Ce village de caractère perché à plus de 200 mètres d’altitude émerveille par ses maisons du XIe siècle et son château vieux de 800 ans !

Par Alexandre M

Localisé au sud du Massif central et étendu sur une superficie de plus de 320 000 hectares, le Parc National des Cévennes jouit de paysages sauvages et préservés, jalonnés de torrents, rivières et ruisseaux, tout en abritant une faune et une flore à la fois riches et diversifiées, qui lui valent d’être classé réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO. Idéal pour les randonnées, les balades au calme et les sorties en familles, ce parc regorge de sites à découvrir, tout en apprenant un peu plus sur l’histoire et la culture de la région. Un séjour dans la région est aussi l’occasion d’arpenter les environs à la découverte de superbes villages, parfois très anciens, qui ont eux aussi quelques histoires à raconter…

Étape majeure pour les commerçants il y a bien longtemps

Situé au carrefour des Cévennes et de la Provence, il existe un village perché qui a su tirer avantage de cette situation privilégiée pour devenir une étape majeure sur une voie romaine, puis sur un chemin médiéval reliant le littoral méditerranéen au nord du Massif Central. Dominant l’antique voie de Régordane, qui reliait Saint-Gilles au Puy en Velay, Vézénobres s’étale majestueusement sur les flancs d’un promontoire dont le sommet offre un panorama splendide. Comme une forteresse dévoilant son imposante stature au fur et à mesure que l’on approche, il suffit d’emprunter la N106 de Nîmes à Alès lorsque, au détour d’un virage, on aperçoit la cité perchée au loin. Parmi les endroits emblématiques du village, on trouve notamment la rue des maisons romanes, composée d’habitations des XIème et XIIème siècles. Une architecture romane tout simplement unique en France. L’occasion également de rappeler que c’est dès le XIe siècle que Vézénobres devint une étape importante des commerçants et pèlerins. Les habitations se multiplient alors horizontalement en suivant les paliers de la falaise et sont reliées par des “androunes”, des escaliers et calades. Avant cela, les Romains virent très vite l’intérêt stratégique de cet emplacement pour y établir un oppidum aujourd’hui disparu.

Une vue imprenable sur la région des Cévennes © VoyageForum

Les traces de lourds conflits encore visibles aujourd’hui

Véritable seigneurie vassale de la maison d’Anduze, il semble que Vézénobres ait eu une certaine importance au XIIe siècle et au XIIIe siècle, comme l’atteste la population de l’époque (340 foyers en 1295). Aujourd’hui encore, on peut toujours admirer quelques maisons romanes en empruntant l’axe principal de Vézénobres. Comme une manière habile de nous guider vers les deux châteaux qui dominent les lieux. On trouve tout d’abord le château Fay-Perault, vieux de 800 ans, et dont il ne reste malheureusement que des ruines évoquant parfaitement les tristes guerres de religion qui ont secoué la région. Parfait vestige de cette époque sombre : le temple protestant de Vézénobres, un des lieux que l’édit de Nantes avait prévu pour que les Protestants puissent librement pratiquer leur culte. Ayant échappé à la destruction lors des guerres de Religion, le temple sera désaffecté après la révocation de l’édit puis rendu au culte et restauré de 1792 à 1793. Depuis, l’endroit abrite notamment une chaire reconnue comme remarquable. Autre château, cette fois mieux conservé : l’impressionnant château Girard, construit durant la guerre de Cent Ans et intégré aux fortifications qui participaient pleinement à la protection du village. Actuellement, le château est occupé côté nord par la Mairie et côté sud par la Maison de la figue et du tourisme. Enfin, dans la rue principale, c’est la tour de l’horloge qui attire le regard en plus de sonner les heures au rythme de la journée.

Merveilles architecturales et dégustation de figues au programme de la balade

Labellisé “Villages de Caractère”, Vézénobres est donc une merveille perchée dont les moindres secrets se dévoilent au fil de la marche. À condition bien entendu d’avoir de bonnes chaussures, car les marches et la situation géographique risquent de bien solliciter les cuisses et mollets. Ce qui n’est pas un secret en revanche, c’est que cette cité est reconnue pour un fruit bien particulier : la figue. En effet, au XIème siècle se tenait la foire de la Saint-André, réputée dans toute la France pour la vente, l’achat et l’échange de figue venant de l’ensemble de l’Europe. Un héritage parfaitement perpétué au début du XXIème siècle, lorsqu’un verger conservatoire de la figue fut érigé, regroupant sur 2 hectares pas moins de 1 000 arbres pour une centaine de variétés différentes. D’où l’ouverture en 2019 de la Maison de la Figue, entre espace scénographique, expériences ludiques, petits films et boutiques pour tout savoir de la figue. Une passion qui se ressent dans les ruelles du village, grâce aux “calaberts”, ces terrasses abritées, orientées plein sud, permettant le séchage des figues. Plusieurs maisons à calaberts sont visibles dans le village. Au fil de la balade, d’autres merveilles architecturales se dévoilent, comme l’hôtel de Montfaucon. D’époque Renaissance et dit Maison d’Adam et Ève, cet hôtel particulier aux belles fenêtres à meneaux et sa tour polygonale surmontée d’une élégante terrasse a été décidée en 1547 par la baronne Françoise de Montfaucon. Pas étonnant à ce que Vézénobres ne cesse de séduire les visiteurs. C’est bien simple : même Mick Jagger, membre emblématique des Rolling Stones, acheta une maison dans les années 70. S’il n’y resta que quelques mois, la région alors très peu desservie par les transports lui permettait de trouver calme et repos et de s’octroyer (enfin) un peu de satisfaction.