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Le street-art s’invite au Musée de la Chasse de la Nature !

Par Lisa B

Ecureuil, cerf, faucon, renard… Un véritable bestiaire de papier, peinture, carton, et même de plastique, s’est donné rendez-vous au Musée de la Chasse et de la Nature pour une exposition exceptionnelle. Réalisées par des street-artistes internationaux, ces œuvres créées à même les murs viendront jouer avec les collections permanentes du musée et nous interroger sur notre relation avec le monde animal. 

Les animaux dans la ville

Par une fenêtre sur rue du premier étage de l’hôtel de Guénégaud, un écureuil accueille chat et souris avec une solidarité inattendue. Un peu plus loin, une biche entre par effraction dans l’enceinte du musée… Vous ne rêvez pas, jusqu’au 11 septembre 2022, le Musée de la Chasse et de la Nature nous propose de partir à la rencontre d’un drôle de bestiaire dans la ville ! Une quinzaine de street-artistes internationaux ont investi les salles du musée pour réaliser des œuvres qui interrogent notre cohabitation avec un monde animal perturbé. 

Le retour de la faune, Ruben Carrasco, 2022. Crédit : Musée de la Chasse et de la Nature – David Bordes

Baptisée Incursions sauvages, l’exposition s’inscrit dans une thématique d’actualité. “Le projet est né de l’observation, pendant le confinement, de la porosité des frontières entre la nature et la ville, et les incursions d’animaux sauvages en ville. En Occident, sangliers, cerfs et chevreuils pénétraient dans nos cités. En Inde, il y eut des félins, et des éléphants en Chine… La confrontation est de plus en plus régulière et ce qui semblait à nos yeux incongru est devenu commun” commente Cyrille Gouyette, co-commissaire d’Incursions sauvages. Ainsi, à travers cette exposition collaborative, les artistes ont cherché à pointer du doigt les préoccupations de nos sociétés contemporaines, autour de la sauvegarde de l’espèce animale et à sa cohabitation avec l’Homme. 

Exodus, ils arrivent… Nadège Dauvergne, 2022. Crédit : Musée de la Chasse et de la Nature – David Bordes.

Le genre du bestiaire, source d’inspiration inépuisable pour les artistes, est également traité d’un point de vue iconographique. Nombreux sont ceux qui, dans des techniques et des registres divers et variés, convoquent les animaux dans la ville pour y « réintroduire» de la nature. “Dans ce contexte, le street art semble aussi une métaphore des animaux sauvages qui pénètrent dans une ville bien policée. Le street art – art pariétal d’extérieur – entre à l’intérieur du Musée à l’occasion de cette exposition. Non par effraction, mais en tant qu’invité” précise Cyrille Gouyette. 

Deux expositions, deux lieux de découvertes

Incursions sauvages est organisée en diptyque avec l’exposition Plongées en eaux troubles au Centre d’art urbain, Fluctuart. Cette exposition en miroir interroge cette fois l’intrusion de l’Homme dans l’écosystème de la Seine, bouleversant à son tour ses occupants. Certains artistes sont communs aux deux expositions, à l’instar de Nadège Dauvergne, Scaf, Andrea Ravo Mattoni, et WAR !. D’autres, plus spécialisés dans la faune aquatique, sont venus spécialement pour Fluctuart : Olivia de Bona, qui représente des sirènes, Loraine Motti avec son emblématique flore aquatique, et Ardif, qui a composé Poissons hybrides, mi-organique mi-machine.
Sur les deux sites, c’est donc un large panorama de la scène street art qui se dévoile dans la diversité de ses techniques (spray, pochoir, collage ou installation) et de ses styles (graphique, fantastique ou hyperréaliste). C’est une rare opportunité de suivre la trace, puis de s’immerger dans la faune de cet art !

Exposition Incursions Sauvages, salle d’exposition. Crédit : Musée de la Chasse et de la Nature – David Bordes

Tout au long du parcours, les œuvres éphémères, réalisées à même les murs, dialoguent avec les collections permanentes du Musée de la Chasse et de la Nature. Sitôt entré dans la salle d’exposition du Musée, s’offre le spectacle saisissant d’une cavalcade sauvage, les bruits de la ville se mêlant aux cris des animaux. La horde d’animaux peints à grands coups de brosses par l’artiste WAR !, fait s’envoler l’épervier de Jussi TwoSeven. En prenant l’escalier qui mène au premier étage, le visiteur rencontre soudain les mammifères de Nadège Dauvergne : putois, renards et marcassins sont les nouveaux réfugiés climatiques collés sur les murs du palier. Au premier étage, un sanglier et un cerf évoluent dans leur nouveau cadre urbain de carton, tandis que ses blaireaux surgissent au détour des salles. Dans l’antichambre, une scène de chasse onirique est transposée en ville. Tel un passe-murailles, un renard, né sous le pinceau de Ruben Carrasco, jaillit du mur.  

Le musée de la Chasse, une fenêtre sur la nature en plein Paris

Le musée de la Chasse et de la Nature est inauguré par André Malraux le 21 février 1967. Situé initialement dans le superbe hôtel Guénégaud, bâtiment construit au XVIIème siècle par François Mansart, il est étendu en 2007 à l’hôtel de Mongelas.
Le musée expose le rapport de lʼHomme à l’animal, de l’Antiquité à nos jours, et s’appuie sur les collections exceptionnelles d’art ancien, moderne et contemporain réunies par les fondateurs et sans cesse augmentées depuis près d’un demi-siècle. Musée privé, il bénéficie de l’appellation “Musée de France” octroyée par le ministère de la Culture. Fermé pour travaux d’agrandissement depuis le 1er juillet 2019, le Musée de la Chasse et de la Nature a rouvert ses portes le 3 juillet 2021 avec un parcours augmenté d’un étage composé de six nouvelles salles traversant les deux hôtels de Guénégaud et de Mongelas. Avec 250 m² supplémentaires, il offre aux visiteurs un meilleur confort de visite, une collection déployée dans un nouvel accrochage, de nouveaux espaces pour les expositions temporaires. Le rez-de-chaussée comprend désormais un accueil plus spacieux et de nouveaux espaces dont une librairie-boutique. 

Faucon crécelle, Bordalo II, 2022. Crédit : Musée de la Chasse et de la Nature – David Bordes.

À travers de nombreuses œuvres d’art (peintures, dessins, sculptures, tapisseries, céramiques, meubles, installations, photographies, vidéos…), armes et autres trophées, les collections permanentes sont présentées dans une muséographie originale associant les œuvres à des animaux naturalisés et à des éléments d’interprétation. Conçu comme un belvédère ouvrant sur l’espace sauvage, le Musée permet d’appréhender l’animal dans son environnement, même en plein Paris ! 

Musée de la Chasse et de la Nature 
62 rue des Archives, 75003 Paris
Métros : Hôtel de Ville (ligne 1), Rambuteau (ligne 11), Arts et Métiers (ligne 3, 11)
Ouvert du mardi au dimanche de 11H00 à 18H00.
Nocturnes les mercredis jusqu’à 21h30.