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La gare d’Austerlitz, une halle historique de la Rive gauche

La halle rénovée de la gare Austerlitz - © Wilmotte & Associés

Initialement nommée la gare d’Orléans lors de sa construction dans les années 1860, la gare d’Austerlitz dessert à présent les grandes lignes de la vallée de la Loire et du sud-ouest de la France. Classé monument historique pour sa grande halle étendue sur 280 mètres de long, l’édifice est envahi depuis quelques années par un échafaudage de 3 000 tonnes afin de rénover son immense verrière d’époque, qui devrait être dévoilée en décembre 2023.

Une première gare

À l’occasion de la création d’une ligne entre Paris et Jusivy en 1840, un premier embarcadère conçu par l’architecte Félix-Emmanuel Callet voit le jour dans la rue Neuve-de-la-Gare. Si le quartier est insalubre, les entrepreneurs le choisissent alors pour sa proximité avec un port fluvial dynamique. Face à l’affluence, la ligne est finalement prolongée jusqu’à la ville d’Orléans dès 1843. Située en tête du réseau de la compagnie Paris-Orléans (PO), la gare prend tout logiquement le nom de gare d’Orléans.

La première gare d'Orléans en 1843 - © Johann Jacob Weber
La première gare d’Orléans en 1843 – © Johann Jacob Weber

C’est quelques années plus tard que celle-ci adopte définitivement le nom historique du quai qu’elle longe : Austerlitz renvoie ainsi à une ancienne ville autrichienne où s’est déroulée la fameuse bataille de 1805, menant à la victoire de l’armée napoléonienne face aux forces russes d’Alexandre Ier. Un nom prestigieux qui annonce de nouveaux chantiers d’agrandissement en 1846 et en 1852, avant que le bâtiment ne soit reconstruit.

Une halle monumentale

De 1862 à 1867, Pierre-Louis Renaud, architecte en chef de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, mène un vaste chantier de reconstruction de la gare : avec l’élargissement de 4 à 10 hectares, les rues Jouffroy, Papin et Watt disparaissent alors, ainsi que la prison de la Garde nationale située entre le quai d’Austerlitz et la rue de la Gare.

L'Agriculture, sur la façade nord de la gare d'Austerlitz - © Eutouring
L’Agriculture, sur la façade nord de la gare d’Austerlitz – © Eutouring

En charge de la conception de l’édifice, l’ingénieur Ferdinand Mathieu imagine le pavillon des départs au nord, le bâtiment du buffet, les pavillons des arrivées au sud, ainsi que le bel immeuble de l’administration à l’ouest. Certains décors sont réalisés par le sculpteur Elias Robert, qui crée deux grandes allégories, l’Agriculture et l’Industrie, au nord. On peut aussi observer les blasons des villes de Toulouse ou d’Orléans, que la gare dessert.

Chemin de fer de la gare d'Orléans - © Gallica
Chemin de fer de la gare d’Orléans – © Gallica

En recherche d’innovations, l’homme voit les choses en grand, et fait réaliser l’une des plus grandes halles métalliques françaises par ses ateliers Schneider et Cie. D’une portée de 51,25 mètres sur 280 mètres de long, celle-ci reprend le système de la « ferme Polonceau », permettant d’établir une structure en fer qui est ouverte, légère et économe tout en conservant sa solidité. Une architecture moderne, particulièrement ingénieuse, qui annonce l’arrivée de la fameuse tour Eiffel dans le paysage parisien.

Les bouleversements du siècle

L’arrivée dans le XXe siècle annonce quelques chamboulements pour la gare d’Austerlitz. En 1906, la ligne 5 du métro parisien est en cours de création, et son trajet doit passer par l’édifice afin de prolonger un viaduc traversant la Seine. Un nouveau chantier est donc mis en place pour transpercer la grande halle sur sa largeur, et une station surélevée est créée. Plus tard, en 1910, c’est la grande crue de la Seine qui cause des dommages : la gare est inondée et le trafic entièrement interrompu entre le 31 janvier et le 9 février. Les conflits du siècle ne la laisseront pas non plus indemne : la gare est touchée lors d’un raid effectué par des avions allemands en 1918.

La gare d'Austerlitz inondée lors de la grande crue de 1910 à Paris, par M. Branger Photo-Presse - © Ville de Paris / BHVP
La gare d’Austerlitz inondée lors de la grande crue de 1910 à Paris, par M. Branger Photo-Presse – © Ville de Paris / BHVP

À partir des années 1960, une gare souterraine est construite de manière inédite afin d’accueillir le trafic de banlieue : au total, quatre voies et deux quais sont mis en service, avant que le RER C ne s’y ajoute en 1980. Si les travaux ne cessent d’être lancés pour adapter le bâtiment à des flux conséquents, la gare d’Austerlitz fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques en 1997 pour éviter toute démolition – comme cela fut le triste sort de la gare Montparnasse.

Un chantier sans précédent

Depuis 2020, un vaste chantier a de nouveau été lancé au sein de la gare d’Austerlitz. En effet, un échafaudage de 3 000 tonnes a envahi ses espaces pour permettre la rénovation de la grande halle et de sa verrière. Ces longs travaux étaient nécessaires pour rénover de fond en comble la grande halle de cet édifice construit dans les années 1860, ainsi que sa verrière monumentale. Mais le “plus grand échafaudage d’Europe” se défait petit à petit pour enfin dévoiler la gare rénovée en décembre 2023.

La halle rénovée de la gare Austerlitz - © Wilmotte & Associés
La halle rénovée de la gare Austerlitz – © Wilmotte & Associés

En dehors de la rénovation de l’architecture, le chantier va aussi permettre d’améliorer les correspondances entre les métros et, comme on s’en doute, de développer un centre commercial similaire à celui de la gare Montparnasse. Un grand bâtiment en forme de zeppelin devrait notamment voir le jour au cœur de la grande halle pour y accueillir un restaurant. Tous ces aménagements devraient été terminés en 2027, la priorité étant de sublimer l’édifice et de moderniser ses liaisons pour accueillir les Jeux olympiques en 2024.

Gare d’Austerlitz
85 quai d’Austerlitz, 75013 Paris

À lire également : Quelles sont les gares disparues de Paris ?

Image à la une : La halle rénovée de la gare Austerlitz – © Wilmotte & Associés

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