Promenades champêtres, jardins bucoliques, fleurs multicolores… Le printemps, symbole du renouveau et de la vie, n’a pas cessé d’inspirer les artistes à travers les siècles. En usant d’une créativité hors du commun, en saisissant l’instant ou en peignant les murs, cinq peintres proposent leur interprétation de cette belle saison, à découvrir dans les musées parisiens.
Le printemps (1573), Giuseppe Arcimboldo
Ce visage de profil ne vous est certainement pas inconnu ! Le tableau Le Printemps du peintre italien Giuseppe Arcimboldo est l’une des quatre toiles d’une série représentant les saisons, commandée par Maximilien II de Habsbourg, empereur germanique. Arcimboldo a représenté le printemps par un visage gai et joyeux, les joues teintées de rose. Ce personnage jeune et plutôt féminin est composé de quelques pâquerettes, églantines délicates, roses, feuilles de choux, de fraisiers et d’une centaine d’autres végétaux. Un iris décore son veston et une clochette fait office de boucle d’oreille. Peinte au XVIème siècle, cette série met en avant l’ingéniosité et la créativité du peintre dans le jeu de la personnification, une pratique appréciée à l’époque.
À découvrir au : Musée du Louvre
Rue de Rivoli, 75001 Paris
Mademoiselle Gachet dans son jardin à Auvers-sur-Oise (1890), Vincent Van Gogh
Rendez-vous au jardin avec Vincent Van Gogh ! Dans sa toile, le plus célèbre des peintres hollandais représente dans une blancheur immaculée, Marguerite Gachet, la fille de son cher docteur. Contrairement à ce dernier, Van Gogh ne représente pas cette demoiselle de 19 ans dans un portrait mais au milieu de son jardin d’Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise). Dans une lettre à son frère Théo, il écrit avoir peint “des roses blanches, de la vigne et une figure blanche là-dedans”. L’alliance entre la figure de la jeune fille et les fleurs est une pratique plutôt courante dans l’histoire de l’art, remontant au XVème siècle. Ici, Vincent Van Gogh semble également proposer un discret hommage aux femmes au jardin des impressionnistes de son temps, à l’instar de Claude Monet, Auguste Renoir ou Camille Pissarro. Le peintre est installé au village depuis quelques jours seulement lorsqu’il réalise sa toile par un beau dimanche de fin de printemps. Il perd la vie dans de mystérieuses conditions à peine deux mois plus tard.
À découvrir au : Musée d’Orsay
62 rue de Lille, 75007 Paris
En promenade près d’Argenteuil (1875), Claude Monet
Partons en balade dans les champs fleuris d’Argenteuil (Val-d’Oise) avec Claude Monet et sa famille. 147 ans après la réalisation de cette œuvre, il nous semble ressentir les sensations des personnages du tableau : le vent qui fait flotter le bas d’une robe, les hautes herbes contre les chevilles, la douceur d’une journée printanière… Le père de l’impressionnisme a représenté ici un tableau typique de son style, qu’il est possible d’admirer au musée Marmottan-Monet. Ses personnages sont floutés, l’identité de l’homme est d’ailleurs inconnue. La femme est sans doute son épouse Camille Monet marchant aux côtés de leur fils, Jean. Cette peinture en extérieur offre une fenêtre sur la nature, réalisée avec une palette claire et de légères touches de couleur.
À découvrir au : Musée Marmottan Monet
2 rue Louis-Boilly, 75016 Paris
Les quatre saisons : le printemps (vers 1860), Paul Cézanne
Encore inscrit à la faculté de droit, le jeune Paul Cézanne fait ses premiers pas dans la peinture en réalisant – entre autres – la décoration des murs du salon du Jas de Bouffan, une grande demeure provençale acquise par son père. Il propose des allégories des quatre saisons, à observer aujourd’hui au Petit Palais à Paris. Si réinterpréter le printemps n’est pas vraiment une marque d’originalité, l’exécuter en fresque au XIXème siècle l’est un peu plus ! En effet, la peinture murale est très peu pratiquée à cette époque. Les travaux de décoration des artistes impressionnistes restent également une part rare et méconnue de leur travail, y compris dans celui de Cézanne, contrairement aux toiles mobiles. “L’absence des impressionnistes sur les murs des bâtiments publics a sans doute contribué à ce que leur intérêt pour la décoration soit ensuite oublié et négligé” explique le musée de l’Orangerie dans son exposition sur le sujet.
À découvrir au : Petit Palais
Avenue Winston Churchill, 75008 Paris
Et jusqu’au 11 juillet 2022 au musée de l’Orangerie pour l’exposition “Aux sources des Nymphéas – Le décor impressionniste”.
Le Printemps (1881), Edouard Manet
Fleurs dans les cheveux, nature luxuriante, ciel bleu, ombrelle à la main… Pas de doute, nous sommes bien au printemps ! Dans cette toile, Edouard Manet représente cette belle saison par le visage de la comédienne Jeanne Demarsy, symbole de la parisienne coquette de l’époque. La demoiselle, comme indifférente au regard du peintre, pose de profil. Les motifs de fleurs, imaginés par Manet lui-même, envahissent sa robe.
Alors que l’artiste connaît plus de scandales que de succès, Le Printemps séduit le public au Salon de 1882, un an avant son décès. “Le Printemps devient la première œuvre reproduite en couleur dans la revue du Salon en 1882, photographiée par Charles Cross, inventeur de la photographie couleur” explique Adrien Meyer, directeur international du département Impressionniste et moderne de Christie’s auprès de nos confrères de Connaissances des Arts. Et le succès de la toile ne s’arrête pas là ! En 2014, lors d’une vente aux enchères, l’œuvre s’arrache pour 65,1 millions de dollars, un record pour une toile d’Edouard Manet ! Elle est exposée au J. Paul Getty Museum depuis. Mais bonne nouvelle ! Jusqu’au 11 juillet, découvrez Le Printemps à l’exposition “Aux sources des Nymphéas – Le décor impressionniste” au musée de l’Orangerie.
À découvrir au : Musée de l’Orangerie
Jusqu’au 11 juillet 2022 pendant l’exposition.
Jardin des Tuileries, 75001 Paris
L.B
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