Ce château méconnu à 3h de Paris abrite un gigantesque musée consacré à une pratique bien particulière !

Par Alexandre M

Tout comme les musées, les monuments ou même les restaurants, il existe des châteaux connus et reconnus, qui attirent chaque année des milliers de curieux et dont la renommée a depuis longtemps dépassé les frontières nationales. Parmi les centaines de châteaux de la Loire existants, il y a bien entendu les plus célèbres, comme Chenonceau, Chambord ou Azay-le-Rideau. Mais l’on oublie trop souvent ces pépites, parfois situées tout proches de ces “vedettes” de la Renaissance, qui méritent largement le détour. Art de vivre, histoire quasi-millénaire, charme pittoresque et immersion totale dans la vie de château, certains édifices peuvent également se vanter d’avoir accueilli des rois de France.

De place forte médiévale à demeure notable de la Renaissance

Autant de caractéristiques qui s’appliquent parfaitement au château de Montpoupon, dépendant de la commune de Céré-la-Ronde et ses 400 habitants. Son nom tire son origine de ce clan germanique du temps de Charlemagne, les Poppo, qui choisit ce promontoire rocheux sur lequel est construit l’actuel château dans le Val de Loire. L’étymologie du nom est directement liée à ce clan : Mons Poppo, soit la colline du clan Poppo, qui deviendra au rythme de l’évolution du langage Montpoupon. Au Moyen Âge, l’édifice est le témoin silencieux de la lutte opposant Foulques Nerra, puissant comte d’Anjou, et Eudes Ier, comte de Blois. Situé à mi-chemin entre Loches, aux mains de Foulques Nerra, et de Montrichard, appartenant à Eudes de Blois, le château de Montpoupon représentait donc un point stratégique majeur dans cette guerre d’égo. C’est donc tout naturellement que le château devient une véritable place-forte, dont le soubassement de la grosse tour en est le meilleur témoignage. Mais comme d’autres châteaux de la Loire, le château est endommagé durant la Guerre de Cent Ans et même délaissé, avant de renaître de ses cendres. Propriété d’Antoine de Prie, conseiller du roi Charles VII, au XVe siècle, le château de Montpoupon devient alors une demeure confortable dans le style Renaissance. Tandis que le domaine restera propriété de la famille jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, il est fort probable que le roi François Ier ait dormi au moins une nuit à Montpoupon, dans la Chambre du Roi, après une partie de chasse dans les forêts avoisinantes.

Une salle de séjour avec l’emblème d’Amboise © Adobe Stock

Un château aux dimensions humaines

Une pièce majeure de la visite, parfaitement préservée, comme la salle à manger ou l’incroyable cuisine comprenant plus de 150 éléments de cuivre, donnant ainsi un aperçu de ce à quoi pouvait ressembler la préparation d’une réception au château. Une pièce qui abrite une autre curiosité : des poutres peintes en camaïeu de gris. Il en est ainsi en signe de deuil après la mort du roi Henri III, et l’on retrouve d’ailleurs la même chose dans la chambre de son épouse, la reine Louise de Lorraine, au château de Chenonceau. Comme tout bon château de la Loire qui se respecte, le château de Montpoupon séduit aussi par son extérieur. Mieux, le château propose une promenade ludique en forêt ponctuée de bornes pédagogiques permettant d’approcher et comprendre la faune et la flore locales au travers de traces d’animaux, de silhouettes grandeur nature, et de la présentation d’espèces d’arbres avec leur écorce, leur feuille, etc… Autre pièce majeure : la salle d’Amboise, où les lettres A et M entrelacées sur le manteau de la cheminée nous rappellent que le domaine fut aussi une seigneurie d’Amboise. En parlant de propriétaires, il convient de rappeler que le château de Montpoupon est avant tout une magnifique forteresse à taille humaine toujours habitée par ses propriétaires.

Un musée pour tout savoir de la chasse à courre

Si le château de Montpoupon comprend aussi une formidable collection de jouets d’enfants de la fin du XIXe siècle visible dans la chambre d’enfant de Mademoiselle, c’est un autre espace qui attire également de nombreux curieux chaque année. Activité phare lors de la réception de grands noms, à commencer par le roi de France, la chasse, et plus particulièrement la chasse à courre, est à l’honneur au château de Montpoupon, à travers le Musée du Veneur. Un vaste espace présentant le savoir-faire des artisans d’exception exerçant leur art pour la chasse à courre, puisqu’on dénombre pas moins de 30 salles. Écuries, qui accueillent notamment une collection de voitures hippomobiles et selleries, où l’on peut admirer des exemplaires des plus rustiques aux plus luxueux, mais aussi le logis du piqueur, cheville incontournable d’un équipage de chasse à courre, et les appartements reconstitués d’un veneur sont autant de pièces qui forment ce riche musée. Autre particularité de ce musée, la présence de la Maison Deyrolle, célèbre taxidermiste qui redonne vie aux insectes et aux animaux sauvages des forêts française par la naturalisation, mais également à la production de ces cartes scolaires d’antan qui permettaient aux écoliers de découvrir les sciences et la géographie. Dans un registre bien différent, la maison Hermès est également présente dans le Musée du Veneur. Harnacheur depuis 1837, avant de devenir sellier en 1880, le savoir-faire d’Hermès est mis en lumière dans une salle éponyme présentant les différentes étapes de fabrication d’une selle Hermès.