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L’Exposition universelle de 1889 à Paris

Vue générale de l'exposition universelle de 1889
Par Cyrielle

Quand on parle de l’Exposition universelle de 1889, on pense forcément à son emblématique monument, celui qui a attiré tous les regards pendant et après l’événement : la Tour Eiffel. Mais la quatrième exposition internationale parisienne ne pourrait se réduire à cette immense tour de 300 mètres. On lève le voile sur quelques aspects de l’Exposition universelle de 1889 que vous ignorez (sans doute) !

L’exposition a été boycottée par de nombreuses monarchies

Si l’exposition de 1889 est restée dans les mémoires comme une grande fête populaire, elle n’a pas été accueillie avec enthousiasme par tout le monde. En effet, l’événement a non seulement été boudé par une partie de la population française, mais aussi par plusieurs états monarchiques qui ont tout bonnement refusé d’y envoyer une délégation. Ainsi, le pavillon britannique, l’un des plus imposants de l’exposition, a été intégralement financé par des fonds privés et mis en oeuvre par des firmes industrielles, la couronne ayant refusé de participer officiellement. La raison ? L’exposition, qui se déroule sous la Troisième République, se veut une célébration du centenaire de la Révolution française et, par extension, de la chute de la monarchie. Les souverains du monde entier sont donc logiquement très frileux à l’idée de participer à l’événement…

Pavillon de la Grande-Bretagne
Le pavillon de la Grande-Bretagne de l’Exposition Universelle de 1889

 

C’est la première exposition coloniale parisienne

Au XIXe siècle, les expositions universelles ne sont pas seulement des événements visant à célébrer ce qui se fait de mieux en terme d’industrie et d’artisanat dans le monde. À cette époque, elles se placent aussi comme des immenses campagnes de publicité, aptes à révéler la puissance et la grandeur du pays organisateur. Or, la France de la fin du XIXe siècle se revendique à la fois comme une puissance industrielle et militaire majeure et comme un grand “empire” colonial. Elle souhaite donc montrer tous les versants de son influence.

Ainsi, sur le Champ-de-Mars, l’exposition met en avant les beaux-arts, les industries et l’horticulture. Sur l’Esplanade des Invalides, ce sont des pavillons du Ministère de la guerre et, surtout, des pavillons coloniaux que l’on installe. Des villages entiers sont reconstitués et près de 400 indigènes sont déplacés pour faire le spectacle et peupler des décors montés de toute pièce. Ces centaines d’hommes et de femmes considérés comme “primitifs” deviennent rapidement des attractions très plébiscitées par les Parisiens. Autre époque, autre ambiance.

Exposition coloniale de 1889
Distribution de récompenses à l’Exposition Universelle de 1889 – Huile sur toile commandée par l’État et réalisée par Henri Gervex © RMN-Grand Palais – Popovitch

La reconstitution de la Bastille est le plus gros échec de l’exposition

Installé juste à côté de la Galerie des Machines, le pavillon nommé “La Bastille en 1789” est le seul véritable rappel de la Révolution au sein de l’exposition. En ce sens, cette reconstruction de la prison de la Bastille et de la rue Saint-Antoine telles qu’elles ressemblaient aux prémices de la Révolution devait être l’une des attractions-phares de l’événement. Une ribambelle d’attractions étaient prévues : des pièces de théâtre, la reconstitution d’une évasion de prisonniers,  des concerts des Gardes françaises, un régiment d’infanterie militaire qui s’est joint à la foule lors de la prise de la Bastille. Si les organisateurs misaient beaucoup sur cette reconstitution, la Bastille ressuscitée n’a pas obtenu le succès escompté et n’est pas entrée dans l’histoire.

Reconstitution de la Bastille au Champ de Mars

La Galerie des Machines est (elle aussi) une prouesse architecturale

Considéré par beaucoup comme le plus bel édifice de l’exposition, la Galerie des Machines est sans conteste le plus grand. Ces proportions sont en effet gigantesques : large de 115 mètres, haut de 43 mètres et long de 420 mètres, ce bâtiment situé au bout du Champ-de-Mars n’a rien à envier à sa voisine la Tour Eiffel. D’autant plus que ce monument construit pour l’exposition et démoli en 1909 est une véritable prouesse architecturale. En effet, cet immense hall – d’une taille au sol quasiment équivalente à celle du Parc Monceau – ne possède aucun pilier intérieur. Tout le poids de l’édifice est ainsi porté par sa structure en demi-ferme alors même que le monument possède, à l’époque, les plus grandes voûtes au monde. Une performance de plus pour cette exposition qui, grâce à l’usage de l’acier et du fer puddlé, a repoussé toutes les limites de l’architecture de son temps.

Galerie des machines

Une exposition dont il reste peu de traces

De ces dizaines d’édifices plus fous et techniques les uns que les autres, il n’en reste aujourd’hui pas grand-chose, du moins en région parisienne. Il nous reste la tour Eiffel, bien-sûr, mais à part ça, il faut aller chercher dans le détail pour en trouver des traces : quelques ornementations de l’ancien Palais des Beaux-Arts se trouvent dans le square Paul-Langevin (5e), une partie du pavillon d’Hawaii peut être trouvée sur une maison résidentielle de La Garenne-Colombes (92), mais la plupart des matériaux ont été réutilisés et transformés un peu partout dans Paris sans qu’on ne puisse aujourd’hui deviner leur utilité initiale. Certains vestiges de pavillons nationaux ont cependant quitté la France pour rejoindre leur pays d’origine et connaissent une plus agréable postérité. C’est le cas de l’ancien pavillon du Chili, sans doute le plus beau vestige de cette exposition, qui se trouve aujourd’hui à Santiago du Chili et abrite le Museo Artequin :

Le pavillon chilien de l’Exposition universelle de 1889 qui abrite aujourd’hui le Museo Artequín, à Santiago du Chili.

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