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Connaissez-vous l'incroyable et terrifiante histoire de cette famille de bourreaux enterrée au cimetière de Montmartre ?

Par Melina

En vous promenant dans les allées du cimetière de Montmartre, certaines tombes ne manqueront pas d’attirer votre attention par les fleurs qui les recouvrent, un patronyme connu ou quelques autres excentricités. À côté d’autres en revanche, plus discrètes, presque effacées, vous passerez sans vous arrêter… Sauf si vous connaissez l’histoire incroyable à laquelle elles sont liées ! Comme celle de cette famille de bourreaux, qui a de quoi vous glacer le sang !

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Le cimetière de Montmartre et ses célébrités

Il n’a pas la renommée historique de celui du Père-Lachaise mais fait néanmoins partie des plus beaux cimetières parisiens. Niché au pied de la Butte Montmartre, dans le 18ème arrondissement de Paris, le cimetière du Nord, communément appelé cimetière de Montmartre, offre leur dernière demeure à quelques célébrités. On y trouve, entre autres, Charles Baudelaire, Simone de Beauvoir, Dalida, Michel Berger, France Gall, Michel Galabru ou encore Stendhal…

Panneau Cimetière de Montmartre © Grande Arche
Panneau Cimetière de Montmartre © Grande Arche

Et c’est non loin des tombes d’Hector Berlioz et d’Émile Zola, du côté de la 20ème division de ce cimetière généreusement arboré, que plusieurs générations d’une même famille reposent… mais on a un peu de mal à imaginer que ça puisse être “en paix” ! Leur sépulture est modeste, mais n’en est pas moins l’une des plus visitées. Elle est celle d’une famille pas franchement comme les autres, heureusement, et dont l’histoire est digne d’un film d’horreur. Leur profession, de père en fils ? Bourreaux.

Une profession à faire tomber les têtes…

Compétences : décapitation, pendaison, écartèlement, démembrement et autres tortures et châtiments corporels… Il fallait évidemment vivre au Moyen-Âge pour prétendre inscrire ces lignes sur son CV ! En effet, à partir du XIIIe siècle, “exécuteur des hautes-œuvres” était bel et bien une profession. Un intitulé moins dérangeant… pour une réalité tout aussi terrifiante puisqu’il s’agissait d’exécuter les jugements criminels ordonnés par les arrêts de justice de la ville de Paris.

D’ailleurs, on ne peut pas dire que les bourreaux et leurs familles avaient la belle vie, loin de là. Contraints d’habiter en dehors de la ville, aux côtés des prostituées et des lépreux, dans des maisons affublées d’une porte rouge, ils avaient par ailleurs interdiction de scolariser leurs enfants et devaient, dès le XVe siècle, porter un signe distinctif, rouge également, de la couleur du sang qu’ils faisaient couler. Une mise à l’écart de la société qui ne leur laissait finalement guère d’autre choix que de rester entre eux et se transmettre le flambeau de génération en génération… De nombreux mariages consanguins furent ainsi consentis par l’église dans ces familles.

Les Sanson : bourreaux de père en fils

C’est entre 1688 et 1847 qu’ils ont sévi. Six générations de la famille Sanson, originaire de Normandie, dont le premier fut Charles Henri. Il ne s’agissait là pas d’une vocation mais d’un malheureux hasard qui le contraignit à épouser en 1675 la fille du bourreau de Rouen, Pierre Jouënne, dont il était tombé amoureux plus tôt sans avoir la moindre idée de l’identité de celui qui allait devenir son beau-père et qu’il devrait assister dans ses tâches… La première expérience le mit d’ailleurs en difficulté puisqu’il ne parvint pas à mener à bien un supplice de la roue, qui consistait à briser tous les os du condamné avec une barre de fer avant de l’attacher sur une roue jusqu’à ce que mort s’ensuive, et s’évanouit après le premier coup porté.

Exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 par Charles-Henri Sanson
Exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 par Charles-Henri Sanson

Ce qui ne l’empêcha pas de prendre la relève de son beau-père quelques années plus tard, et de devenir le premier bourreau de la dynastie des Sanson. Un héritage dont se seraient probablement bien passé ses descendants Charles Sanson II, Jean-Baptiste Sanson, Charles-Henri Sanson dit “le Grand Sanson” qui utilisa pour la première fois la guillotine, Henri Sanson, son frère Gabriel Sanson qui mourut accidentellement en tombant de l’échafaud tandis qu’il brandissait une tête qui venait d’être coupée, et Henri-Clément Sanson. Seuls les trois derniers sont enterrés dans le cimetière de Montmartre.

Du “Grand Sanson” à la fin d’une lignée

Charles-Henri Sanson, dit “le Grand Sanson” est sans nul doute le membre de cette lignée à avoir tranché le plus de têtes, Révolution oblige. On parle de plus de 3000 personnes décapitées par ses soins ! Parmi elles on trouve de grands noms de l’Histoire tels que Lavoisier, Louis XVI, Marie-Antoinette, Robespierre, Danton… Des noms qu’il notait scrupuleusement dans un carnet, parfois accompagnés des circonstances de leur mort.

Exécution par guillotine de Robespierre et Louis Anoine de Saint-Just en 1794 © AdobeStock_Emilio Ereza
Exécution par guillotine de Robespierre et Louis Anoine de Saint-Just en 1794 © AdobeStock_Emilio Ereza

Il fut d’ailleurs le premier à utiliser la guillotine, et joua même un rôle essentiel dans sa création. En effet, la décapitation était jusqu’alors réservée aux nobles et réalisée au sabre. Mais la Révolution augmenta considérablement le nombre des condamnations, ce qui rendit le processus à la fois trop fatigant pour les bourreaux et pas assez efficace (le premier coup étant rarement suffisant), ce dont Charles-Henri fit part à l’Assemblée qui réfléchit alors à l’élaboration d’une machine mécanique, plus adaptée.

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Robespierre guillotinant le boureau après avoir fait guillotiner tous les Français : cy gyt toute la France : [estampe] – Recueil. Collection de Vinck. Un siècle d’histoire de France par l’estampe, 1770-1870. Vol. 48 (pièces 6461-6583), Ancien Régime et Révolution

Lassé par ce métier, Charles-Henri Sanson passa le flambeau à son fils Henri en 1795. Celui-ci ne trancha “que” 18 têtes, dont celle d’Antoine Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire qui décapita plus de 2000 “ennemis de la Révolution”. Moins de cinquante ans plus tard, il fut licencié de son poste pour dettes, ce qui marqua la fin de la plus célèbre dynastie de bourreaux. Le dernier usage de la guillotine en France eut lieu le 10 septembre 1977 à la prison des Baumettes de Marseille, et la peine de mort fut abolie le 17 septembre 1981.

Cimetière de Montmartre
20 avenue Rachel et rue Ganneron
75018 Paris

À lire également : Les dernières traces de la guillotine peuvent encore être observées à Paris ! Savez-vous où elles se trouvent ?

Image en Une : Cimetière de Montmartre ©AdobeStock_ Jan Zoetekouw

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Mélina Hoffmann