la vie des élèves, par le biais d’un carnet de dessins de Vuillard ou d’un document d’admission de Delacroix.

Henri Matisse, Nu debout, 1892 Fusain sur papier © Succession Henri Matisse

Des voix contestataires

L’histoire se poursuit au rez-de-chaussée avec un panel d’artistes du XXe siècle : et les choses se bousculent d’emblée en évoquant le fossé qui se creuse entre les adeptes du classicisme et ceux de l’avant-garde. Un amusant film d’archives montre une déambulation d’élèves de l’école, revendiquant haut et fort la « mort du futurisme ».

Gina Pane, Carnet « lavis-aquarelle », 1963 © Gina Pane, ADAGP, Paris, 2024 © Photo. Archives Mennour Courtesy Anne Marchand and Mennour, Paris

Mais l’exposition tient à montrer que tous n’étaient pas réfractaires, et certains comme Edmée Larnaudie, Maurice Calka ou Gina Pane ont su imposer un style bien à eux. Les quelques affiches réalisées par l’Atelier populaire de l’Ex-école des Beaux-Arts durant Mai-68 rappellent aussi un épisode politique qui a marqué la rue Bonaparte.

Sur l’école dans l’école

En présentant 250 peintures, sculptures, médailles et dessins, mais aussi des documents d’archives et quelques œuvres contemporaines d’élèves des Beaux-Arts de Paris, cette exposition parvient donc à casser l’image poussiéreuse qui peut coller à la peau de l’institution. Cela dit, le parcours aurait gagné en clarté par une approche plus thématique, qui aurait mis davantage en lumière l’effervescence de ces années de création et l’esprit singulier de ce lieu historique, celui-là même dans lequel nous nous trouvons.