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Au tournant du XXe siècle, nombre d’artistes, en grande partie immigrés, quittent la butte de Montmartre pour s’installer à Montparnasse. Parmi ces “Montparnos” se trouve Amedeo Modigliani, parti d’Italie pour s’installer à Paris en 1906, et suivi l’année suivante par le sculpteur d’origine biélorusse Ossip Zadkine. Jusqu’au 30 mars 2025, le musée Zadkine tente de retracer une amitié, dévoilant davantage l’admiration réciproque de deux artistes qui ne cessent de s’influencer.
Deux Montparnos
“Une amitié interrompue”, c’est le sous-titre de la nouvelle exposition du musée Zadkine. En effet, Amedeo Modigliani et Ossip Zadkine faisaient partie des “Montparnos“, ces artistes, pour la plupart immigrés, qui vivaient dans le quartier de Montparnasse au début du XXe siècle. S’ils gardent une admiration mutuelle qui se devine dans leurs influences, leur amitié semble fragile et ne survit pas aux bouleversements de l’époque.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le premier renonce à la sculpture et commence à vendre ses toiles avec le soutien de ses marchands Paul Guillaume et Léopold Zborowski, tandis que Zadkine revient des tranchées sans avoir pu se faire connaître. Les deux artistes n’ont alors plus la même complicité, si bien que Zadkine ne participera pas aux funérailles de Modigliani, en 1920. Certaines lettres inédites exposées dans le parcours présentent toutefois l’admiration que le sculpteur continue de porter au peintre disparu.
Une influence mutuelle
Dès la première salle, l’exposition met en lumière les échos qui se créent entre les oeuvres de Modigliani et de Zadkine. Leur influence mutuelle est alors évidente, au point d’hésiter à identifier lequel des deux est à l’origine de certaines des oeuvres présentées. On retrouve une fascination pour l’art primitif et ses longs visages aux yeux en losange : une ressemblance qui s’observe dans la Femme au ruban de velours (1915) de Modigliani et la Tête de femme de Zadkine (1924). Un physique proche des masques africains qui se retrouve dans le portrait du sculpteur fait par le peintre peu de temps après leur rencontre, en 1913.
Amitié ou admiration ?
Si l’exposition annonce s’intéresser à l'”amitié interrompue” des deux artistes, elle semble retracer avec peine leur complicité. En revanche, celle-ci donne davantage à voir des influences mutuelles, des thématiques similaires liées à l’Antiquité et aux arts africains, ainsi que des “affinités électives” vues à travers leurs fréquentations des mêmes lieux et des mêmes cercles artistiques, à l’instar de Chaïm Soutine dont on observe le portrait peint par Modigliani. Les deux hommes semblent donc en premier lieu admiratifs de la recherche artistique menée par l’un et par l’autre.
Romane Fraysse
Modigliani/Zadkine. Une amitié interrompue
Musée Zadkine
100 bis rue d’Assas, 75006 Paris
Jusqu’au 30 mars 2025
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Image à la une : Amedeo Modigliani (1886-1920), Cariatide, vers 1913-1914, Graphite, lavis d’encre et pastel sur papier Paris, musée d’Art moderne
