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La petite histoire des Grands Boulevards

Par Cyrielle

Emblématiques de la vie bouillonnante de Paris au XIXe siècle, les Grands Boulevards sont aujourd’hui un passage obligé pour nombre de Parisiens : ces voies qui forment un arc de cercle entre les places de la Bastille et de la Madeleine sont tout simplement quelques-uns des axes les plus fréquentés de Paris ! Mais saviez-vous que le mot « boulevard » a presque été inventé là ? Qu’ils datent du XVIIe siècle ? Connaissez-vous le « Boulevard du Crime » ? On retrace pour vous la petite histoire des Grands Boulevards.

Comment et pourquoi sont nés les “Grands Boulevards” ?

Formés autour de grands immeubles en pierre de taille et de larges voies de circulation, les Grands Boulevards ne sont pas – contrairement à ce que beaucoup pensent ! – nés dans l’esprit du baron Haussmann au XIXe siècle. Leur conception est en fait bien plus ancienne, puisqu’ils nous viennent d’une idée de Louis XIV.

Du XIe siècle au début du XXe siècle, la ville de Paris a presque toujours été entourée par des murs de fortifications. Après plusieurs victoires militaires, le Roi Soleil estime que son royaume est protégé et qu’il peut rester imprenable, même sans mur de protection autour de sa capitale. Finis les remparts et les fossés, il faut faire de Paris un lieu où il fait bon vivre. Pour commencer, le roi fait détruire l’enceinte de son père Louis XIII, puis, à partir de 1670, une partie de l’enceinte de Charles V construite dans la seconde moitié du XIVe siècle. Avec le soutien de son ministre Colbert, le roi projette de créer de magnifiques promenades à leur emplacement.

L’enceinte de Charles V, bientôt remplacée par les Grands Boulevards, sur le plan Saint-Victor (vers 1550)

Ces voies vont alors s’étendre sur 4 kilomètres, entre la Madeleine et la Bastille, et posent les bases des Grands Boulevards d’aujourd’hui. À la place des immeubles et voies de circulations, on y trouve une large promenade ponctuée d’arbres et dédiée aux piétons et aux carrioles. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, les Grands Boulevards constituent un lieu privilégié de promenade sur la rive droite et permettent de délimiter Paris de la campagne.

Mais, au fait,  d’où vient le terme de « boulevard » ?

La réponse ne se trouve pas très loin du royaume de France. Le terme viendrait du flamand Bolwerc qui, dans le langage militaire, désigne la fortification extérieure d’un rempart. Un terme bien connu de Louis XIV, qui a passé plus de la moitié de son règne dans les guerres, et qui est déjà utilisé pour désigner les fortifications des enceintes de Louis XIII et Charles V. Les Grands Boulevards ayant été construits à l’emplacement des « Bolwerc », le terme restera et finira par désigner, au fil du temps, les larges voies installées à leur emplacement.

Comment les Grands Boulevards sont-ils devenus le centre du divertissement au XIXe siècle ?

Progressivement, la noblesse et la finance s’intéressent à ces nouveaux espaces. De magnifiques hôtels particuliers voient le jour dans la partie ouest, alors que l’est accueille les attractions populaires. C’est ainsi qu’apparaissent les cafés, les cabarets et les théâtres, d’où le terme de « théâtre de Boulevard ». Le XIXe siècle est l’apogée des Grands Boulevards et le lieu devient synonyme de fête et de plaisirs. Les bourgeois viennent s’adonner aux plaisirs charnels dans les maisons closes ou se rendent dans l’un des nombreux théâtres qui s’y sont établis. C’est d’ailleurs autour des boulevards que seront créés les passages couverts, offrant une agréable halte à l’abri de la poussière et de la saleté des alentours.

Les Grands Boulevards peints par le peintre Jean Béraud (1849-1935)

Parmi ces nombreux boulevards, on compte le boulevard du Temple, surnommé « Boulevard du Crime » tout au long du XIXe siècle. Ce boulevard, dont une grande partie a aujourd’hui disparu, doit son surnom au très grand nombre de crimes qui y ont été commis… sur ses scènes de théâtre ! À l’époque, une vingtaine de théâtres se côtoient, dont le Théâtre-Lyrique, le Cirque-Olympique, les Folies-Dramatiques ou encore les Funambules, et accueillent pour la plupart, des pièces mélodramatiques, peuplées de meurtres en tout genre.

Le Boulevard du crime en 1862
Le Boulevard du Crime en 1862

Et maintenant ?

Depuis près de 20 ans, la Mairie de Paris s’est engagée dans un vaste projet de rénovation des Grands Boulevards. Il est question de l’amélioration de l’éclairage public, l’aménagement des trottoirs pour le confort des promeneurs ou encore la protection et la rénovation de l’environnement architectural. Un patrimoine parisien à préserver et qui a notamment subjugué Honoré de Balzac. Selon lui, « Toute capitale a son poème où elle s’exprime, où elle se résume, où elle est plus particulièrement elle-même. Nul autre n’est comparable aux Grands Boulevards. »

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