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C’est à Périgny-sur-Yerres, non loin des anciens ateliers de Jean Dubuffet, que se trouve une œuvre monumentale conçue par l’artiste entre 1971 et 1976 : la Closerie Falbala. Sous ce nom cartoonesque, on découvre un monument typique de la période de L’Hourloupe, caractérisée par des stries noires flirtant avec des géométries blanches, bleues et rouges. Étendue sur 1 610 mètres carrés aux côtés de la Fondation Dubuffet, cette « création de l’esprit » abrite en son centre une Villa renfermant un énigmatique Cabinet logologique.
Le Cabinet logologique
Tout commence lorsque l’idée d’un « Cabinet logologique » germe dans l’esprit de Jean Dubuffet. Ce qu’il définit comme une « chambre d’exercice philosophique » lui permet alors de s’abstraire de la réalité pour concevoir une multiplicité d’autres mondes. Ce Cabinet est alors un lieu conçu selon son imagination et ses perceptions de la réalité, de sorte à révéler l’infinité de lectures possible. En ce sens, Dubuffet remet en cause l’idée même d’une réalité objective, pour préférer la multiplicité et l’interchangeabilité des réalités selon l’imagination.
À partir de ce Cabinet, Dubuffet conçoit un « sol mouvementé » et de « sinueuses découpes verticales » : celles-ci constituent ce qu’il nomme la Closerie Falbala – nom dont il ne donne pas d’explication, comme pour certains de ses néologismes. Il conçoit alors ce décor comme un simulacre de paysage nous faisant pénétrer dans un autre monde, de sorte d’éprouver « le sentiment de ne plus se trouver dans la nature, mais dans une interprétation mentale de celle-ci ». Car la Closerie Falbala provient d’un dessin réalisé par Dubuffet, que celui-ci a souhaité retranscrire en trois dimensions pour pénétrer au plus près de son imagination. L’artiste quitte de ce fait le monde naturel pour s’épanouir pleinement dans « la création de l’esprit ».
La Closerie en trois dimensions
Jean Dubuffet décide alors de lancer la construction de la Closerie Falbala entre 1971 et 1976 afin d’accueillir ce fameux Cabinet logologique. Réalisée d’après dessins et maquettes, cette œuvre monumentale est composée d’un sol et de murs en béton projeté entièrement revêtus de peinture polyuréthane blanche historiée de tracés noirs. Un vaste paysage qui donne le sentiment de poser le pas sur une tout autre planète.
Étendue sur 1 610 mètres carrés, la Closerie Falbala est toutefois habitée par une étrange Villa – également nommée Falbala – en son centre. Réalisée en résine stratifiée, elle détient une grande porte qui n’est pas perceptible à première vue : c’est là que l’on pénètre alors dans l’Antichambre, avant d’arriver au Cabinet logologique.
Lorsque l’on pénètre cette curieuse Villa aux airs de grotte, on découvre alors des murs entièrement recouverts de peintures aux motifs abstraits rouges, bleus et blancs, sur une surface en reliefs. Cet étrange Cabinet ressemble à une cachette, lieu isolé qui concrétise parfaitement la période dite de L’Hourloupe de Dubuffet. De son vivant, l’artiste refuse d’ailleurs que des visites de groupe soient faites dans ce lieu intime, qui doit être une expérience personnelle pour chaque promeneur.
Préserver le lieu
Celle-ci a d’ailleurs été classée aux Monuments historiques et a connu un long chantier de restauration entre les années 2000 et 2003. L’architecte en chef de Monuments historiques, Christiane Schmuckle-Mollard, et l’ancien collaborateur de l’artiste, Richar Dhoedt, sont intervenus sur les dégradations de la Closerie et de sa Villa, notamment l’écaillage, la perte d’adhérence de la peinture, le vieillissement des joints de dilatation, les fissures et les ruissellements. Le tout a alors été recouvert d’une couche de résine stratifiée sur le sol et les murs.
Malgré cette intervention, l’œuvre réalisée en béton projeté connaît aujourd’hui encore de nombreuses dégradations : les irrégularités de la surface extérieure ne facilitent pas la bonne préservation du lieu. De ce fait, la Fondation Dubuffet est en pleine réflexion sur de nouvelles interventions à mener, permettant de sauvegarder l’œuvre monumentale sans la dénaturer par l’usage de nouveaux matériaux.
Au gré des collections
Au-delà de la monumentale Closerie, la Fondation Dubuffet de Périgny-sur-Yerres possède aussi toute une collection d’œuvres données par l’artiste. Reconnue d’utilité publique le 22 novembre 1974, celle-ci possède ainsi une centaine de maquettes d’architecture, une centaine de dessins liés aux monuments et aux peintures projetées, ainsi que tout le matériel du spectacle Coucou Bazar. À la mort de Dubuffet en 1985, celle-ci hérite aussi de toutes ses archives composées d’une photothèque, de carnets de dessins, d’écrits, de livres illustrés ou de disques.
Déambuler parmi les collections, c’est donc découvrir plusieurs toiles de l’artiste, mais aussi pouvoir découvrir l’œuvre Coucou Bazar en mouvement ! En effet, cet ensemble de sculptures typiques de L’Hourloupe réalisé en 1973 forme un immense tableau vivant qui s’anime selon une commande mécanique.
À côté de cela, les anciens ateliers de sculpture de l’artiste sont transformés en salles d’exposition afin d’accueillir plusieurs maquettes de ses projets de monuments, comme celle de la Tour aux figures. L’occasion de découvrir la diversité des créations de Dubuffet, dont certaines ont été réalisées, tandis que d’autres pourront voir le jour prochainement, selon le souhait de l’artiste.
Romane Fraysse
Closerie Falbala
Fondation Dubuffet
Sentier des Vaux, 94520 Périgny
Visites guidées sur rendez-vous
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Image à la une : La Closerie Falbala – © François PENILLEAULT / Flickr
