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Petite histoire des fontaines Wallace

Evry Daily Photo
Par Cyrielle

Les fontaines Wallace, ces fontaines vertes qui permettent de s’abreuver et que l’on croise régulièrement en se baladant dans les rues de Paris, sont non seulement belles et pratiques, mais également dotées d’une histoire remarquable. Chronique d’une invention née sous le signe de la philanthropie.

Richard Wallace, un généreux donateur anglais

Nous sommes à la fin de l’année 1871. Paris, assiégée entre septembre 1870 et janvier 1871 par les forces prussiennes, vient de vivre son plus rude hiver, suivi de sa période insurrectionnelle la plus violente, la Commune. Pendant plusieurs mois, les Parisiens ont été privés des besoins les plus rudimentaires. Ils ont eu froid – le thermomètre descendait autour de -20°, faim au point de manger les animaux du zoo, mais aussi soif car de nombreux aqueducs ont été détruits pendant la guerre et le prix de l’eau a flambé.

Les indigents ont été les premiers touchés par ces manques et le collectionneur anglais Richard Wallace, installé dans la capitale depuis plusieurs années, en a conscience. Cet éminent donateur se demande ce qu’il pourrait faire afin d’aider les plus démunis et trouve une idée pour le moins géniale : il va offrir à la Ville de Paris des fontaines qui permettront à tous les passants, les plus riches comme les plus pauvres, de se désaltérer.

Fontaine_Wallace,_Paris,_1911
De jeunes hommes et garçons s’abreuvent à une fontaine Wallace, en 1911.

Mais, pour le philanthrope, la mission de ces points d’eau est double : apporter de l’eau potable en libre-accès et embellir la ville. Les fontaines doivent donc s’ancrer harmonieusement dans l’architecture urbaine de Paris et être conçues comme de véritables œuvres d’art. Richard Wallace fait appel au sculpteur Charles-Auguste Lebourg, dont il connait les talents pour avoir recouru à ses services à plusieurs reprises. Fondues en Haute-Marne, les fontaines en fonte de fer sont réalisées en quatre modèles.

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Le grand modèle (gauche), composé de quatre caryatides se tournant le dos et supportant un dôme surmonté de dauphins, mesure près de 2,71 mètres. Le modèle à colonnes (droite), plus petit de quelques centimètres, est plus simple dans son ornementation, mais moins cher à la fabrication.
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Le modèle en applique (gauche) s’accole à un mur. Il ne reste qu’une fontaine de ce type dans Paris, rue de Geoffroy Saint-Hilaire. Les petits modèles à bouton-poussoir (droite) sont souvent installés dans les parcs et jardins publics pour abreuver les promeneurs au gré de leurs balades.

Eugène Belgrand, le père du réseau d’égouts et de la poste pneumatique parisienne, est chargé de définir les emplacements de ces fontaines. Il choisit, en commun accord avec le philanthrope anglais, des lieux stratégiques qui permettent un accès au plus grand nombre. La première de ces fontaines est installée en août 1872 sur le boulevard de la Villette. Plusieurs dizaines d’autres seront installées dans tous les arrondissements de la capitale dans les années qui suivent.

Si elles ne sont plus forcément vertes, une centaine de fontaines Wallace sont encore réparties dans la capitale aujourd’hui et fonctionnent comme au premier jour, c’est-à-dire qu’elles fournissent de l’eau potable de la même qualité que celles des appartements, du 15 mars au 15 novembre. Bon à savoir pour la prochaine grande soif de cet été !

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Crédit photo de une : Evry Daily Photo

Cyrielle Didier