En poursuivant son cycle sur les marchands d’art, le musée de l’Orangerie dévoile cette fois la collection d’art moderne du galeriste allemand Heinz Berggruen (1914-2007). Jusqu’au 27 janvier 2025, l’exposition présente une centaine d’œuvres de Paul Klee, Pablo Picasso, Alberto Giacometti ou Henri Matisse, dont l’inventivité attire toute notre attention, oubliant au passage la présence du marchand.
Lumière sur les marchands d’art
La nouvelle politique du musée de l’Orangerie n’est pas passée inaperçue : mettre en lumière les marchands d’art et leurs collections. Après une exposition consacrée aux relations entre Paul Guillaume et Amedeo Modigliani, c’est au tour du galeriste allemand Heinz Berggruen d’être mis en avant à travers une centaine d’œuvres de sa collection, comptant Pablo Picasso, Paul Klee, George Braque, Henri Matisse, Alberto Giacometti ou Paul Cézanne.
Qui était Heinz Berggruen ?
Né en 1914 dans une famille allemande de confession juive, Heinz Berggruen migre avec ses parents aux États-Unis pour fuir le nazisme, puis s’installe à Paris à la suite de la Libération. À cette époque, il ouvre une galerie consacrée aux arts graphiques, au 70 rue de l’Université. Devenu l’un des plus célèbres marchands d’art moderne, il fréquente alors de nombreux artistes d’avant-garde, et se lie d’amitié avec certains d’entre eux, comme Pablo Picasso – qui n’aurait toutefois jamais réussi à bien orthographier son nom de famille. Il publie également une centaine de petits catalogues entre 1952 et 1998, dont une sélection est présentée au sein de l’exposition.
Inventivités modernes
Le parcours dévoile ainsi une centaine d’œuvres de maîtres de l’art moderne, et l’on déambule dans les salles avec un certain émerveillement à la vue des toiles cubistes de Picasso, des sculptures énigmatiques de Giacometti ou des collages solaires de Matisse. Finalement, les relations d’Heinz Berggruen avec ces artistes nous importent peu, et les cartels sont parcourus à la hâte.
On prend surtout plaisir à découvrir des natures mortes composées avec du sable par Picasso, une série de portraits féminins, ainsi qu’une de ses sculptures en fer. Si les gouaches découpées de Matisse sont toujours captivantes par l’intensité des couleurs, on est particulièrement intrigué par la série de toiles et d’illustrations de Klee aux titres symboliques, tel Fleurs célestes au-dessus de la maison jaune (La Maison élue). En fin de parcours, un étrange lustre de Giacometti est aussi suspendu dans la salle, celui-là même qui se trouvait autrefois dans la galerie de la rue de l’Université.
Romane Fraysse
Heinz Berggruen, un marchand et sa collection
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries, 75001 Paris
Jusqu’au 27 janvier 2025
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Image à la une : © Succession Alberto Giacometti / Adagp, Paris 2024 / Sophie Crépy