
Érigée à l’emplacement d’un ancien cimetière gallo-romain, une première chapelle est fondée à Saint-Denis entre 450 et 457 ap. J-C. pour rendre hommage au martyr qui lui a donné son nom, avant de devenir la nécropole des rois de France. Transformée en temple de la Raison sous la Révolution, puis en édifice impérial sous le Premier Empire, l’actuelle basilique souffre de nombreuses détériorations, malgré sa promotion en tant que cathédrale en 1966.
Une origine gallo-romaine
Les premières campagnes archéologiques menées au XIXe siècle ont permis d’identifier l’existence d’une ancienne nécropole gallo-romaine sur le site de Saint-Denis dès le Bas-Empire (IIIe-Ve ap. J.-C.). On pensait alors, selon une légende, que saint Denis aurait été martyrisé à son emplacement et qu’un mausolée y aurait été érigé avec plusieurs sarcophages. Admirative de ce martyr, sainte Geneviève, la patronne de Paris, aurait alors encouragé le clergé à édifier une basilique en son honneur à cet endroit, entre 450 et 457 ap. J-C.

Selon certains historiens, c’est sous les Mérovingiens, au VIe siècle ap. J.-C., qu’une première personnalité royale est enterrée au sein de l’édifice : il s’agit de la reine Arégonde, belle-fille de Clovis, dont le sarcophage a été découvert en 1959. Initiée par ce dernier, l’inhumation près des saints est rapidement reprise par l’aristocratie, si bien qu’une nécropole de 8 000 m2 se constitue au nord de la basilique. On y trouve bien sûr le tombeau du martyr saint Denis, mais aussi celui de ses camarades, le prêtre Rustique et le diacre Éleuthère.
La nécropole des rois
Mais sous les Carolingiens, au VIIIe siècle ap. J.-C., Pépin le Bref décide de raser l’édifice antique afin de construire une nouvelle église. Confiés à l’abbé Fulrad, les plans de l’architecture sont inspirés de basiliques romaines. Celle-ci est alors composée d’un transept, et la nef compte deux rangées de colonnes torsadées, dont certains fragments ont été prélevés dans des monuments antiques d’Italie.

Toutefois, le roi ne verra jamais l’édifice achevé, puisque les travaux débutent après sa mort, et l’inauguration se tient en présence de Charlemagne, le 24 février 775. Toutefois, un siècle plus tard, les raids des Vikings mettent la région à mal : les lieux de culte sont démolis, et les hommes d’Église enlevés.

Laissée en ruines, l’église est en partie rénovée sous Rober II le Pieux, et surtout l’abbé Suger, qui met en valeur les tombeaux des martyrs. L’édifice s’agrandit alors, et se dote de chapelles rayonnantes, ainsi que d’un tout nouveau massif occidental, qui s’inspire de l’abbatiale Saint-Étienne de Caen. La décoration est elle aussi repensée avec des vitraux et des objets précieux. Ces constructions seront progressivement remaniées par les architectes Robert de Cotte, Jean Mariette ou Nicolas Lenoir au cours des siècles suivants pour faire rayonner l’importante basilique située au nord de la capitale.
Révolution et retour à l’ordre
Avec la Révolution française, les biens ecclésiastiques sont réquisitionnés pour appartenir désormais à l’État : c’est notamment le cas de la basilique de Saint-Denis. En 1790, celle-ci perd alors sa dimension chrétienne : les révolutionnaires transforment l’édifice en un vaste dépôt de farines et profanent un grand nombre de tombes. Les cendres de 82 rois, 32 reines, 63 princes, 10 serviteurs et une trentaine d’hommes d’Église sont notamment dispersées dans des fosses communes. Les gisants sont détériorés, et le trésor de la basilique est enlevé, une partie étant fondue pour faire de la monnaie. Jusqu’en 1794, le lieu devient un temple de la Raison où sont organisés un ensemble d’événements civiques. Mais face son état déplorable, l’édifice est progressivement laissé à l’abandon.

Finalement, c’est en 1805 que Napoléon Ier décide de restaurer la basilique afin d’en faire le mémorial des quatre dynasties qui ont régné en France. Chargé du chantier, Jacques-Guillaume Legrand doit suivre plusieurs consignes, comme la création de trois autels expiatoires en hommage aux rois dont les cendres ont été dispersés, la création de trois chapelles à l’emplacement des anciennes tombes royales, ou encore, la transformation du caveau des Bourbons en caveau impérial. Finalement, la basilique est consacrée à la sépulture des empereurs, et symbolise le retour à l’ordre.
Une fragilité toujours présente
En plus des aléas politiques, la basilique fait aussi face à de violentes intempéries. Ainsi, celle-ci est frappée par la foudre en 1837, puis fragilisée par des vents violents en 1842, ce qui conduit notamment au démontage de sa flèche de 85 mètres de haut. Après des travaux de restauration menés par François Debret, un chantier est poursuivi sous la direction du fameux Eugène Viollet-le-Duc. Celui-ci rend aux tombes royales leur emplacement d’origine, met en lumière les constructions romanes de la crypte et renforce la structure d’ensemble. Sur ordre de Napoléon III, l’architecte fait également aménager un nouveau caveau impérial sous le maître-autel, aujourd’hui disparu.

Puis, le 9 octobre 1966, la création du diocèse de Saint-Denis promeut la basilique en tant que cathédrale. Cela ne permet pas pour autant de protéger ses bâtiments. En effet, si un vaste chantier de restauration a permis de sauvegarder l’édifice, celui-ci reste fragile à bien des égards, à commencer par sa façade et sa nécropole qui continuent de se dégrader. Et les travaux de la ligne 13 du métro parisien n’ont rien arrangé à tout cela, provoquant de nombreuses infiltrations dans le sanctuaire royal, et des détériorations importantes. Un projet de reconstruction de la flèche nord est toutefois en cours, mais cela n’assure tout de même pas à la basilique et à sa nécropole royale d’être protégées en étant inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Basilique Saint-Denis
1 rue de la Légion d’honneur, 93200 Saint-Denis
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