
Alors que l’afflux de touristes venus pour les JO déferlera bientôt sur Paris, profitez du calme des salles de cinéma pour vous évader quelques heures. Cette semaine, on a enchaîné les toiles afin de vous faire la meilleure sélection de films à voir…
1. Eat The Night

Eat the Night est incontestablement, pour nous, le meilleur film à l’affiche de la semaine, voire des derniers mois ! Pablo et Apolline évoluent avec fracas dans une ville fantôme qu’ils surplombent et qu’ils fuient dans Darknoon, un jeu vidéo de combat qui va bientôt se terminer et laisser ses joueurs à l’abandon. Le compte à rebours est lancé … Les couleurs sont saturées et éclatantes contrairement à la violence qui, sourde, semble toujours au bord des lèvres des protagonistes jusqu’à ce qu’elle explose et nous déchire l’estomac. Les maisons vides ressemblent à des squats où vivent les serpents et résonnent les orgasmes, brisant une temporalité à la fois lisse et secouée. À l’instar de l’incroyable Bowling Saturn de Patricia Mazuy, l’atmosphère sombre et pesante enferme et enveloppe des personnages qui s’étreignent avec brutalité. Mais si Eat the Night est un objet cinématographique rare, c’est car il allie avec habileté différentes problématiques – le trafic de drogues, les relations fraternelles, les jeux-vidéos et leurs impacts sur la réalité – tout en déployant avec originalité un constat déjà maintes fois ressassé : l’amour, sous toutes ses formes, est la garantie de nos humanités dans une société féroce. Caroline Poggi et Jonathan Vinel ont travaillé avec trois brillants acteurs, magnifiés par de superbes gros plans, qui portent cette vérité et nous touche au passage. Magistral ! A l’occasion de la sortie du film, retrouvez la disposition sur MUBI des précédents films des réalisateurs (Jessica Forever / Tant qu’il nous reste des fusils à pompe / Bébé colère / Il faut regarder le feu ou brûler dedans)
Eat the Night
Réalisé par Caroline Poggi et Jonathan Vinel
Avec Théo Cholbi, Erwan Kepoa Falé et Lila Gueneau
1h 47min | Drame, Thriller
2. Sons

Le cinéaste danois Gustav Möller réalise encore un gros coup après le remarquable The Guilty (2018), huis clos dans un commissariat qui se déroulait entièrement au téléphone. Möller reprend avec habileté les codes du genre pour son nouveau film, Sons, thriller suffocant dans une prison sous haute tension. Ce drame culmine grâce à une écriture fluide et empreinte de justesse et grâce à un fabuleux jeu d’acteur. La star nationale Sidse Babett Knudsen, figure de la série Borgen, excelle dans ce rôle de gardienne de prison confrontée à un dilemme suite à l’arrivée de Mikkel, un prisonnier particulièrement dangereux. Les deux protagonistes effectuent un tango mortel à l’énergie noire et à la superbe intensité dramatique, qui laisse le spectateur à bout de souffle face à la dégringolade morale de la gardienne. Cette dernière symbolisant l’impasse d’un système judiciaire qui travaille à la réinsertion de prisonniers. À découvrir !
Sons
De Gustav Möller
Avec Sidse Babett Knudsen, Sebastian Bull Sarning et Dar Salim
1h 40min | Drame, Thriller
3. Santosh

Santosh, jeune femme de 28 ans, est veuve : son mari a été tué dans les émeutes du pays, dans une région du nord de l’Inde. En raison du programme de “recrutement compassionnel” elle se voit proposer d’hériter du poste de son défunt mari et se fait prendre sous l’aile de la cruelle inspectrice Sharma. Pour son premier film de fiction, Sandhya Suri réalise un portrait incisif du patriarcat indien à travers une enquête réalisée par la protagoniste – interprétée par l’extraordinaire actrice Shahana Goswami – qui doit résoudre avec sa coéquipière une affaire de féminicide dont la victime est une adolescente de caste inférieure. Repérée dans la sélection Un certain regard du dernier Festival de Cannes, Santosh est une Å“uvre complexe qui s’agrippe aux contradictions morales et met en lumière une société frappée par les inégalités entre castes et la corruption. Grandiose.
Santosh
De Sandhya Suri
Avec Shahana Goswami, Sanjay Bishnoi, Sunita Rajwar
2h08 | Thriller
Image de couverture : Eat the Night de Caroline Poggi et Jonathan Vinel