
Vous l’avez sans doute remarqué, à l’approche d’Halloween, on aime bien vous partager des histoires, vous parler d’évènements et vous faire découvrir des lieux qui incarnent l’esprit de cette fête. Et, franchement, quoi de mieux qu’un cimetière pour être dans le thème ? Surtout si celui-ci, situé à côté de Paris, est particulièrement insolite puisque celles et ceux qui y reposent ont plutôt tendance à avoir quatre pattes ! Quoi que…
Un projet complètement avant-gardiste
Aux portes de Paris, loin de l’agitation des grands cimetières comme ceux du Père-Lachaise ou du Montparnasse, se trouve un endroit tout à fait unique : le cimetière des Chiens d’Asnières-sur-Seine. Premier cimetière animalier au monde, ce lieu insolite témoigne de l’évolution de notre relation avec les animaux, qui, autrefois utilitaires, sont aujourd’hui perçus comme des compagnons précieux et même souvent des membres à part entière de la famille dont la disparition est évidemment vécue dans le chagrin.

Sa conception remonte à 1899, une époque où un véritable enjeu d’hygiène publique se posait face à l’abandon des dépouilles d’animaux dans les rues de Paris, au milieu des ordures ou encore directement dans la Seine. Elle fut permise par l’adoption, un an plus tôt, d’une loi prévoyant la possibilité d’enterrer les animaux domestiques sous certaines conditions et notamment « dans une fosse située autant que possible à cent mètres des habitations et de telle sorte que le cadavre soit recouvert d’une couche de terre ayant au moins un mètre d’épaisseur ». S’y ajoutait une précision qui, dans la pratique, a rapidement été abandonnée, quant au fait qu’on « ne permettra ni cérémonies ni décoration ayant l’air de pasticher les inhumations humaines, ce qui serait manquer au respect dû aux morts. »
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La naissance du cimetière des chiens d’Asnières-sur-Seine
Et c’est alors grâce à l’initiative de l’avocat Georges Harmois et de la journaliste féministe Marguerite Durand que la Société Française Anonyme du Cimetière pour Chiens et autres Animaux Domestiques vit le jour le 2 mai 1899. Situé sur l’île des Ravageurs, au nord-ouest de Paris, le cimetière fut inauguré à la fin de l’été 1899. Conçu dans un style Art nouveau par le célèbre architecte Eugène Petit, ce lieu ne se limite pas à accueillir uniquement des chiens, mais propose également des quartiers pour les chats, les oiseaux, les chevaux, les moutons, les poissons, et autres singes ou cochons !

Labellisé « patrimoine d’intérêt régional » en fin d’année dernière, ce lieu qui a traversé le temps entamera, grâce aux subventions obtenues, une grande opération de rénovation et de modernisation pour continuer à accueillir ses quelques 4000 visiteurs annuels dans les meilleures conditions. Depuis sa création, une trentaine d’autres cimetières pour animaux, privés, publics ou associatifs, auraient vu le jour en France, comme le cimetière des petits animaux de Caen, dans la forêt de Grimbosq.
Un cimetière emblématique et ses habitants célèbres !
En effet, comme tout cimetière célèbre, celui-ci possède aussi ses “personnalités” ! Ainsi, parmi les 90 000 animaux qui y reposent, certains ne vous sont probablement pas inconnus. C’est le cas de Rintintin, le berger allemand vedette de la série américaine éponyme, rapatrié et enterré ici par son maître à son décès, à l’âge de 13 ans. Le monument de Barry, un épagneul des Alpes réputé pour avoir sauvé 40 vies humaines avant d’être tuée par la 41ème qui l’aurait confondu avec un loup, honore également la mémoire de cet animal héroïque. Outre ces célébrités, des chiens princiers, policiers, parfois médaillés, ainsi que de nombreux animaux ayant appartenu à des figures publiques reposent à Asnières, comme Clément, le chat de Michel Houellebecq, Sully, le chat d’Alexandre Dumas, ou encore Gribouille, le cheval de Marguerite Durand, dans une sépulture à la taille évidement sensiblement différente !

Ce cimetière a aussi vu passer des histoires cocasses, comme celle du caniche Tipsy, dont la tombe a été profanée en 2012 pour voler son collier de diamants estimé à 9000€, celle de Mémère, chienne mascottes des tranchées de la Première Guerre mondiale ; ou encore des anecdotes touchantes, comme celle de ce chien errant qui, en 1958, vint mourir aux portes du cimetière, devenant ainsi le 40 000ème animal à y être enterré. Aujourd’hui, ce sont des visiteurs du monde entier qui viennent visiter le cimetière des Chiens d’Asnières, curieux de découvrir ce “Père-Lachaise des animaux” qui fait partie de notre patrimoine historique et émotionnel.
Comble de l’insolite, le cimetière des chiens d’Asnières-sur-Seine abrite même la tombe de B., la première abeille influenceuse, “morte à cause des pesticides en protégeant son espèce” peut-on lire sur sa stèle ! Une manière originale et poétique pour la Fondation de France, qui œuvre pour la préservation des abeilles, de sensibiliser à leur cause et de récolter des fonds. Feu B. possède même son propre compte Instagram qui vaut le coup d’œil ! Qu’elle repose en paix…
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Le cimetière des chiens
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Image en Une : Sépulture au cimetière d’Asnières-sur-Seine © AdobeStock_Delphotostock
Mélina Hoffmann