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Audiard et les Olympiades, portrait d'un quartier entre besoin d’espace et de renouveau

Par Cyrielle

Avec son dernier film, Olympiades, Jacques Audiard nous rappelle que l’architecture parisienne ne saurait être que simplement haussmanienne. Elle a suivi les mutations plurielles de l’habitat au fil des décennies. Le long-métrage en noir et blanc suit les péripéties amoureuses de trois presque trentenaires résidant dans ce quartier du XIIIe arrondissement. L’occasion pour nous de découvrir ce qui se cache derrière ce mot poétique et imposant d’Olympiades, qui n’est pas que le terminus de la ligne 14, et de revenir sur la naissance d’un quartier emblématique de l’histoire parisienne.  

Aux sources du mythe : un besoin d’espace et de renouveau

À partir des années 1950, l’architecte Raymond Lopez est chargé de cerner les îlots qui pourraient être concernés par une rénovation urbaine de la capitale. Parmi ceux-là, l’îlot « Gobelins Nord », alors traversé par une gare de marchandises. Afin de couler ce qui est désormais l’esplanade (ou dalle) des Olympiades, il est convenu d’enterrer l’infrastructure ferroviaire pour construire des tours de logements à la surface. En tout, ce ne sont pas moins de 3700 habitations qui surgissent des entrailles de la gare pour accueillir 10 000 résidents au bout de huit ans de travaux (1969-1977). 

Voulues comme un exemple de mixité sociale, les propriétés privées s’y mêlent aux HLM, chaque construction portant le nom de villes ayant accueillis les compétitions olympiques, clin d’oeil à l’accueil des jeux d’hiver la même année par Grenoble. “Les Olympiades” englobe tout cet ensemble architectural et est conçu comme un écosystème : écoles maternelles et supérieures, bureaux, centres commerciaux aux allures de pagodes, crèches, promettent un quotidien pré-pensé pour les familles. 

Les Olympiades par Audiard : un quartier populaire tourné vers l’avenir

Dans le film d’Audiard toujours en salles, l’une des protagonistes travaille d’ailleurs comme téléconseillère au sein d’une des tours du quartier. Le réalisateur insiste sur le fait que, depuis les hautes parois vitrées de ces étages, on admire un Paris que l’on surplombe, un peu comme les géants grecs d’ailleurs. Du Panthéon au Sacré-Coeur, ce que l’on pourrait penser comme une excroissance de la capitale est le lieu d’un spectaculaire panorama. Audiard portraitise ce XIIIe arrondissement comme une extension futuriste de Paris, un endroit où tout se joue sur une bande-originale électro composée par Rone. 

Comme dans le film d’Audiard, avec l’automatisation et l’extension de la ligne 14, la dalle des Olympiades promet de devenir un lieu plus central de la vie parisienne, dans la continuité du mythique 5e arrondissement latin. Près de 40 ans après la livraison de ce gigantesque chantier, un profond rafraîchissement est en réflexion. Ce sera probablement l’occasion d’inaugurer des serres agricoles et un jardin public. Couplés à la construction d’immeubles bas aux terrasses végétalisées, l’esplanade pourrait vouloir apporter sa réponse à l’utopie d’une cité résolument opérationnelle et enracinée dans la nature.  Ces projets ne sont pas sans rappeler l’éclosion à laquelle on assiste de l’autre côté de la ligne 14, à Pont Cardinet, signe que le Grand Paris se fait de plus en plus réalité.

Photo de Une : Jacques Audiard sur le tournage des Olympiades (2021), distribué par Memento Distribution.