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Quand on réanimait les noyés de la Seine en soufflant dans leur derrière...

Par Colombe

On ne se demande jamais vraiment d’où proviennent les choses du quotidien, ancrées depuis longtemps dans nos modes de vie. Typiquement, connaissez-vous l’origine de la réanimation médicale ? Si la réponse est non, alors laissez-vous étonner par cette histoire des plus insolites

Une technique singulière…

Pour connaitre les origines de la réanimation médicale, il nous faut remonter au XVIIIe siècle. Symbolisé par le tiraillement entre raison et magie, le Siècle des Lumières voit se former une immense transition qui fera passer la réflexion du peuple de la croyance idéologique vers la conscience scientifique. Mais une ambiguïté persiste cependant, et nombreux sont les cas où la culture et les croyances viennent se mêler à une volonté de vérité fondamentale.

Nous sommes à Paris, dans les années 1760. Les Parisiens sont nombreux à se baigner dans la Seine, mais rares sont ceux qui savent nager… Les noyades sont de plus en plus fréquentes et des postes de garde sont mis en place afin de secourir les noyés. Mais les techniques sont encore au stade primaire : un bouche à bouche, des frictions avec de l’eau-de-vie… Une technique singulière apparait au milieu de tout cela : la « fumigation de tabac par le fondement », autrement dit, l’injection de fumée dans les intestins… par l’anus ! De multiples histoires faisant intervenir cette pratique se diffusent, entrainant diverses interrogations sur l’usage.

Qui se diffuse au-delà des frontières

Souffler du tabac dans le derrière des noyés… Même si cela nous parait aujourd’hui totalement farfelu, la méthode a bénéficié d’une légitimité profonde tout au long du XVIIIe siècle et jusqu’au début du XIXe siècle. René-Antoine de Réaumur, éminent médecin de l’époque, est le premier à parler de cette pratique en France et à lui donner une tournure sérieuse dans le domaine médical.

L’autorité scientifique s’empare de la question et des traités à portée internationale voient le jour. À partir des années 1760, toutes les grandes villes européennes ont, proche de leurs cours d’eau, des machines propres à administrer cela : des « boites fumigatoires » qui font la fierté de la population. La presse relaie la pratique comme la Gazette du commerce d’octobre 1778 qui déclare que « on doit regarder comme une des découvertes les plus importantes pour l’humanité les boites fumigatoires destinées à rappeler à la vie les noyés. »

Le défibrillateur avant le défibrillateur

Mais alors d’où sort cette technique ? Pourquoi a-t-on eu l’idée de fonctionner comme cela ? Les premières mentions de l’insufflation anale sont floues, mais la méthode est décrite bien avant le XVIIIe siècle, dans les romans de Rabelais par exemple. On retrouve également une technique similaire dans les rituels du carnaval. Une des danses nécessite un masque que l’on appelle « souffle-à-culs » : les danseurs sont alors des « maîtres du souffle vital » qui raniment les corps à la fin de l’hiver.

L’ouvrage fondateur de la réanimation, Dissertation sur l’incertitude des signes de la mort publié en 1742 par les médecins Winslow et Bruhier fait état de multiples techniques pour réanimer un mort : les recouvrir de fumier, coucher l’individu entre deux autres nues, uriner dans sa bouche… Estimons nous heureux de posséder un défibrillateur !

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