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Sœur Corita Kent : quand le Pop Art croise le catholicisme au collège des Bernardins 

Corita in studio, c. 1965. Image courtesy of the Corita Art Center, Los Angeles, corita.org

Jusqu’au 21 décembre 2024, le collège des Bernardins consacre une exposition à Corita Kent, artiste américaine méconnue en France, dont la vie est un curieux mélange à la trajectoire pourtant cohérente. À la fois sœur catholique, éducatrice et militante humaniste, elle se lance dès les années 1950 dans la sérigraphie pour transmettre ses convictions religieuses. En reprenant des images et slogans de la culture populaire, celle-ci s’impose progressivement comme une figure du Pop Art, au grand dam de l’Église.

Corita Kent, sœur et artiste

Le nom, pourtant atypique, de Corita Kent n’a visiblement pas traversé les frontières. Cette Américaine, née en 1918 dans l’Iowa, entre dans l’ordre religieux du CÅ“ur Immaculé de Marie à Hollywood à l’âge de 18 ans, et enseigne l’art quelques années plus tard à l’Immaculate Heart College. Initiée à la sérigraphie dans les années 1950, la sÅ“ur y voit un moyen de transmettre les préceptes de la religion catholique tout en usant de codes contemporains.

Corita at conference, c. 1967. Image courtesy of the Corita Art Center, Los Angeles, corita.org
Corita at conference, c. 1967. Image courtesy of the Corita Art Center, Los Angeles, corita.org

Pour ce faire, elle ne tarde pas à insérer une iconographie publicitaire, des citations littéraires et des versets bibliques. Peu à peu, Kent s’engage pour des causes humanistes, interpelle sur la pauvreté et le racisme, et fait référence à des personnalités engagées, telles qu’Albert Camus ou Henry David Thoreau.

Immaculate Heart College Art Department, c. 1955. Photograph by Fred Swartz. Imagecourtesy of the Corita Art Center, Los Angeles, corita.org
Immaculate Heart College Art Department, c. 1955. Photograph by Fred Swartz. Image
courtesy of the Corita Art Center, Los Angeles, corita.org

Mise en lumière dans plus de 230 expositions, celle-ci continue activement à donner des cours à l’université du CÅ“ur Immaculé, qui sont considérés comme un haut lieu de l’avant-garde par des artistes comme Alfred Hitchcock, John Cage ou Saul Bass. Face aux nombreux conflits avec l’archidiocèse, Kent décide finalement de quitter les ordres religieux pour fonder sa propre communauté en 1970.

Un engagement social

On doit à Corita Kent des milliers de sérigraphies, d’aquarelles et de photographies. En sous-titrant cette exposition « La révolution joyeuse », les commissaires Clara Murawiec et Juliette Oudot ont sélectionné plus de trente Å“uvres originales de l’artiste, des reproductions, des photographies, des diapositives et deux films mettant en lumière son engagement.

Corita Kent, "passion for the possible," 1969, serigraph, 23 x 12 inches © 2024, Corita ArtCenter, corita.org
Corita Kent, “passion for the possible,” 1969, serigraph, 23 x 12 inches © 2024, Corita Art Center, corita.org

Elle détourne des une de magazines et des icônes populaires pour livrer des messages humanistes et universels, tels que « Why not give a damn about your fellow man? » sur une couverture du Time dénonçant le racisme américain. Plusieurs d’entre elles sont ainsi présentées au cours du parcours.

Un Pop Art intellectuel

Fascinée par les sérigraphies des boîtes de Campbell’s Soup d’Andy Warhol, Corita Kent privilégie elle aussi un graphisme minimaliste et coloré. Reconnue comme une figure du Pop Art, celle-ci se différencie par les messages engagés que ses Å“uvres délivrent explicitement : des revendications politiques (« Stop the bombing »), ou des réflexions philosophiques (« Hope arouses as nothing else can arouse a passion for the possible »), accompagnées de citations soigneusement relevées.

Exposition _Corita Kent. La révolution joyeuse » - Collège des Bernardins ©GLMPOLI2024-19
Exposition “Corita Kent. La révolution joyeuse”, Collège des Bernardins – © Guillaume Poli

C’est sûrement en cela que ses oeuvres ont un intérêt, au-delà de la personnalité forte et singulière de cette femme à la fois sÅ“ur et artiste. Sa vocation dans les ordres religieux l’a toutefois écartée des cercles artistiques, et ne lui a pas valu de reconnaissance de la part des autres figures du mouvement.

Romane Fraysse

Corita Kent. La révolution joyeuse
Collège des Bernardins
20 rue de Poissy, 75005 Paris
Jusqu’au 21 décembre 2024

À lire également : Voici 12 expositions parisiennes qui nous attendent à la rentrée 2024 

Image à la une : Corita in studio, c. 1965. Image courtesy of the Corita Art Center, Los Angeles, corita.org

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