Le désir, la jalousie, l’amour captif ou le baiser… bien des thématiques sentimentales sont évoquées par les statues exposées sur les monuments ou dans les jardins parisiens. Souvent inspirés de la mythologique antique, ces oeuvres incarnent différentes visions de l’amour qui délivrent bien souvent un message universel.
Galatée et Acis
Commençons par nous rendre dans le jardin du Luxembourg, où se trouve la fameuse fontaine Médicis dont la construction remonterait à l’année 1630. Si l’on se rapproche de la grotte initialement commandée par la reine Marie de Médicis, on peut apercevoir un statuaire réalisé plus récemment par le sculpteur Auguste Ottin. C’est en 1866 que ce groupe en pierre et en bronze est inauguré à cet emplacement : baptisé Polyphème surprenant Galatée dans les bras d’Acis, il s’inspire des Métamorphoses d’Ovide pour évoquer la jalousie amoureuse.
On y découvre le cyclope Polyphème, fils de Poséidon et de la nymphe Thoôsa, accroupi sur un rocher en hauteur. Celui-ci y observe sa bien-aimée Galatée, la nymphe de la mer, en train d’enlacer le jeune berger sicilien Acis. La scène représente ainsi le moment fatidique où, fou de rage, Polyphème est prêt à tuer son rival en lui jetant un rocher. D’après le récit, à la suite du meurtre, Galatée décide de changer le sang de son amant en une rivière sicilienne portant son nom pour lui rendre hommage.
Jardin du Luxembourg
75006 Paris
L’Amour captif
Situé en plein cœur du jardin des Plantes depuis 1869, L’Amour captif est une sculpture en marbre réalisée par Félix Sanzel d’après le modèle en plâtre présenté au Salon de peinture et de sculpture de 1868. On y découvre l’Amour personnifié sous les traits d’un jeune cupidon muni de son habituel carquois. Mais derrière lui, une présence menaçante semble le maintenir prisonnier : un faune, dont seuls le visage et le buste ont été sculptés, l’observe avec un sourire pernicieux, qui ne présage rien de bon. Cette oeuvre, très sensuelle et ambiguë, a d’ailleurs choqué le public de l’époque.
Au sujet de son inspiration antique, Théophile Gautier aurait écrit : “L’Amour captif de M. Sanzel s’est laissé lier à la statue en gaîne d’un dieu Terme. Ce n’est pas le petit Cupidon qui a fait cette maladresse, c’et un bel adolescent aux formes élancées. Ses ailes palpitent, ses poings se crispent de dépit de se sentir ainsi maîtrisés, le sourire équivoque du dieu couronné de pampre et de chèvre-feuille ne fait que redoubler sa colère. Le groupe de M. Sanzel est tout à fait antique d’idée et de sentiment”.
Jardin des Plantes
75005 Paris
Le Baiser de Brancusi
Parmi la série de quarante sculptures du Baiser réalisées par Constantin Brâncuși en 1905, la plus monumentale se trouve en plein cœur du cimetière du Montparnasse. Cette oeuvre emblématique du sculpteur d’origine roumaine représente deux amants accroupis, confondant leurs corps en s’enlaçant. À son propos, l’artiste évoque un amour universel : “J’ai voulu évoquer non seulement le souvenir de ce couple unique, mais celui de tous les couples du monde qui ont connu l’amour avant de quitter la vie”.
Celle qui se trouve au cimetière du Montparnasse est en réalité la deuxième version, qui a été commandée à Brâncuși pour être le monument funéraire de la tombe d’une étudiante ukrainienne, Tatiana Rachewskaïa, qui s’est suicidée en 1910. C’est son amant qui a alors l’idée de contacter l’artiste alors qu’il était encore méconnu. L’oeuvre est la seule de la série à avoir été sculptée en taille directe, en représentant les deux amants de la tête aux pieds.
Cimetière du Montparnasse
75014 Paris
Le Baiser de Rodin
Réalisée par Auguste Rodin, la célèbre sculpture du Baiser était à l’origine l’un des nombreux motifs de la monumentale Porte de l’Enfer réalisés par l’artiste d’après la Divine Comédie de Dante. Ce projet conséquent, commandé par l’État français pour la construction du futur musée des Arts décoratifs de Paris, est finalement abandonné, et le sculpteur ne l’achève que plusieurs années après.
Aussi, Le Baiser devient une oeuvre à part dès l’année 1888, lorsque le gouvernement français en fait une commande à Rodin. On peut penser qu’il représente l’amour universel entre deux amants en train de s’enlacer, mais en réalité, il illustre deux personnages bien particuliers de l’Enfer, première partie du poème de Dante : Francesca da Rimini et Paolo Malatesta. L’histoire raconte alors que les deux amants sont surpris et assassinés par Gianciotto Malatesta, le frère de Paolo et mari de Francesca.
Jardin des Tuileries
75001 Paris
Les statues de Cupidon
Il n’est pas rare de croiser des figures de Cupidon sur les monuments parisiens. Tout droit venu de la mythologie romaine, Cupidon est le fils de Vénus, déesse de l’amour, et de Mars, dieu de la guerre. Dévoué à sa mère, celui-ci incarne l’amour à son tour en prenant une dimension plus proche de l’Éros.
En se promenant dans le jardin des Champs-Élysées, on peut en observer un en levant les yeux. En effet, un Cupidon se trouve au sommet du dôme du pavillon Élysée. Réalisée par Jules Blanchard, cette statue dorée a été installée en 1898 sur le Pavillon Paillard – futur pavillon Élysée – à l’occasion de l’Exposition universelle de 1898. En fonte, elle représente l’amour sous les traits habituels de l’ange visant deux amoureux avec sa flèche.
D’autres Cupidon parisiens se trouvent sur le pont Alexandre-III, richement sculpté par de nombreux artistes. À côté des quatre Renommées et des Nymphes, on trouve en effet Les Amours soutenant les quatre lampadaires réalisés par Henri Désiré Gauquié.
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