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Les endroits secrets et flippants de la région parisienne

Par ludo

Jusqu’au début des années 2000, il n’était pas bien difficile de trouver des endroits assez glauques et insolites à Paris.

Une usine géante sur une île ? Il suffisait d’aller visiter l’Usine Renault de l’Île Seguin. Une usine de farine sur les quais de Seine ? Il suffisait d’aller faire un tour aux Grands Moulins de Paris. Une balade sur une voie de chemin de fer ? Il suffisait de se promener sur la Petite Ceinture. Sans parler des catacombes non-officielles…

Aujourd’hui, l’usine de l’Île Seguin n’existe plus. Les Grands Moulins de Paris ont été réhabilités, et la Petite Ceinture se transforme peu à peu. Alors si on veut se faire des petites sensations, il faut s’éloigner un peu…

Voici un top 5 des endroits les plus glauques et secrets que l’on peut trouver aux alentours de Paris.

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1. L’Abattoir de la Nausée

Les airsofteurs et paintballeurs de la région parisienne connaissent bien ce lieu, qu’ils utilisent depuis une bonne vingtaine d’années. Malgré le nombre incalculable de tags, de dégradations et autres visites, l’endroit a su conserver une ambiance particulièrement bizarre de part ses installations, plutôt bien conservées vu la notoriété du site – qui se prête très idéalement à tout ce qui est airsoft ou paintball.

Il ne reste plus grand-chose sur place, mais le peu qu’il reste permet de bien s’imaginer l’activité du lieu: balance pour peser les porcs, château d’eau (et son intérieur peu rassurant) garage, entrepôt, et surtout les enclos, dont l’odeur pestilentielle n’a pas tout à fait disparue. Plaisir des yeux (et des narines) garanti particulièrement en été.

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2. Le Sanatorium de la Langue

Construit en 1929 pour accueillir des malades de la tuberculose, ce sanatorium ferma au début des années 90. Un peu comme pour l’Abattoir de la Nausée, il ne reste plus grand-chose sur place, sauf si on amène sa lampe et qu’on fouine du coté des douches situées au sous-sol, pour se retrouver nez à nez avec un empilement gigantesque de dossiers médicaux allant de 1929 à la fermeture de l’établissement…

Ambiance de papier moisi, odeurs de papier en décomposition, et surtout, de la lecture bien glauque en consultant les dossiers : «Nous donnons quelques jours de vie au patient XXX avant un probable décès. Il a demandé à voir sa famille.» En bas de la même page, un coup de tampon implacable : «Décédé». En levant les yeux et contemplant le millier de dossiers encore présents, on se sent un peu comme un intrus, et surtout, observé.

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3 . Le Village Sourd

Nous sommes dans les années 70 et la construction d’un grand aéroport fait qu’un village a le malheur de se trouver tout près des pistes de décollage. Le bruit (insoutenable, un avion toutes les trente secondes) et la pollution (vapeurs de kérosène entraînées par le vent) entraînent la désertification du village – ainsi que trois suicides. Dès lors, le lieu reste figé pendant une trentaine d’années, fantomatique : maison murées, délabrées – s’effondrant même pour certaines.

Il faut attendre le début des années deux mille pour que des gens reviennent, locataires comme squatteurs. Aujourd’hui, une maison sur deux est quasi-abandonnée. D’autres sont murées, et quand on peut y pénétrer, on se retrouve face à des objets, meubles ou traces de vie remontant à l’abandon du village. Quelques endroits font réellement penser qu’une catastrophe biologique a eut lieu ici-même dans les années cinquante ou soixante. Une visite déroutante.

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4 .La Maison d’Enfants de l’Avenir Social

Ce grand orphelinat fut construit par la CGT en 1974. C’était un endroit fabuleux pour les enfants de par sa localisation (pleine campagne) et ce qu’on pouvait y faire (tennis, équitation). Des problèmes de personnel survinrent lorsqu’éclata un conflit du travail entre la CGT, qui tenait à former de bons petits militants, et les éducateurs du foyer, refusant cet endoctrinement.

Une grève éclata en 1987. Différentes méthodes d’intimidation furent utilisées par le service d’ordre de la CGT pour briser le mouvement : pneus des voitures des éducateurs crevés, accès au site restreint… Le personnel n’eut d’autre choix que de s’enfermer sur place.

La situation atteint alors son apogée le 13 janvier 1988, lorsqu’à 3 heures du matin, le service d’ordre de la CGT prit d’assaut le site (armés de pioches, de matraques etc) et mis tout le monde dehors sans ménagement. On jeta aux enfants un sac poubelle en leur intimant de mettre dedans leurs affaires, puis de les jeter dehors. Certains enfants se sauvèrent, d’autres furent replacés par la DDASS… En une seule nuit, le travail de plusieurs années fut détruit sans ménagement ni égard pour les orphelins.

Après l’évacuation, l’endroit (appartenant encore à la CGT) fut abandonné. Il ne reste plus grand-chose aujourd’hui… Visiter cet endroit en connaissant son histoire est une expérience étrange. Encore plus quand la visite est faite par d’anciens enfants du foyer, adultes aujourd’hui, et réclamant toujours leur dossier à la CGT.

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5. Le CEA de Vaujours

Construit vers la fin du XIXème siècle, ce fort fut utilisé dans les années cinquante pour tester des explosifs à base d’uranium (naturel ou appauvri) en vue de se doter de l’arme atomique. Les tests avaient lieu soit dans des salles souterraines ou à l’air libre, les déchets (morceaux d’uranium, mercure) étant ensuite brûlés en plein air ou rejetés dans de profonds puits, le tout se mélangeant aux eaux usées de la région.

De la fin des essais nucléaires résulta un planning très chargé, ce qui entraina un accident en 1996 : un beau matin, l’herbe autour du site était bleue suite à un gros flash dans la nuit. Lorsque la Mairie demanda des comptes, on sut que le CEA travaillait sur du nucléaire, tout le monde pensant jusqu’ici que c’était un centre d’essais sur l’aérodynamisme. Le centre ferma ses portes l’année suivante, et une enquête sur l’état sanitaire révéla que du béton avait été coulé dans les puits, rendant les expertises quasi-impossibles : difficile de voir ce qui se passe sous trente-cinq mètres de béton.

Des expertises indépendantes révélèrent que le taux de radioactivité du site dépassait les 150 becquerels, un taux «normal» étant de 10 en principe. Jusqu’en 2009, et ce malgré la présence de vigiles, le site sera pillé par des récupérateurs emportant avec deux des éléments à priori bien contaminés : portes blindées, plaques d’égouts, couvercles des fameux puits… Il faudra l’intervention du gouvernement pour virer les récupérateurs campant à proximité du site.

Dernier événement en date : une entreprise de placo-plâtre (exploitant une carrière à ciel ouvert à coté du lieu) a racheté le site pour un prix dérisoire, et projeta d’utiliser le sous-sol riche en gypse du Fort. De nouvelles analyses révélèrent que le site était décidemment trop contaminé pour être exploité.

La taille de la zone polluée depuis plus d’une cinquantaine d’années couvre les villes de Courtry et Coubron. L’endroit est officiellement reconnu comme contaminé à l’uranium naturel ou appauvri. Ludovic Toro, médecin de Coubron, nous apprend que les maladies thyroïdiennes ont été multipliées par deux en dix ans. De nouvelles mesures ont révélé que le taux était désormais trente fois supérieur à la norme. Le Fort de Vaujours se trouve à 13km à vol d’oiseau de Paris.

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Article réalisé en collaboration avec Timothy Hannem du site Glauque-Land