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Ce lieu de torture aujourd’hui disparu a vu défiler pendant 7 siècles les pires bourreaux de l’histoire de Paris !

Enluminure du XIVe siècle avec le Gibet de Montfaucon en arrière-plan © Bibliothèque Nationale de France

Tout au long de sa riche et mouvementée histoire, la ville de Paris a connu bien des visages, avant de ressembler à la capitale qu’elle est aujourd’hui. Une évolution rendue possible par l’aménagement de routes et autres axes, mais aussi l’édification de bâtiments et de monuments. Des édifices qui, pour certains, sont venus remplacer d’autres monuments existant depuis des siècles, mais condamnés par trop vétustes ou pas dans l’air du temps. Et si l’on peut regretter la disparition d’un Luna Park ou du palais des Tuileries, nul doute que cet ouvrage tout droit venu du Moyen Âge n’aurait pas sa place dans le Paris d’aujourd’hui…

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Un édifice spectaculaire pour un spectacle macabre

S’il ne restent à chaque fois plus d’éléments visibles tels qu’un morceau de mur ou même une façade, d’autres objets permettent de faire connaître au plus grand nombre l’existence d’un monument disparu, comme des photos d’archives ou des plaques informatives. Typiquement comme celle que l’on trouve du côté de la place du Colonel Fabien (10ème-19ème arrondissements), qui nous rappelle l’existence du terrible Gibet de Montfaucon. Un lieu qui laisse peu de place au doute : c’est là que l’on pendait les condamnées, à la vue de tous les passants. Des scènes insoutenables qui seraient bien entendu impossibles de nos jours en pleine ville. Mais au Moyen Âge, les espaces parisiens dédiés aux exécutions étaient légion. Noyades, décapitations, bûchers ou écartèlements étaient par exemple pratiqués sur les Pont-Neuf et Saint-Michel, aux portes Saint-Jacques et Saint-Denis, dans les cours du Châtelet et du Palais de Justice, sur le parvis de Notre-Dame, dans le marché aux Pourceaux, au pilori des Halles ou encore sur la place de Grève puis sur la place Maubert. Dans le cas du Gibet de Montfaucon, il s’agit d’un bloc massif à 16 piliers, percé d’ouvertures où pendaient les corps. Ces fourches patibulaires en bois, dont la construction est ordonnée en 1027 par la Haute Justice du comté de Paris, forment peu après 1303 un monument où sont exposées aux vents et aux corbeaux les dépouilles, parfois décapitées ou démembrées, des condamnés à mort. Le message est on ne peut plus clair : décourager tous ceux qui auraient pour ambition de commettre un quelconque méfait.

Un lieu sordide où les cadavres ne cessaient d’être pendus © Albert Harlingue / Roger-Viollet
Un lieu sordide où les cadavres ne cessaient d’être pendus © Albert Harlingue / Roger-Viollet

L’incarnation terrifiante de la justice à Paris

Le Gibet de Montfaucon constitue, durant plusieurs siècles, le plus important gibet royal où s’exerce la Justice de Paris mais aussi le lieu d’exposition des cadavres par excellence. Certains jours, on peut même y apercevoir jusqu’à cinquante, voire soixante cadavres à la fois. Initialement situé en dehors de Paris, sur le terrain d’un certain comte “Falcon” ou “Fulco”, le Gibet gagne plus tard le surnom de “Mont Falcon”, puis “Montfaucon”. Resté à l’extérieur des murailles élevées un peu plus tard par Charles V autour de la capitale, son emplacement correspondrait à peu près aujourd’hui à celui de l’hôpital Saint-Louis, dans le 10e arrondissement. C’est en 1416, durant la guerre de Cent Ans, à la suite de l’insurrection de Paris qu’il adopte sa forme spectaculaire de portique à seize piliers. Par ailleurs, le nombre de ces piliers varie en fonction de la qualité des seigneurs qui les possèdent : huit pour les ducs, six pour les comtes, quatre pour les barons ou encore deux pour les gentilshommes justiciers… Au-delà de tous ces titres, le roi seul peut toutefois faire édifier autant de piliers qu’il le souhaite. Dans le cas de Montfaucon, les seize piliers correspondaient aux seize quartiers de Paris instaurés à la fin du XIVe siècle. Pour ce qui est de l’exécution, le condamné montait à la suite d’un bourreau par une haute échelle amovible posée sur la poutre qui lui était désignée. Le bourreau lui passait au cou la corde accrochée à la poutre, descendait puis déplaçait l’échelle sur le côté pour l’aider à faire le “saut en l’air”.

Indissociable des périodes les plus sanglantes de Paris

Pensée comme une cérémonie, l’exécution démarrait pour les condamnés par un arrêt au couvent des Filles-Dieu, à l’emplacement actuel du passage du Caire. On offre alors aux prisonniers leur dernier repas : trois morceaux de pain béni et un verre de vin, avant que le cortège reprenne sa marche en avant. Qui dit cérémonie dit également public, puisque le châtiment est pensé comme une leçon exemplaire et dissuasive faite au peuple. Un spectacle des plus horribles qui était même donné même les dimanches et jours fériés. Dans son histoire, le Gibet de Montfaucon a connu les derniers instants de quelques personnalités, comme Enguerrand de Marigny, grand chambellan et premier ministre de Philippe le Bel accusé d’avoir pillé les finances ou Pierre Rémi, principal trésorier de Charles le Bel. Ce dernier fera aussi suspendre Girard Gueste, ministre des finances, après l’avoir accusé de détournement d’argent, fait tué sous la torture et trainé dans les rues de Paris. Un soir de 1572, la reine mère Catherine de Médicis emmène à Montfaucon ses fils Henri et François, sa fille Margot et son gendre Henri de Navarre, pour y contempler le cadavre du chef militaire des huguenots, l’amiral Gaspard de Coligny, tué au cours de la Saint-Barthélemy. Avec l’avènement d’Henri IV et la fin des Guerres de Religion, le Gibet de Montfaucon est rendu désuet, bien qu’il serve jusqu’en 1760. Définitivement abattu durant la Révolution, aucune trace visible du gibet ne subsiste. Seuls les mots de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris font encore ressentir l’horreur du lieu : “Dans ce profond charnier où tant de poussières humaines et tant de crimes ont pourri ensemble, bien des grands du monde, bien des innocents sont venus successivement apporter leurs os”.

Le Massacre de la Saint-Barthélemy par François Dubois, avec le Gibet de Montfaucon en arrière-plan © Musée cantonal des Beaux-Arts
Le Massacre de la Saint-Barthélemy par François Dubois, avec le Gibet de Montfaucon en arrière-plan © Musée cantonal des Beaux-Arts

 

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Image à la une : Enluminure du XIVe siècle avec le Gibet de Montfaucon en arrière-plan © Bibliothèque Nationale de France

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