L’ironie et le sarcasme sont les armes que MYGALO utilise pour moquer et conjurer les blessures de l’âme. Ses squelettes décharnés en noir et blanc et ses slogans se sont d’abord imprimés sur la carrosserie des camions comme un rempart contre la peur et l’angoisse. Ils interrogent aussi notre place dans l’ordre des choses et nous la rappellent avec humilité. En quelques traits, MYGALO nous interpelle avec corrosion, dérision et non sans humour, sur le désordre du monde et de nos vies. Il révèle en quelques traits des maux indicibles. Il raconte laconiquement et avec justesse les désenchantements de l’amour et les turpitudes de notre quotidien. MYGALO présente une nouvelle exposition à l’intitulé crypté “UKTOEGFPKEODR” et révèle un monde interlope entre croquis, peinture et sculpture. Entre noir et blanc, couleur vives et diaphanes, méthode et désordre, MYGALO nous invite à partager une partie de son travail avant d’en clore le chapitre et d’embrasser d’autres thématiques.Alors conjurons avec lui nos grandes questions existentielles, la mort et autres considérations intempestives avant qu’il ne décide définitivement d’enterrer ces squelettes. Et de refermer et sceller leurs caveaux à jamais.
Difficile de savoir en réalité qui se cache derrière Mygalo 2000 : l’homme  qui dissémine ses squelettes philosophes un peu partout dans Paris depuis maintenant 15 ans.
Controversy Paris et Le Paris Urbain présentent l’exposition “UKTOEGFPKEODR” de Mygalo, au 51 Rue de l’échiquier, dans le 10eme arrondissement. Metro Bonne Nouvelle. Du 29 Avril au 16 Mai.
N’hésitez pas d’ailleurs à vous inscrire à notre visite guidée street art à la Butte aux Cailles.
Pour tenter d’en savoir un peu plus sur cet amoureux du Street Art on a décidé de partir à sa rencontre !
1. Quand et comment t’es tu mis au street art ?
L’histoire du street art, c’est un peu nouveau, comme une mode j’ai l’impression. En ce qui me concerne, j’ai commencé en 1997 à faire de la peinture extérieure. Le terme de “Street Art” n’existait alors pas. Ça a débuté pour moi comme un gamin qui se met au foot.  J’habitais dans une ville, Paris, mais si j’avais été à Biarritz par exemple, j’aurais fais du surf.
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2. Pourquoi cette idée de squelettes ?
L’idée des crânes et des squelettes est apparue du jour au lendemain, suite à la perte d’un proche. Cet événement pourtant naturel,  a fait comme un électrochoc dans mon art et m’a ouvert les yeux sur l’instantanéité des choses. Mes squelettes représentent les autres, les gens, le peuple, souvent des anonymes. Ma peinture n’est ni moralisatrice ni politique ni contestataire, elle est simplement populaire. J’aime raconter des histoires dans mes peintures afin que le public puisse se les approprier facilement. Je n’en suis pas propriétaire, mes peintures vivent à travers les autres.
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3. Quelles techniques utilises-tu?
Pour réaliser mes peintures extérieures, j’utilise le kit classique du décorateur comptemporain, c’est-à -dire des bombinettes et de la peinture au rouleau pour gagner du temps si nécessaire. Les techniques de pochoir me sont étrangères et ne correspondent pas à ma façon d’aborder la peinture. Je ne prépare quasiment jamais mes Å“uvres à l’avance. J’aime laisser agir l’effet de surprise, je change tout le temps d’idées… donc partir avec un plan en tête m’est totalement impossible car je décide  au dernier moment !
Ma peinture a beaucoup évolué. Sa “forme” aujourd’hui consiste à rapprocher un dessin et une phrase dans une composition en noir et blanc.
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4. Où peut on trouver tes “peintures” ?
On peut trouver mes peintures dans des endroits très différents les uns des autres : dans Paris, en banlieue, dans les rues ou sur les toits. Je n’ai pas de réelle préférence. Je suis un amoureux du support et de ses matières. J’aime  les murs ivres du temps qui passe et la pierre qui transpire sa propre histoire.
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5. Quels artistes de street art suis-tu aujourd’hui? Y en a t’il qui t’énervent ?
Parmi les artistes de street art que j’aime regarder, il y a Blu, un italien, les frères brésiliens Os Gemeos et ROA. En dehors de ça, j’ai une passion pour l’expressionnisme allemand, Ce sont des peintures très fortes, elles racontent beaucoup de choses. Les artistes qui m’énervent… c’est dur à dire il y en a trop !
6. Quelle est ta définition du street art?
Chez nous, on donne des noms à tout car cela permet de se sentir à l’aise. Le street art pourquoi pas ? Ça ne me dérange pas, on pourrait aussi bien parler de peinture ou d’affichage. La seule chose qui  importe, au delà de la dénomination, c’est la passion des artistes et l’énergie du public autour de l’art en général.
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7. Comment se situe Paris en terme de street art par rapport à des villes comme Berlin, Londres ou New York ?
Je ne sais pas exactement, le street art voyage beaucoup et les leaders du mouvement réalisent  des peintures tout autour de la planète. A Paris, nous sommes certainement un peu largués . Pas grave, on est là quand même !
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8. Pour finir, as tu une anecdote insolite à nous raconter ?
Une anecdote, j’en j’en ai des wagons ! En voici une petite un peu coquine. Un jour, en sortant d’un restaurant à 2h du matin dans le 15ème , je décide de faire un toit pas très loin. J’entreprends l’ascension, j’arrive sur place et commence mon dessin. 10 minutes se passent … et là , d’un coup, un énorme fracas suivi d’un bruit de porte  ! Je tourne la tête,  le velux s’ouvre et là : deux couples à poil se mettent à batifoler sous mes pieds. Distance entre cette petite partouze improvisée et moi : 50 centimètres. Impossible pour moi de bouger ! Ça a duré au moins 40 minutes … assez insolite croyez moi. Ensuite, ils se sont rhabillés et ont quittés la chambre. J’ai quant à moi, terminé puis disparu dans la nuit.