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Maurice Utrillo, l’éternel amoureux de Montmartre

Par Alexandre M

Quartier atypique de Paris de par son style authentique ou la présence du Sacré-Cœur, Montmartre est un endroit qui a inspiré bon nombre d’artistes, à commencer par les peintres. Il en est même un qui y a vu le jour, un lendemain de Noël… Né le 26 décembre 1883, au n°8 de la rue du Poteau, Maurice Utrillo ne cessera de s’inspirer de Montmartre dans ses créations.

Une vie sous l’influence de sa mère et de Montmartre

Maurice Utrillo est confronté très jeune à la peinture, lui, le fils de Suzanne Valadon, artiste peintre qui fut auparavant le modèle de Toulouse Lautrec, Auguste Renoir ou encore Vincent Van Gogh. C’est en observant tous ces grands noms de la peinture que Suzanne Valadon apprit à manier le pinceau et réalisa ses premières créations, le jeune Maurice Utrillo servant même de modèle pour certaines œuvres de sa mère. Plus tard, le jeune garçon se retrouve éduqué par sa grand-mère et la famille emménage rue Cortot, dans une maison qui accueille aujourd’hui le musée de Montmartre. Une période compliquée pour le jeune homme qui, dans des conditions de vie difficiles, commence à sombrer dans l’alcoolisme et fait même dès 1901 (il a alors tout juste 18 ans) plusieurs séjours à l’asile. Si cela affecte ses études, cette sombre période va paradoxalement réveiller le génie qui sommeille en lui.

Rue du Mont Cenis © John / Flickr

Après un internement de 6 mois à l’hôpital Saint-Anne en 1904, Maurice Utrillo se lance pleinement dans la peinture sur les encouragements du Dr Ettlinger. Ce dernier demande en effet à Suzanne Valadon d’apprendre la peinture à son fils, un domaine où ce dernier se révèle vite doué. Il peint d’abord “Le Chat sans queue” puis “La Guinguette”, avant de réaliser plus régulièrement ses premiers paysages, inspirés par les peintres impressionnistes. C’est le début de sa “période Montmagny”, qui durera jusqu’en 1910. Dans le même temps, il se lie d’amitié avec un autre peintre, André Utter, qui deviendra plus tard le mari de sa mère.

L’année 1910 marque justement un tournant dans la vie et la carrière de Maurice Utrillo. Alors qu’il peint de plus en plus régulièrement, il se fait remarquer par un marchand d’art, Louis Libaude, et participe à sa première exposition publique. Dans ses œuvres, la peinture de Maurice Utrillo évolue avec ce que l’on appellera “la période blanche” : les teintes et les formes blanches sont assez prédominantes. L’artiste a alors recours à des empâtements blancs écrasés au couteau, du blanc de zinc ou même du plâtre que l’on fabrique alors sur la butte Montmartre. Un paysage que l’on retrouve dans la plupart de ses œuvres, comme l’atteste “Rue Lepic, moulin de la Galette” ou “Rue Saint-Rustique, Montmartre sous la neige”.

Rue Saint-Rustique, Montmartre sous la neige © cea + / Flickr

Maurice Utrillo sort de l’ombre de sa mère et quitte Montmartre

1914 marque un nouveau tournant dans la carrière du peintre : s’il parvient à être réformé grâce à sa mère pour ne pas aller combattre pendant la Première Guerre mondiale, sa peinture évolue une fois de plus. Finies les œuvres où le blanc domine, celles-ci sont désormais plus colorées, plus vives et plus gaies. Comment expliquer un tel changement ? Peut-être est-ce dû à tous ces bars et autres endroits festifs que fréquente l’artiste à Montmartre : Le Casse-Croûte, La Belle Gabrielle ou Le Lapin Agile… Les années passent et Utrillo voit sa popularité monter en flèche : son talent enfin reconnu et ses œuvres exposées dans de nombreuses galeries d’art, il se résout à quitter Montmartre en 1921 pour la région lyonnaise. Mais la butte parisienne ne quitte pas les pensées de l’artiste, qui continue de la représenter d’après des cartes postales ou des souvenirs.

Rue Saint-Vincent à Montmartre © Gandalf’s Gallery / Flickr

En 1955, le natif de Montmartre s’éteint du haut de ses 72 ans alors qu’il se trouve à Dax en cure avec sa femme Lucie Valore. Souvent plagié pour ses représentations de la butte, l’artiste aura su nous offrir des scènes de la vie montmartroise d’une autre époque, à travers ses paysages d’églises ou de ruelles. Devenu un ambassadeur de la peinture française, l’artiste ne pouvait reposer qu’à un seul endroit, celui qui n’a cessé de l’inspirer tout au long de sa vie. C’est en effet au cimetière Saint-Vincent, où le charme du quartier repose, que l’artiste continue depuis sa tombe d’observer sa chère butte Montmartre. Visible dans de nombreux musées en Europe ou même aux États-Unis, le travail de Maurice Utrillo peut aussi s’admirer à Paris, au musée d’art moderne de la ville de Paris, au musée national d’art moderne et, bien entendu, au musée de Montmartre, niché dans son ancienne maison de la rue Cortot. Voici d’ailleurs quelques œuvres du peintre montmartrois :

Moulin de la Galette, Montmartre © Gandalf’s Gallery / Flickr
Sacré-Cœur de Montmartre, vu des toits © Jan van den Berg / Flickr
La maison de Mimi Pinson à Montmartre © Gandalf’s Gallery / Flickr

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