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L'étonnant bal des folles de la Salpêtrière

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Par Camille Beau

Aujourd’hui devenu un hôpital public généralisé, l’ancien hospice de la Salpêtrière dans le 13e arrondissement de Paris était au XIXe siècle un asile pour femmes, principalement atteintes d’épilepsie, d’hystérie et de schizophrénie. Sous l’égide du docteur Charcot, et accompagnées par son stagiaire, le jeune Freud, les patientes internées étaient soumises à des études approfondies de leurs névroses “exclusivement féminines”. Chaque année, à la mi-carême, la bonne société parisienne était conviée à un bal pour le moins étonnant : le bal des folles. Retour sur cet évènement à la fois mondain et tragique.

Un moment de répit dans des vies d’internement

C’est la tradition. Alors que le tout-Paris se presse dans la grande salle à manger de l’hospice, les patientes internées se préparent à défiler, vêtues de costumes loufoques carnavalesques. La fête dansante et costumée, que la presse relaie sous l’appellation de “bal des folles“, est offerte aux pensionnaires de la Salpêtrière comme un saint moment de distraction. Jusqu’à une heure avancée, docteurs, internes, infirmiers, rivalisent d’entrain pour animer le bal sous le regard attentif d’invités de prestige et de nombreuses personnalités du monde médical. Les “folles” se pavanent déguisées en arlequins, pierrettes, pompiers ou mousquetaires, au son des violons et des flûtes, les cuivres étant considérés “dangereux pour leurs nerfs malades”. Au milieu de ce zoo humain, une célèbre danseuse toutefois y fut révélée : Jane Avril. La jeune femme, internée en 1882 à l’âge de 14 ans, découvrit au cours de ce bal son don et sa passion pour la danse. Celle qui deviendra la muse de Toulouse-Lautrec quitte la Salpêtrière un an et demi après son internement, et devient la coqueluche du Moulin-Rouge, du Divan japonais, du Bal Bullier et des Folies-Bergère.

Tout comme le bal des enfants épileptiques, ou la fête des fous à destination des ecclésiastiques, la mémoire de ces bals est aujourd’hui largement controversée. Pour la plupart disparus et oubliés, ils étaient organisés dans le cadre des festivités du Carnaval de Paris, fête très populaire jusqu’au début du XXe siècle.

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Le bal des folles à la Salpêtrière, 1890, par Le Monde Illustré

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