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5 femmes qui ont joué un rôle dans la Révolution Française

On a tendance à l’oublier, mais les femmes ont joué un rôle essentiel dans la Révolution Française. Outre les Parisiennes qui ont ramené la famille royale de Versailles à Paris lors des Journées d’octobre, elles sont nombreuses à s’être battues pour une Révolution également féminine.

OLYMPE DE GOUGES

« La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à  la Tribune »

Olympe de Gouges est née Marie Gouze à Montauban en 1748. Veuve à 20 ans, elle quitte sa province pour Paris et prend le nom d’Olympe de Gouges. En 1785, elle écrit la pièce qui la rend célèbre : Zamore et Mirza, ou L’heureux naufrage. La pièce est un scandale car Olympe y remet en question l’escalavage et le dénonce par la même occasion.

Enthousiaste dès les débuts de la Révolution, Olympe est rapidement déçue d’un pouvoir qui est exclusivement centré sur les hommes. En 1791, elle publie l’œuvre de sa vie : La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Il s’agit du premier document à évoquer une égalité des droits civils et politiques entre hommes et femmes.

Elle continue d’écrire des textes féministes et militants, allant jusqu’à dénoncer le régime qu’elle juge de plus en plus tyrannique.

En raison de ses idées jugées contre-révolutionnaire, elle est arrêtée en novembre 1793. Lors de son procès, elle privée d’avocat mais elle se défend avec courage. L’issue du procès étant déjà prévue d’avance, elle est condamnée à mort.

Elle monte sur l’échafaud à l’âge de 45 ans. Restée digne jusqu’au bout, elle lancera à la foule : «Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort».

 

CLAIRE LACOMBE

« Nos droits sont ceux du peuple, et si l’on nous opprime, nous saurons opposer de la résistance à l’oppression. »

Claire Lacombe

Claire Lacombe nait dans l’Ariège en 1756. Avant la Révolution française, elle entame une carrière de comédienne. Mais dès 1792, elle décide de quitter son Sud natal pour Paris. Elle commence à fréquenter le club des Cordeliers, l’une des plus grandes sociétés politiques de la capitale.

Très engagée dans la vie politique, elle est une fervente adepte de la Révolution. Elle prononce même, en 1792, un discours devant l’Assemblée où elle dira : « Née avec le courage d’une Romaine et la haine des tyrans, je me tiendrais heureuse de contribuer à leur destruction ».

En 1793, elle crée la Société des républicaines révolutionnaire, un groupe aux revendications exclusivement féministes. Cependant, Claire devient de plus en plus extrémiste et se rapproche des Enragés, le groupe révolutionnaire le plus radical.

Sa société est fermée et elle est arrêtée en 1794 à la suite d’une rixe avec d’autres femmes.  Chose rarissime à l’époque, elle est finalement relâchée. Elle décide alors de quitter Paris et reprend ses activités de comédienne. Elle meurt à Paris en 1826, après avoir cessé toute activité politique.

 

MANON ROLAND

« O liberté ! Que de crimes on commet en ton nom ! »

Madame Roland - musée Lambinet

Manon Roland nait Jeanne Marie Phlipon en 1754 à Paris. Enfant intelligente, elle passe le début de sa vie à lire les philosophes des Lumières et se construit une solide culture. En 1776, elle rencontre Jean-Marie Roland de La Platière, qui s’éprend d’elle et la demande en mariage. Il est de vingt ans son aîné. Manon accepte de l’épouser en 1780 pour échapper à la tutelle de son père.

Même si elle éprouve de l’affection pour son mari, Manon s’ennuie dans son mariage. La Révolution arrive comme une aubaine dans sa vie. Elle monte alors un salon où elle reçoit les hommes politiques les plus influents du moment comme Robespierre ou Brissot.

En 1792, son mari est nommé ministre de l’Intérieur et elle participe activement à la vie politique. C’est elle qui rédige de nombreux documents importants et qui dirige son bureau dans l’ombre. Contrairement à Claire Lacombe, elle fait partie du mouvement le plus modéré de l’époque, les Girondins, dont elle est même l’égérie.

Lors de la chute des Girondins, jugés trop tièdes, en 1793, elle est arrêtée et jugée. Elle est finalement guillotinée, à l’âge de 39 ans. Sur l’échafaud, elle aurait prononcé ces mots : « O Liberté ! Que de crimes on commet en ton nom ! » Il s’avèrera que cette exclamation fut une invention de l’écrivain Lamartine, lorsqu’au XIXème siècle, Manon devint une héroïne romantique.

 

CHARLOTTE CORDAY

« Tous ces hommes qui devaient nous donner la liberté l’ont assassinée ».

Charlotte Corday par Jean-Jacques Hauer

Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont est née en 1768 dans une famille de la petite noblesse normande. Descendante du dramaturge Corneille, Charlotte reçoit une excellente éducation, notamment littéraire. Elle est alors décrite comme une jeune femme énergique et décidée.

Lorsque la Révolution éclate, elle est séduite par les idées républicaines, notamment celles des Girondins. Cependant, les violences et les exécutions se font de plus en plus fréquentes à partir de 1792 et Charlotte considère que le coupable est le député et journaliste Jean-Paul Marat. Elle l’accuse d’attiser la haine et d’être « un monstre assoiffé de sang ».

Elle décide de prendre les choses en mains et quitte Caen à l’été 1793 pour Paris. Elle parvient à s’introduire chez Marat sous le prétexte d’une dénonciation. Ce dernier, souffrant, la reçoit dans son bain. Après quelques mots échangés, elle lui enfonce un couteau dans la poitrine. Marat meurt sur le coup.

Charlotte est alors arrêtée sans résistance et avoue immédiatement son crime. Lors de son procès, on la harcèle pour connaître ses complices, tant il est impensable qu’une jeune femme ait commis un tel crime seule. C’est sans doute inspirée du sens du sacrifice des héroïnes de son aïeul que Charlotte a agi. Elle dira lors de son procès : « J’ai tué un homme pour en sauver mille. […] J’étais républicaine bien avant la Révolution. »

Elle est guillotinée quatre jours après avoir commis son crime, le 17 juillet 1793. Son sacrifice n’aura pas permis de faire cesser les violences de la Terreur, qui s’achèvera plus d’un an plus tard.

 

THERESA TALLIEN

« C’est un peu par ma petite main que la guillotine a été renversée. »

Attribué à Jean-Louis Laneuville, La Citoyenne Tallien dans un cachot à la Force (1796), localisation inconnue

Espagnole, Thérésa Cabarrus nait près de Madrid en 1773 dans une famille fortunée. Pour arranger les affaires de son père, elle épouse à 15 ans Devin de Fontenay, un aristocrate français débauché. Elle arrive en France et s’intègre dans la haute société parisienne.

La Révolution lui permet de divorcer en 1792. Elle rejoint Bordeaux et tente de faire libérer ses proches emprisonnés. Elle est à son tour enfermée en 1793. Elle écrit alors à Jean-Lambert Tallien, le révolutionnaire représentant en mission de Bordeaux, pour lui réclamer de l’aide.

Tallien tombe sous son charme, l’a fait libérer et une idylle naît entre eux. Pendant plus d’un an, Thérésa va intervenir auprès de Tallien, pourtant réputé intransigeant, pour sauver de l’exécution de nombreux bordelais. Elle se fait surnommer « Notre-Dame de Bon-Secours » par le peuple.

Tallien, dont la liaison qu’il entretient avec une aristocrate est jugée suspecte, est appelé à Paris pour s’expliquer. Thérésa le suit mais se fait emprisonner. Peu avant son procès, et persuadée que son issue sera fatale, elle écrit à Tallien qui ne parvient pas à la libérer : « Je meurs d’appartenir à un lâche. »

Piqué au vif, Tallien déclenche alors la chute de Robespierre le 27 juillet 1794, soit le 9 Thermidor dans le calendrier révolutionnaire. C’est la fin de la Terreur, Thérésa est libérée et on lui donne le surnom de « Notre-Dame de Thermidor ».

Thérésa continuera sa vie mondaine : elle aura une liaison avec Paul Barras, l’homme fort du Directoire et sera l’amie de Joséphine de Beauharnais, future Impératrice des Français. Elle rencontrera le prince de Chimay chez Madame de Staël en 1805 et finira sa vie à ses côtés.

 

Virginie Paillard

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Image de mise en avant : © BNF

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