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Dans l'antre d'une galerie d'art érotique

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Par sarah

© Sarah Pons / Paris ZigZag

Il est bien connu que les moeurs de notre capitale et de ses habitants ont bien changé au fil des siècles. On l’oublie parfois, mais rappelons que notre Ville Lumière est forte d’un passé libertin des plus sulfureux ! Et pourtant, on a tous déjà entendu parler du temps des maisons closes et des courtisanes à Paris. Le Chabanais, Le One Two Two, Aux Belles Poules, Le Sphinx, … ces illustres lieux de débauche – 195 bordels au total – qui ont traversé les siècles avant de fermer définitivement leurs portes le 13 avril 1946, date de l’arrêté qui les a interdits.

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Ici, se trouvait l’une des maisons closes les plus réputées de Paris : Le Chabanais.

Récemment, nous avons eu envie de nous replonger dans l’atmosphère de ces années de luxure la plus totale et nous sommes allés jeter un coup d’œil du côté de chez Nicole Canet, cette ancienne ballerine, qui tient une galerie d’art érotique, au n°1 de la rue Chabanais, tout près de ce qui fût l’une des plus célèbres et huppées maisons closes de Paris (au n°12). 

La devanture de cette maison d’art sulfureuse, répondant au doux nom de Au Bonheur du Jour, se fait discrète avec ses couleurs pastel et ses rideaux ajourés. Ici, il faut sonner et montrer patte blanche à la galeriste qui, si l’on n’a pas pensé à prendre rendez-vous, s’enquiert dans l’entrebâillement de la porte du motif de notre visite, avant de décider si elle est opportune ou non.

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Une fois entré, on se retrouve dans une pièce assez spacieuse, dans laquelle photographies d’art encadrées s’exposent sur les murs, de façon thématique. Au fond à gauche, un petit boudoir au décor plus coloré et chaleureux, plutôt réservé aux peintures, aux dessins et surtout, à ce que Madame Canet appelle des “curiosas” – objets insolites hérités des maisons closes, comme cet extravagant radiateur qui réchauffait les corps lascifs des filles de joie du Chabanais et de leurs clients. Enfin, à l’étage, auquel on accède par un bel escalier blanc en colimaçon, se trouve un petit appartement où la galeriste reçoit ses clients les plus fidèles.

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La pièce principale d’exposition et son bel escalier en colimaçon.
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Lumières tamisées dans le boudoir rempli de curiosas…

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Ses clients sont d’ailleurs, pour la quasi totalité, des collectionneurs amateurs de nus mais également d’œuvres moins suggestives car c’est surtout la beauté des corps plus ou moins vêtus et l’histoire que recèlent ces œuvres qui font leur valeur pour ces nostalgiques des 19 et 20èmes siècles. Il faut dire que la galeriste, assez énigmatique, sait susciter la curiosité et l’intérêt pour ce sujet qui la passionne et l’anime depuis tant d’années. Elle a même écrit de nombreux ouvrages qu’elle édite elle-même et vend sur place, notamment sur les maisons closes, la prostitution masculine, et autres sujets voluptueux.

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Les éditions de Nicole Canet

Ce qui la touche tout particulièrement, c’est la photographie et ça, elle en a une collection : culturistes, athlètes, marins, gigolos, courtisanes, orientalisme, scène de films, décors de maison close… autant de thèmes pour autant de photographes renommés ou plus anonymes.

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L’exposition thématique de photographies orientalistes

Au final, si l’érotisme est bien sûr au cœur du sujet, tout est de bon goût dans cette galerie d’art unique en son genre. Confortablement installé, on y passerait bien nos après-midis à écouter Madame Canet nous raconter les histoires de tous ses trésors…

 

Sarah PONS