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Tout savoir sur la piétonnisation des berges de Seine

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Par Cyrielle

Selon un sondage réalisé par l’Institut Ipsos pour la Mairie de Paris, 55 % des Parisiens se déclarent, en mars 2018, favorables au maintien de la piétonnisation des berges de la rive droite de la Seine. 66 % jugent même que cette décision “améliore le cadre de vie des habitants”. Cela n’empêche pourtant pas cette mesure d’être vivement critiquée, ses opposants arguant les désagréments imposés aux automobilistes, mais aussi la méthode utilisée pour la mettre en place. Retour sur ce projet qui fait polémique, mais reste flou pour beaucoup.

Un projet en réflexion depuis près de vingt-cinq ans maintenant

Le projet de réhabilitation des berges de la Seine en faveur des piétons ne date pas d’hier. Cette question a commencé à être débattue au début des années 1990, par plusieurs associations d’abord, puis par la Mairie de Paris dès 1992. Ainsi, il est décidé, dès 1995, de fermer l’ensemble des voies sur berges parisiennes tous les dimanches. Il faudra néanmoins attendre 2012 pour que le premier projet de piétonnisation complète d’une partie de berges – les rives situées entre l’Hôtel de Ville et le quai Henri IV – voit le jour dans la capitale. Un an plus tard, la voie express située entre le Musée d’Orsay et le pont de l’Alma était rendue aux piétons.

Pensée dans la continuité des décisions prises sous le mandat de Bertrand Delanöé, la troisième phase de cette réhabilitation est lancée en 2016. Le projet envisage la fermeture à la circulation de 3,3 km de voies le long de la Seine, entre les tunnels des Tuileries et Henri IV. L’aménagement de cette section donnera naissance, en avril 2017, au Parc des Rives de Seine, regroupant les nouvelles voies piétonnes de la rive droite et les anciennes de la rive gauche.

Le Parc des Rives de Seine en sursis

Vivement critiqué à son ouverture en avril 2017, ce nouveau parc du centre de la capitale se retrouve aujourd’hui en sursis. Le 21 février 2018, le tribunal administratif de Paris a en effet annulé la délibération du Conseil de Paris du 26 septembre 2016 déclarant d’intérêt général l’opération d’aménagement des berges de la rive droite de la Seine. Cette annulation entraîne, de facto, l’annulation de l’arrêté voté à la majorité lors de cette séance. Ce texte – publié en octobre 2016 malgré un avis défavorable de la “commission d’enquête sur la piétonnisation des voies sur berge rive droite à Paris” – actait justement la fermeture des voies sur berge aux voitures et la création d’une promenade publique sur l’emplacement de la voie Georges Pompidou.

Les raisons principales de la décision du tribunal administratif concernent la procédure, jugée viciée et donc invalide. L’arrêté a en effet été adopté après une enquête publique réalisée sur le fondement d’une étude d’impact. Cette dernière comporterait, selon le tribunal administratif, “des inexactitudes, des omissions et des insuffisances concernant les effets du projet sur la circulation automobile, les émissions de polluants atmosphériques et les nuisances sonores, éléments majeurs d’appréciation de l’intérêt général du projet”. Le tribunal administratif évoque également une erreur dans le choix du texte de loi pour en justifier son invalidité.

Un nouvel arrêté pour pallier le retoquage du premier texte

L’arrêté entérinant la fermeture des voies sur berge étant annulé, c’est le droit précédent qui s’applique alors. Théoriquement, cela signifie que la circulation était à nouveau autorisée sur les 3,3 kilomètres de berges dès le 21 février 2018. Dans les faits, les différentes installations mises en place pour le Parc des Rives de Seine et la crue des mois de janvier et février 2018 n’ont pas permis la réouverture de ces voies à la circulation.

Aussi, afin de pallier le retoquage du premier texte, un nouvel arrêté a été rédigé par la Mairie de Paris en concertation avec la préfecture de Paris. Affiché le jeudi 8 mars 2018 dans les mairies de la capitale et entré en vigueur le même jour, ce nouveau texte n’évoque plus les raisons écologiques et sanitaires du premier arrêté, mais convoque l’intérêt patrimonial et touristique de cette voie inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991. De son côté, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse a appelé l’Etat à intervenir dans le dossier afin de “mettre en cohérence l’ensemble des plans” de circulation de la capitale et des communes alentours.