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Connaissez-vous ce cimetière privé à Paris où ne reposent que des descendants de personnes guillotinées ?

Cimetière de Picpus © Galichonj
Par Alexandre M

Ils font partie, tout comme la Tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe, du patrimoine parisien, à tel point que certains d’entre eux attirent eux des milliers de touristes chaque mois. Lieux de repos, les cimetières sont des destinations incontournables pour les amateurs d’histoire et de culture. Un constat qui s’applique particulièrement à Paris, ne serait-ce que grâce aux cimetières du Père-Lachaise ou de Montparnasse. Avant le 18ème siècle, les Parisiens étaient principalement enterrés dans les cimetières paroissiaux situés au cœur de la ville. Ces lieux, tels que le cimetière des Innocents, sont rapidement devenus surpeuplés, posant d’importants problèmes sanitaires. Inauguré en 1804, le cimetière du Père-Lachaise est le premier cimetière à l’extérieur des murs de la ville à voir le jour,  devenu depuis le plus grand cimetière de Paris et le plus visité au monde. Et si le Père-Lachaise, Montmartre et Montparnasse sont les plus célèbres, Paris regorge d’autres cimetières, plus discrets mais tout aussi chargés d’histoire.

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L’une des pages les plus sanglantes de Paris

C’est dans le 12e arrondissement, sur l’emplacement d’anciennes fosses communes, que se trouve un lieu assez secret, souvent inconnu des Parisiens eux-mêmes. Il s’agit d’ailleurs de l’un des deux seuls cimetières privés de Paris : le cimetière de Picpus. Il faut dire qu’il y a une bonne raison derrière le fait que ce cimetière soit assez méconnu : celui-ci accueille uniquement les corps des personnes ayant été guillotinées pendant la Grande Terreur, ainsi que ceux de leurs descendants. Tout commence en juin 1794, en pleine Terreur. Alors installée place de la Révolution, qui répond aujourd’hui au nom de place de la Concorde, la guillotine fait quotidiennement parler d’elle, en exécutant près de cinquante-cinq personnes par jour… Les chiffres font froid dans le dos : entre le 14 juin et le 27 juillet 1794, plus de 1 300 personnes, âgées de 14 à 90 ans, sont guillotinées. Les fosses communes se remplissent donc à la vitesse grand V et, comme si le spectacle de la guillotine n’était pas assez traumatisant, l’odeur des cadavres inonde petit à petit les rues de la capitale. À quelques centaines de mètres de la sinistre guillotine se trouve toutefois un terrain disponible : le jardin de l’ancien couvent des religieuses chanoinesses de Saint-Augustin, chassées des lieux par la Révolution en 1792. Protégé par de grands murs, l’endroit accueille une première fosse commune, puis une seconde. Au total, les fosses contiennent les corps de 1306 personnes, parmi lesquels des nobles, des militaires, des moines ou encore des nonnes.

Le gravier marque l’emplacement des fosses communes © Ville de Paris
Le gravier marque l’emplacement des fosses communes © Ville de Paris

Un lieu né de la volonté d’honorer les victimes de la guillotine

En 1796, la princesse allemande Amélie de Salm-Kyrbourg rachète le terrain, en souvenir de  son frère et de son amant, qui laissera pour veuve une certaine Joséphine de Beauharnais, tous deux guillotinés. Plus tard, c’est une société composée de familles issues de la noblesse, dont l’épouse du marquis de la Fayette, qui se fonde à partir de 1800 afin de perpétuer la mémoire des disparus. C’est ainsi que le cimetière de Picpus est né. Il faut dire que la marquise de la Fayette a de quoi être concernée par la guillotine : sa grand-mère, sa mère et sa sœur aînée, toutes guillotinées, ont été inhumées dans l’une des fosses communes. Le Comité de la Société de Picpus voit le jour et un cimetière est créé à côté des sinistres fosses communes, destiné à accueillir les seuls descendants des familles de suppliciés de la Révolution. Ce qui est toujours le cas aujourd’hui et qui fait la singularité de ce lieu à Paris. Comme dans les autres cimetières de la capitale, on retrouve ainsi des noms prestigieux à Picpus, à commencer par celui de Gilbert du Motier, marquis de La Fayette. S’il repose à côté de son épouse, la particularité est que son cercueil est recouvert avec de la terre ramenée des Etats-Unis tandis qu’un drapeau américain flotte au-dessus de sa tombe. Chaque 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, l’ambassadeur des Etats-Unis vient lui rendre hommage, accompagné de représentants de la Ville de Paris, du Sénat et d’autres associations. Parallèlement, d’autres familles célèbres ont également leurs sépultures ici, comme les familles de Montalembert ou de la Rochefoucauld.

Tombe du marquis de La Fayette © Adobe Stock
Tombe du marquis de La Fayette © Adobe Stock

Un cimetière qui regorge de curiosités

Si, depuis 1926, l’endroit appartient à la “Fondation de l’Oratoire et du cimetière de Picpus”, il s’agit d’un important lieu de mémoire où l’on vient prier pour les victimes et les bourreaux. Puisqu’en plus des victimes de la guillotine et leurs descendants, on trouve également dans le cimetière des plaques commémoratives en mémoire des membres des familles descendantes de suppliciés qui ont été déportés et sont morts dans les camps nazis durant la Seconde guerre mondiale.Inscrit au titre des monuments historiques depuis 1998, ce trésor méconnu n’en reste pas moins visitable. À condition d’opter pour une visite payante de 2 euros, uniquement l’après-midi, de 14 h à 17 h, du lundi au samedi. L’occasion de venir admirer l’une des autres particularités de ce cimetière : une sculpture en bois dans la chapelle du cimetière, datant de 1530, représentant Notre-Dame de la Paix tenant l’enfant Jésus. Une œuvre qui a la réputation d’être miraculeuse puisqu’elle serait notamment à l’origine de quelques guérisons de Louis XIV. Une raison de plus de découvrir ce lieu qui a décidément beaucoup de choses à raconter sur l’Histoire de Paris.

Un cimetière des plus discrets qu’il est toutefois possible de visiter © Flickr
Un cimetière des plus discrets qu’il est toutefois possible de visiter © Flickr

 

Cimetière de Picpus
35 rue de Picpus
75012 Paris

 

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Image à la une : Cimetière de Picpus © Galichonj

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