Plus étonnant que cela puisse paraître, nous allons vous raconter une histoire vraie ! Il sera bien question d’un petit dragon parisien qui a eu beaucoup de mal à s’habituer aux grands travaux de Paris. Vous l’avez compris, notre histoire se déroule pendant les travaux d’Haussmann, au XIXème siècle. Mais le dragon, lui, est bien plus vieux que le baron !
La paix dans le 6e
Il est temps de remonter le temps ! Rendons-nous dans un Paris que les moins de 300 ans ne peuvent pas connaître. C’est entre 1730 et 1724 que tout commence. Au niveau de l’actuel 50 rue de Rennes, il y avait la cour du Dragon. Par chance, il reste d’anciennes photographies de ce lieu disparu. À l’époque, on y trouvait de nombreuses échoppes d’artisans de toute sorte : métallurgistes, plombiers et ferrailleurs. C’est d’ailleurs pour cela que sur cette photographie, vous constaterez de nombreuses portes ornées en cours de construction.
Notez aussi qu’aujourd’hui, les rues pavées de Paris sont bien moins nombreuses qu’à l’époque. Si cette cour n’avait pas disparu, elle serait un véritable joyau pittoresque à ne pas manquer. En plus, un dragon la gardait ! En effet, le nom de cette cour vient d’un sublime dragon sculpté qui la surplombait. Ce petit dragon parisien est né en 1732 grâce au sculpteur baroque Paul-Ambroise Slodtz. Ce sculpteur a d’ailleurs l’honneur d’être exposé au Musée du Louvre. Vous pouvez y retrouver La chute d’Icare.
… Mais revenons-en à notre dragon qui coulait des jours heureux dans sa cour, entouré de fiers travailleurs. Tout se passait bien, jusqu’aux travaux d’Haussmann. Vous vous en doutez, la transformation de Paris sous le second empire, donc de 1853 à 1870, a magnifiquement transformé la ville lumière, mais aux prix de nombreux sacrifices.
Malgré la création de la rue de Rennes et du boulevard Saint-Germain, un décret de 1866 annonce que la cour du Dragon peut être conservée. Mais un problème de taille survient : le bâtiment est totalement désaxé par rapport à l’alignement de la toute nouvelle rue !
Un petit dragon parisien
À partir de ce moment-là , le petit dragon parisien avait de quoi avoir peur. Pourtant, la cour du Dragon s’en sort miraculeusement pendant 55 ans ! Malheureusement, le sort de l’unique dragon de Paris était déjà scellé. En 1921, la Commission du Vieux Paris a quand même fait tout son possible pour que la cour du Dragon soit classée aux monuments historiques et ne soit pas détruite.
La bataille pour le petit dragon parisien fera rage, mais ne portera pas ses fruits. En 1925, avant que la procédure de classement ne soit signée, le propriétaire démolit les maisons de la cour. En 1938, la cour du Dragon n’est plus qu’un lointain souvenir et on y trouvera un immeuble aligné aux autres. En souvenir du dragon, on trouve son jumeau au 50 rue de Rennes.
Mais pas d’inquiétudes ! À l’instar de la chute d’Icare, l’œuvre originale de Paul-Ambroise Slodtz est exposée au Musée du Louvre. C’est une fin plutôt satisfaisante pour ce petit dragon parisien, qui a été relogé au cÅ“ur du plus grand musée du monde ! D’ailleurs, toujours dans le VIème, il existe la rue du dragon où un cousin bien plus jeune que notre vieux dragon se pâme fièrement avec ses mosaïques rouges !
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Photo à la une : Dragon dans Paris © AI Canva