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Entre poèmes, images et collages, le musée de Montmartre met Jacques Prévert à l’honneur

Giacomo Pozzi Bellini, Jacques Prévert devant son bureau, Cité Véron, vers 1960, collection Eugénie Bachelot Prévert, © Droits réservés, ph. © Archives privées

Esprit libre à l’humour sans pareil, Jacques Prévert a vogué dans un flot d’images mêlant cadavres exquis surréalistes, scénarios illustrés pour Marcel Carné, livres d’artistes avec Picasso, Miro ou Calder, jusqu’à ses propres collages satiriques. Jusqu’au 16 février 2025, le musée de Montmartre met à l’honneur le poète des Paroles au fil de ses associations d’images et de textes émancipées de tout cadre rationnel.

Premiers pas surréalistes

Si Jacques Prévert est exposé à Montmartre, c’est sur l’autre mont, à Montparnasse, que le jeune poète a fait son entrée dans les cercles artistiques de la capitale. Après une enfance marquée par le catholicisme de son grand-père « Auguste le Sévère », celui-ci s’émancipe de toute forme d’autorité en aménageant avec ses amis Yves Tanguy et Marcel Duhamel dans une maison de la rue du Château (14e).

Yves Tanguy, Le Testament de Jacques Prévert (La Rue du Château), 1925, huile, graphite et grattage sur panneau monté sur panneau marqueté, Suisse, collection particulière, © 2024, Estate of Yves Tanguy _ Adagp, Paris, 2024, p
Yves Tanguy, Le Testament de Jacques Prévert (La Rue du Château), 1925, huile, graphite et grattage sur panneau monté sur panneau marqueté, Suisse, collection particulière, © 2024, Estate of Yves Tanguy, Adagp, Paris, 2024, p

L’adresse devient rapidement le lieu de retrouvaille de toute une bande d’amis, dont Raymond Queneau ou André Breton, qui vont créer ensemble de nouvelles formes sans cadre rationnel : ce que l’on nomme le surréalisme. L’exposition dévoile plusieurs photographies de ces amitiés joyeuses, le jeu du cadavre exquis inventé dans cette maison, la toile du Testament de Prévert peinte par Tanguy sur la porte de la chambre du poète, ainsi que le pamphlet Mort d’un monsieur de Prévert signant sa rupture avec Breton.

Entre théâtre et cinéma

Si les premiers espaces de l’exposition se concentrent davantage sur la vie de Jacques Prévert, celle-ci évoque ensuite plusieurs de ses collaborations pour le théâtre et le cinéma. Ses écrits pour le groupe Octobre tout d’abord, une troupe d’agit-prop qui joue dans les usines ou les bistrots, à l’heure où Hitler arrive au pouvoir. Côté films, on est ravis de découvrir un ensemble de scénarios richement illustrés par ses soins pour Les Visiteurs du soir ou Les Enfants du paradis.

Jacques Prévert, Scénario illustré pour Les Enfants du paradis, film de Marcel Carné, 1943, crayons de couleur, encre, collection La Cinémathèque française, © Fatras - Succession Jacques Prévert _ Adagp, Paris, 2024 / Archives privées
Jacques Prévert, Scénario illustré pour Les Enfants du paradis, film de Marcel Carné, 1943, crayons de couleur, encre, collection La Cinémathèque française, © Fatras – Succession Jacques Prévert, Adagp, Paris, 2024 / Archives privées

Dialogues artistiques

Amitiés et admirations mèneront Jacques Prévert à créer de nombreuses passerelles entre ses écrits et les œuvres des plasticiens de son époque. Pablo Picasso, dont il était très proche, s’est vu consacrer deux livres, Portrait de Picasso et Diurnes, qu’il a illustrés de découpages. Avec Joan Miró, Prévert conçoit aussi deux livres superbement illustrés, Joan Miró et Adonides, dont plusieurs planches sont exposées. À côté de ceux-là, d’autres collaborations sont dévoilées avec Alexander Calder, Georges Braque et Marc Chagall.

Joan Miro et Jacques Prévert, Adonides - © Romane Fraysse
Joan Miro et Jacques Prévert, Adonides, 1975 – © Romane Fraysse

Une fabrique d’images

L’exposition, comme l’annonce son affiche, est aussi l’occasion de découvrir les nombreux collages réalisés par Jacques Prévert. On retrouve aisément ses racines surréalistes dans ces libres associations d’idées, remplies d’humour et d’anticléricalisme. À l’aide d’images chinées chez les bouquinistes et les marchands de la rue Dauphine, il compose des univers poétiques et satiriques qui font écho à ses écrits.

Jacques Prévert, Le Désert de Retz, avant 1963, collage réalisé à partir d’une photographie argentique d’Izis, collection Eugénie Bachelot Prévert, © Fatras - Succession Jacques Prévert _ Adagp, Paris, 2024, ph. © Stéphane Pon
Jacques Prévert, Le Désert de Retz, avant 1963, collage réalisé à partir d’une photographie argentique d’Izis, collection Eugénie Bachelot Prévert, © Fatras – Succession Jacques Prévert, Adagp, Paris, 2024, ph. © Stéphane Pon

Romane Fraysse

Jacques Prévert, rêveur d’images
Musée de Montmartre
12 rue Cortot, 75018 Paris
Jusqu’au 16 février 2025

À lire également : Du tentateur à l’artiste, le fou dévoile ses multiples visages au musée du Louvre

Image à la une : Giacomo Pozzi Bellini, Jacques Prévert devant son bureau, Cité Véron, vers 1960, collection Eugénie Bachelot Prévert, © Droits réservés, ph. © Archives privées

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