Initié très tôt à l’art du textile, Emmanuel Radnitsky devient « Man Ray » en signant pour la première fois un patchwork en 1911. Dès lors, l’artiste américain explore la peinture, l’assemblage d’objets et la photographie, en solitaire ou accompagné de Marcel Duchamp et des surréalistes. Attaché à expérimenter de nouvelles techniques et de nouvelles figurations, l’artiste n’a eu de cesse de jouer sur l’étrangeté et l’émerveillement.
Man Ray, l’invention d’un nom
Man Ray est tout d’abord né « Emmanuel Radnitsky ». C’est le 27 août 1890, à Philadelphie, que le petit « Manny » voit le jour dans une famille juive d’origine russe. Ses parents, tous les deux artisans du textile, décident de déménager à New York, dans le quartier de Brooklyn, lorsqu’il est âgé de sept ans. Avec ses deux sœurs et son frère, le garçon s’initie à la couture dans l’atelier familial. En parallèle, il se forme à l’art dans la Modern School, qui lui inculque des valeurs libertaires, remettant en cause les normes sociales et artistiques au profit d’une expression personnelle.
C’est en 1911 qu’Emmanuel Radnitsky devient « Man Ray ». Le choix d’un nouveau nom de famille s’impose en premier lieu par le contexte profondément antisémite de l’époque : son frère Sam fait alors le choix du diminutif « Ray ». Manny décide quant à lui de s’approprier son surnom, qui devient « Man ». Son nom d’artiste est né.
Premiers jets artistiques
Dès les années 1910, Man Ray fréquente les galeries d’art, en particulier la galerie 291, dirigée par son ami Alfred Stieglitz. Il y découvre la peinture contemporaine, signée par des artistes aussi bien américains qu’européens. Bien décidé à être des leurs, il entre à l’école des Beaux-Arts de New York, mais est vite découragé par ses professeurs. Malgré tout, l’artiste persiste à peindre ses états d’âme loin de l’académisme, s’essaye tout autant aux assemblages d’objets, et crée même un patchwork avec des laines provenant de l’atelier de ses parents. Baptisé Tapestry, celui-ci est pour la première fois signé du nom de Man Ray en 1911.
Duchamp et le surréalisme
Après une rencontre déterminante avec Marcel Duchamp en 1915, les deux artistes commencent à collaborer pour tendre vers un art plus conceptuel. Ainsi, leur photographie commune Élevage de poussière, publiée sans titre dans une revue, sème le doute sur le véritable sujet représenté, et remet alors en question le statut même de l’art. N’étant plus l’expression d’une beauté absolue, l’œuvre devient donc source de questionnement sur notre perception du réel. Arrivé à Paris en 1921, Man Ray poursuit cette recherche aux côtés des surréalistes, par le biais de la photographie, la peinture et le cinéma.
Multiplicité des arts
Man Ray n’a eu de cesse de multiplier les pratiques : d’abord initié à la couture, lancé dans la peinture et dans les ready-made, il expérimente bientôt la photographie et le cinéma. L’artiste gagne sa vie tout d’abord en tant que photographe pour les galeries, puis tente petit à petit de nouvelles prises de vue : il compose des rapprochements incongrus entre les figures, se focalise sur des ombres ou des reflets, privilégie les plans rapprochés, explore la technique de la solarisation. À côté de cela, il s’essaye au film avec quatre courts-métrages qui lui permettent alors de poursuivre ses recherches à travers le mouvement.
Romane Fraysse
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Image à la une : Man Ray, Noire et Blanche, 1926