Suzanne Valadon est un nom que les habitants du 18e arrondissement connaissent bien. Non loin de la station de métro Jules Joffrin et du Sacré-CÅ“ur, on trouve un lycée professionnel ou encore une place répondant à ce nom. Mais qui était vraiment cette artiste encore aujourd’hui chère aux Montmartrois ? Retour sur la vie d’une femme qui a profondément marqué la vie parisienne…
La muse et amante de Montmartre
L’histoire d’amour entre Suzanne Valadon, de son vrai nom Marie-Clémentine, et Paris commence en 1870, lorsque la fillette âgée de 5 ans et sa mère viennent habiter à Montmartre. Pour aider sa mère lingère, la fillette originaire de Haute-Vienne travaille très tôt : comme bonne d’enfants ou apprentie modiste, mais également comme trapéziste, une carrière qu’elle est contrainte d’arrêter à ses 15 ans suite à une chute. C’est à cette période que Suzanne va découvrir l’art grâce… à du linge ! Pour aider sa mère, la jeune fille va en effet porter du linge repassé chez plusieurs clients, dont un qui n’est autre que le peintre Puvis de Chavannes. Sous le charme devant la beauté de Suzanne, ce dernier l’embauche en tant que modèle. Plus tard, Auguste Renoir aura la même idée et entamera même avec la jeune femme une liaison amoureuse. Devenue un modèle reconnu et admiré par les hommes, Suzanne Valadon commence alors à fréquenter le milieu artistique de Montmartre. Elle fait notamment la connaissance du chansonnier Boissy ou encore d’un aristocrate espagnol, Miguel Utrillo.
Nous sommes en 1883 et, à seulement 18 ans, Suzanne donne naissance à un fils qu’elle appellera Maurice. Ce fils issu de ses amours avec Miguel Utrillo suivra, des années plus tard, les pas de sa mère dans le monde de la peinture. Mais revenons à 1883, à un époque où Suzanne Valadon pose pour tous les grands noms de la peinture à Paris, y compris Renoir, Steinler, Henner ou encore Zandomeneghi. Au contact de ces artistes, la jeune femme va commencer à peindre, surtout des portraits et autoportraits, à la mine de plomb, au fusain et au sanguin. Un intérêt qui se transformera rapidement en vocation grâce à une rencontre avec Toulouse-Lautrec. Alors que Suzanne est devenue son modèle, puis son amante, c’est ce dernier qui conseillera à la jeune femme de montrer ses œuvres à un collègue… un certain Edgar Degas.
Une artiste passionnée et pionnière
Devenue portraitiste, tout comme son mentor et ami Degas, et désormais mariée à Paul Mousis, Suzanne peut vivre pleinement de sa passion. Résidant au 12 rue Cortot en haut de la butte, dans une maison qui fait aujourd’hui partie du musée de Montmartre, la jeune femme voit sa carrière exploser ; la consécration arrive en 1894, lorsqu’elle expose pour la première fois au Salon de la Nationale à Paris et devient ainsi la première femme à jouir de ce privilège. Dans ses Å“uvres, Suzanne peint des natures mortes, des bouquets et des paysages, qui se démarquent par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. L’artiste s’inspire aussi de son entourage et réalise par exemple les portraits de son fils ou de sa mère. Elle peint également des nus : dans ce domaine, son Å“uvre la plus marquante reste assurément sa représentation d’Adam et Eve (1909). Un tableau pour lequel l’artiste a posé nue aux côtés d’André Utter, un ami de son fils qu’elle épousera en 1914. L’artiste demande par ailleurs régulièrement à son entourage féminin de poser pour elle, car elle s’intéresse aux gestes et mouvements du quotidien comme le bain, une activité toute simple qui lui permet de peindre les corps, la lassitude physique ou encore la tendresse.
Après avoir eu droit à sa première exposition individuelle, les années 1930 sont plus paradoxales pour Suzanne. Artiste réputée, elle est notamment invitée à rejoindre le groupe des Femmes Artistes Modernes avec qui elle exposera jusqu’à la fin de sa vie. Elle voit aussi de grand musée, comme le musée du Luxembourg, acheter plusieurs de ses œuvres. Mais en parallèle, sa santé se dégrade, les ventes de ses œuvres sont en chute libre et ses relations avec André Utter et son fils Maurice se dégradent… Suzanne Valadon meurt finalement le 7 avril 1938, à Montmartre évidemment, entourée de ses amis peintres André Derain, Pablo Picasso, Georges Braque ou encore Georges Kars et laisse derrière elle le souvenir d’une femme au fort caractère, fédératrice et surtout un modèle pour de nombreuses femmes de l’époque.
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