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Les petits surnoms de la guillotine à travers les âges

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Par Cyrielle

Née au coeur de la Révolution française et utilisée pour la dernière fois en 1977, la guillotine a été la principale méthode d’exécution en France pendant presque 190 ans. Tout au long de son existence, cette machine devenue emblématique de la période révolutionnaire a connu bien des surnoms : qu’il s’agisse, au départ, de trouver un nom à cette « machine à exécuter » ou une façon de mettre à distance ses horreurs, les Parisiens et les Français ont résolument fait preuve d’originalité et de créativité !

De la guillotine à la Louisette…

Le mot « guillotine » lui-même était un surnom, sans doute le premier d’entre eux : il nous vient du député et médecin Joseph Guillotin, l’homme à l’origine du projet de réforme pénale imposant « une machine » capable de couper les têtes comme mode d’exécution capitale. Dans ce projet datant de 1789, Joseph Guillotin demande que « la décapitation fût le seul supplice adopté et qu’on cherchât une machine qui pût être substituée à la main du bourreau ». Jusque là, les décapitations, qui étaient l’honneur des nobles, se faisaient au sabre ! La machine à proprement parler n’existe pas encore, mais elle est déjà surnommée « la machine à Guillotin », puis la « guillotine » par quelques détracteurs.

Deux ans et demi plus tard, le 25 avril 1792 sur la place de Grève, actuelle place de l’Hôtel de Ville, la machine à couper les têtes fait tomber son couperet pour la première fois. La machine est alors très vite surnommée « Louisette » ou « Louison ». Pour certains, c’est un hommage au maître d’oeuvre et co-concepteur de la machine, Antoine Louis. Pour le principal intéressé, c’est un coup bas ! « Mes ennemis ont alors essayé, et par voie de la presse la plus licencieuse, de faire donner à la fatale machine le nom de petite Louison, qu’ils ne sont pas cependant parvenus à substituer à celui de guillotine » dira-t-il à son ami, le chirurgien militaire Desgenettes.

… en passant par la veuve et le rasoir national

Dans le même temps, le peuple affuble déjà cet outil – qui ne possède pas encore de nom officiel – de surnoms plus imagés les uns que les autres. Dans la rue, la guillotine devient très vite « la veuve », voire « la grande veuve » ou « la veuve rouge », en référence à la potence, autre moyen d’exécution déjà surnommé ainsi depuis des siècles. Pour les juges et les magistrats, il s’agit tout simplement du « bois de justice ».

Quand les exécutions s’intensifient à l’aube de l’année 1793, on parle même de « rasoir national » et de « hachoir national » pour évoquer la machine sur laquelle passeront près de 3000 personnes à Paris et 14 000 dans le reste de la France tout au long de la Révolution. Et parce qu’évidemment, on monte à grand regret sur la machine à bascule de Charles-Louis Sanson – le plus emblématique des bourreaux parisiens – on parle parfois de « bascule à Charlot » ou de « Monte-à-regret ». Plus tard, aux XIXe et XXe siècles, la guillotine prendra des surnoms encore plus métaphoriques, comme « le vasistas », « la raccourcisseuse », « le coupe-cigare » ou « le massicot ».

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