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Le sous-sol en « gruyère » de Paris : un péril encore menaçant

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Par Leonard

Sous l’effet de l’exploitation intensive, durant des siècles, du sous-sol parisien et de sa proche périphérie, les risques d’effondrement d’immeubles menaceraient aujourd’hui près de 20% des Parisiens ! Depuis 1774, des affaissements, voire de vraies catastrophes meurtrières, ont régulièrement lieu. Enquêtons sur ce phénomène inquiétant…

L’histoire du « gruyère » parisien

Durant plusieurs siècles, de vastes carrières de gypses étaient installées dans la proche périphérie parisienne, afin d’approvisionner en matériaux de construction la capitale. Le gypse, une roche que l’on retrouve en abondance en île de France, était ainsi utilisé et exploité de façon intensive.  De cette forte exploitation découlera la fracturation de nombreuses cavités souterraines

Tandis que l’urbanisation galopante entraîna une occupation de l’espace de plus en en étendue, des immeubles furent construits sur des sols friables, auparavant exploités. Sous l’effet d’intempéries notamment -le gypse étant une roche qui se dissout au contact de l’eau- ces anciennes galeries souterraines s’effondrèrent par centaines, entraînant parfois avec eux les immeubles situés à la surface…

La première catastrophe de cet type remonte au 17 décembre 1774. Des dizaines d’immeubles situés sur la rue d’Enfer (aujourd’hui le quartier Denfert-Rochereau) s’abattirent dans un bruit assourdissant, aux portes de la Capitale. Face à l’ampleur de la catastrophe et à sa récurrence à Paris et dans ses faubourgs les années suivantes, Louis XVI créa l’Inspection générale des carrières (IGC) pour cartographier les souterrains de la capitale et assurer une mission de prévention. Cette institution existe d’ailleurs toujours aujourd’hui, et possède ses bureaux, ironie de l’histoire, dans le quartier Denfert Rochereau.carrière-2-paris-zigzag

Des risques toujours d’actualité…

Ce faisant, un travail titanesque de recherche en géomorphologie fut entrepris, et leurs résultats inquiétèrent fortement les autorités. Ainsi, presque 1/3 de la capitale et sa proche banlieue, dans les années 2010, présenterait un risque, plus ou moins important, d’effondrement du fait de l’existence dans son sous-sol d’anciennes carrières de gypes ou de craie. Le risque d’effondrement d’immeuble augmenterait d’ailleurs sensiblement l’hiver et les jours de mauvais temps, lorsque les précipitations conduisent à une lente mais dangereuse dissolution du gypse souterrain. Ce risque est démultiplié également par les ouvrages de voirie.

Les habitants de Clamart ont peut-être en mémoire les impressionnantes images de l’effondrement d’une ancienne exploitation de craie, en 1961, qui emporta avec lui une centaine de personnes et faisant plus de 45 morts. En particulier à Meudon, mais aussi dans les Butte-Chaumont, le risque zéro n’existe pas, et seuls de coûteux travaux de consolidation – colmater les cavités souterraines par du béton – peuvent aujourd’hui assurer la sécurité de plusieurs quartiers entiers…

Ainsi, c’est pour répondre à un objectif d’information des pouvoirs publics et des riverains et à une mission de surveillance que l’Inspection générale des carrières (IGC) abat encore aujourd’hui un travail considérable pour lutter contre les caprices de notre sous-sol parisien

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Extrait du plan des carrières de Paris au 1/20 000.
d’après Caron et al. 1986, fig. 24 modifiée.

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Photo de une : L’effondrement de Clamart, en 1961.