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L'histoire des petits ramoneurs savoyards à Paris

Par Camille Beau

On le connaît via des illustrations populaires avec son petit bonnet rouge, son visage plein de suie et son échelle sur le dos. Apparu il y a près de 400 ans, le petit ramoneur savoyard fait partie de ces personnages emblématiques qui sont devenus des mythes à part entière. Mais qui sont ces petits enfants courageux à qui on prête une réputation de porte-bonheur ?

Les petits habitants des toits de Paris

Dès le XVIIe siècle, et surtout au XVIIIe siècle, quand la rudesse du climat faisait son apparition en hiver, certaines familles savoyardes délaissaient le monde agricole pour se tourner vers l’émigration saisonnière. À cette époque, les cheminées se multiplient dans les maisons et un nouveau métier insolite fait son apparition dans les grandes villes comme Paris : celui de ramoneur.

Seulement voilà : pour se faufiler dans les conduits avec les coudes et racler la suie à l’aide d’une pelle, les hommes de la montagne sont certes bien formés, mais leur stature adulte ne convient pas. C’est pourquoi on commence à recruter les plus jeunes de ces familles pauvres, des gamins qui ont entre 6 et 12 ans, en raison de leur petite taille !

Un petit ramoneur savoyard.

Au XIXe siècle à Paris, l’embauche de petits ramoneurs savoyards est devenu une véritable tradition, mais bien souvent également une arnaque pour les familles qui envoient leurs enfants faire ce petit métier. Si, au départ, les contrats passés avec les patrons, aussi appelés maîtres ramoneurs, stipulaient que les enfants soient nourris, logés, payés et éduqués, il n’en était rien.

En effet, alors même qu’ils travaillaient parfois 12 ou 14 heures par jour, tous les jours de la semaine y compris le dimanche, les petits savoyards étaient parfois obligés de faire la manche dans les rues de la capitale pour pouvoir survivre. Ils faisaient par ailleurs souvent d’autres petits métiers en complément, comme coursier ou cireur de chaussures.

Pour attirer l’attention des passants et recevoir, parfois, des pourboires, ils chantaient sur les toits avec bravoure en entonnant « À ramoner de haut en bas », alors même que nombre d’entre eux mourraient de tuberculose pulmonaire ou de cancers liés à l’ingestion régulière des substances présentes dans la suie. Finalement, ce sont les lois de 1874 (interdiction de travail pour les enfants de moins de 12 ans) et 1892 (limitation à 10 heures pour les jeunes de moins de 18 ans) qui sauveront ces petits gamins venus de province de l’exploitation dont ils ont fait l’objet pendant tant d’années.

Photo de une : © A. Bergeret & cie, Nancy

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