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Connaissez-vous l’incroyable voyage qu’a dû effectuer ce monument emblématique de Paris malgré ses 220 tonnes ?

Obélisque de la Concorde © Sonnet Sylvain / Hemis.fr
Par Alexandre M

De par sa longue histoire, Paris est un véritable musée à ciel ouvert, où reposent des monuments riches de plusieurs siècles d’histoires et théâtres d’événements prestigieux ou brutaux. On connaît par exemple le musée Carnavalet comme le plus ancien de la capitale ou la maison de Nicolas Flamel comme la plus ancienne. Mais connaissez-vous le plus ancien monument de la capitale ? Si l’on pense souvent à l’église Saint-Julien-le-Pauvre, construite au XIIe siècle, ou aux arènes de Lutèce, formidable vestige de l’époque gallo-romaine, la réponse se trouve dans le 8ème arrondissement : l’Obélisque de la Concorde. Majestueux souvenir de l’Égypte antique, l’Obélisque de Louxor n’a cessé de fasciner les visiteurs comme les experts, et ce bien avant son arrivée dans la Ville Lumière ! 

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Un bateau construit sur-mesure pour l’expédition

Un monument parmi les plus prestigieux de la capitale, puisque celui-ci ornait autrefois l’entrée du temple d’Amon à Louxor, nous renvoyant aux XVIIIe et XIXe dynasties de l’antiquité égyptienne, soit entre -1500 et -1180. Cet obélisque est en fait un cadeau de Méhémet Ali, alors vice-roi d’Egypte, qui décide en 1829 de faire cadeau de la colonne et de sa jumelle à Charles X et à la France, en signe de bonne entente. Mais une seule parviendra finalement jusqu’au sol parisien. C’est d’ailleurs Jean-François Champollion, premier déchiffreur des hiéroglyphes, qui jette son dévolu sur l’obélisque de droite. Encore faut-il réussir à ramener un géant situé à 700 kilomètres en amont de l’embouchure du Nil. Après le feu vert du gouvernement égyptien et l’étude de divers projets de transport par radeau, un navire est finalement construit sur mesure à Toulon : le bien nommé Louxor. Le bateau, qui doit pouvoir être assez long (43 mètres) sans être trop haut (9 mètres) pour pouvoir passer sous les ponts de Paris, quitte la ville portuaire en avril 1831 avec, à son bord, 121 passagers et plusieurs tonnes de matériel. Le début d’une expédition pour le moins compliquée : après avoir fait face à une épidémie de choléra à peine arrivé, l’équipage se heurte à une terrible fissure de huit mètres à la base de la colonne. Vient ensuite la descente du monolithe descendu au moyen de deux appareils actionnés par 200 hommes. Et comme si la descente ne suffisait pas, le chargement à bord du Louxor est également un périple : une trentaine de maisons sont rasées pour amener l’obélisque jusqu’au bateau, dont l’avant est découpé puis reconstruit pour permettre au monolithe d’embarquer correctement.

Grande entrée du temple d’Amon avec ses deux obélisques vers 1800 - Aquarelle de François-Charles Cécile © Musée du Louvre
Grande entrée du temple d’Amon avec ses deux obélisques vers 1800 – Aquarelle de François-Charles Cécile © Musée du Louvre

Une installation qui aura duré trois ans

Véritable défi technique, parmi les expéditions les plus éprouvantes de l’Histoire, l’Obélisque arrive finalement au pont de la Concorde à Paris le 23 décembre 1833, soit deux ans et huit mois après le départ du Louxor de Toulon. Après avoir réglé la question de savoir où sera installé cet obélisque, le choix entre les Invalides et la place de la Concorde étant finalement tranché par le roi Louis-Philippe qui opte pour la Concorde, encore faut-il réussir à installer correctement ce colosse de 220 tonnes.  Car, pour élever le monolithe, il faut un piédestal et voilà donc le Louxor reparti, direction le Finistère pour rapporter 240 tonnes de granit de l’Aber-Ildut. La base d’origine de l’obélisque représentait des babouins dont le sexe était proéminent, ce que le roi Louis Philippe jugea indécent. Remplacée par le granit, cette base originelle n’a toutefois pas quitté Paris, puisqu’elle peut être admirée au Musée du Louvre. Finalement, c’est le 25 octobre 1836, soit trois ans plus tard, que l’Obélisque est installé fièrement sur la place de la Concorde. Un emplacement loin d’avoir été choisi au hasard :  sur une place représentant à la fois la royauté, car anciennement la place Louis XV, et la révolution, puisque c’est ici qu’ont été guillotinés Marie-Antoinette et Louis XVI, l’obélisque est un monument neutre n’ayant aucune connotation politique si ce n’est celle de rapprocher symboliquement la France et l’Egypte.

​​Mise en place de l'Obélisque de Louxor sur la place de la Concorde © Bibliothèque nationale de France
​​Mise en place de l’Obélisque de Louxor sur la place de la Concorde © Bibliothèque nationale de France

Le Tout-Paris réuni pour admirer l’inauguration du plus vieux monument de la capitale

En ce jour du 25 octobre 1836, ce sont près de 200 000 Parisiens qui se pressent pour découvrir la nouvelle vedette de Paris, qui demeure le monument le plus vieux de la capitale. À 11 h 30, les centaines de musiciens présents qui interprétaient Les Mystères d’Isis de Mozart s’interrompent pour laisser place à l’ingénieur Apollinaire Lebas, qui donne l’ordre de dresser le monolithe. 350 artilleurs amorcent alors leur marche circulaire et cadencée autour des dix cabestans de l’appareil de levage. Sous les yeux ébahis du Tout-Paris, le géant du temple d’Amon se redresse fièrement pour dominer la place de la Concorde et les environs. Après l’apparition du roi Louis-Philippe, du prince et de personnalités conviées au balcon de l’hôtel de la Marine, le succès de l’opération est confirmé en début d’après-midi, alors que le drapeau national est fièrement hissé au sommet et que les applaudissement résonnent sur la place de la Concorde. L’accomplissement d’une véritable épopée, que Jean-François Champollion n’aura pas eu l’honneur de voir car décédé en 1832, mais qui demeure assurément parmi les grands moments de ce XIXe siècle parisien. Depuis, le géant égyptien a connu plusieurs travaux d’embellissement, comme l’ajout de la coiffe dorée de 23 carats en 1998, ou de restauration, dont la dernière date de 2022. Peu importe que sa jumelle ne soit jamais arrivée jusqu’en France, l’Obélisque de la Concorde continue d’impressionner de sa stature et de son aura millénaire les millions de Parisiens et touristes qui passent à ses pieds.

 

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Image à la une : Obélisque de la Concorde © Sonnet Sylvain / Hemis.fr

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