À Paris, pour ne rien manquer, il faut avoir les yeux partout ! Si vous vous baladez parfois du côté du 11ème arrondissement de la capitale, vous avez sans doute déjà marché, peut-être même sans le savoir, sur les derniers vestiges d’une guillotine ! Une machine à décapitation dont la dernière utilisation en France remonte à moins de 50 ans… au moment où sortait le premier Star Wars !
La peine de mort en France, une histoire pas si vieille
Le 9 octobre 1981 est une date historique de l’histoire de France puisqu’une loi portée par Robert Badinter, alors ministre de la Justice, abolissait la peine de mort et sauvait ainsi de la décapitation le dernier condamné, Philippe Maurice. En effet, si les exécutions publiques furent interdites dès 1939 après la décapitation choquante, en plein jour, d’Eugène Weidmann condamné pour six assassinats, celles-ci se déroulaient toujours, mais à l’intérieur de la prison de la Santé. Roger Bontems et Claude Buffet furent les derniers condamnés à y être exécutés le 28 novembre 1973 tandis que la toute dernière exécution en France eut lieu en septembre 1977 à la prison des Baumettes à Marseille.
Pourtant, près de 50 ans plus tard, les derniers vestiges d’une guillotine sont encore présents dans l’une des rues les plus passantes de la capitale ! Les traces sont discrètes, à peine visibles. Elles n’attirent l’attention que de ceux qui savent ce dont elles témoignent. Probablement avez-vous même déjà marché dessus sans le savoir ! C’est au cœur du 11e arrondissement que ça se passe, dans le quartier très vivant de Bastille, au beau milieu des bars, des restaurants et des boutiques en tous genres. Un lieu qui n’a pourtant pas toujours été aussi convivial et festif, c’est le moins que l’on puisse dire…
Quand Louisette fit tomber les têtes
Elle s’appela d’abord Louisette, ou Louison. C’est le 25 avril 1792 que cet instrument de décapitation finalement baptisé guillotine, du nom de son inventeur le député et Docteur Guillotin, abattit sa lame tranchante pour la première fois dans la capitale, sur l’actuelle place de l’Hôtel de Ville, alors nommée place de Grève.
“Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point. La mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l’homme n’est plus.” Joseph Guillotin
Et si c’est là que se déroulèrent dans un premier temps toutes les exécutions, la guillotine se déplaça par la suite sur la place du Carrousel, face au palais des Tuileries où siègeait le gouvernement révolutionnaire, place Saint-Jacques, place de la Bastille, place du Trône-Renversé (actuelle place de la Nation), ou encore sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) pour l’exécution de Louis XVI, dernier roi de l’Ancien Régime alors âgé de 38 ans, le 21 janvier 1793.
À partir de cette date, c’est sur cette dernière place, initialement appelée Place Louis XV lors de son inauguration en 1763, que se déroulèrent la majorité des exécutions publiques. Parmi les plus célèbres on peut citer Marie Antoinette, Danton, Lavoisier, ou encore Robespierre qui marqua la fin de la longue liste des quelques 1119 personnes qui finirent la tête tranchée pendant la Grande Terreur. Pour l’anecdote, l’un des deux seuls cimetières privés de la capitale, le cimetière de Picpus, n’accueille que les descendants des personnes guillotinées pendant cet épisode sanglant de la Révolution.
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Les vestiges d’une guillotine au cœur de Paris
Puis, à partir de 1851, c’est devant l’entrée des prisons que se déroulèrent ces mises à mort publiques. Dès lors, une guillotine fut installée devant la prison de la Grande Roquette, où les condamnés à mort attendaient qu’arrive leur tour, toujours tard dans la nuit. Jusqu’en 1899, en dehors des temps des soixante-neuf décapitations qui s’y déroulèrent, la machine était entreposée dans un hangar isolé, sans fenêtre ni numéro, au 60 rue de la Folie-Regnault, devant la prison.
Et si la prison fut démolie en 1900 et que la guillotine cessa d’être un moyen d’exécution à partir de 1977, on peut toutefois encore observer les cinq dalles plates et rectangulaires qui furent incrustées dans le bitume pour assurer la stabilité, et donc le bon fonctionnement, du “hachoir national”. L’ancien directeur de la prison les fit desceller et tenta de les vendre au musée Carnavalet après la fermeture de l’établissement, mais se heurta à un refus et fut contraint de les remettre en place. C’est donc à l’angle de la rue de la Roquette et de la rue de la Croix-Faubin, à côté du passage piéton, qu’elles se trouvent encore aujourd’hui.
Dalles de la guillotine
16, rue de la Croix-Faubin
75011 Paris