Carrières, égouts, galeries d’inspection, bunkers… Paris est un gruyère. Tout au long de son histoire, son sous-sol a été creusé, troué, miné. Il a parfois été rebouché, mais le plus souvent laissé en l’état et oublié… Jusqu’au jour où ce gruyère était tel que la capitale a failli s’effondrer !
Une série d’effondrements inquiétants
1777. Au niveau du boulevard Saint-Michel, la cour intérieur d’un immeuble a laissé place à un gigantesque trou. Un peu plus loin vers le sud, ce sont des façades entières qui se sont affaissées de plusieurs dizaines de centimètres. Quelques semaines plus tôt, une maison entière s’est effondrée dans le quartier.
Ces effondrements ne sont qu’une infime partie des nombreux désastres qui ont eu lieu au cours des derniers mois. Nous sommes quelques années avant la Révolution française et la capitale fait face à un danger jamais vu jusque-là : les éboulements souterrains et les affaissements de voies s’enchaînent et menacent la ville entière d’effondrement.
Depuis des siècles, la capitale utilise ses sous-sols pour se construire : la pierre de taille pour les monuments et hôtels particuliers, le calcaire et le gypse pour les autres édifices. Sauf que personne ne sait vraiment où se trouvent les trous et quels endroits sont les plus fragiles !
Louis XVI décide alors de créer un organisme d’inspection des carrières. C’est l’architecte Charles-Axel Guillaumot qui va être chargé de cette mission : il va devoir inspecter toutes les carrières souterraines, les répertorier et trouver un moyen de les consolider. Une oeuvre titanesque quand on sait que le vide sous Paris représente plusieurs centaines de kilomètres !
Avec une équipe restreinte, puis de plus en plus importante, Guillaumot passera des milliers d’heures à arpenter les souterrains de la capitale pour les cartographier, organisera la création des galeries d’inspection et consolidera les vides les plus dangereux. C’est aussi lui qui aménagera les ossuaires des anciennes carrières, depuis devenue les Catacombes de Paris.
L’ampleur du travail sera telle qu’il faudra plus d’une siècle aux successeurs de Guillaumot pour achever de tout répertorier… Et l’ampleur du vide établi sous nos pieds est également telle qu’encore à notre époque, plusieurs affaissements ou éboulements ont lieu chaque année.