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Le Grand Palais, l’histoire centenaire d’un monument républicain

© RMN - Grand Palais

Enfant de la IIIe République, le Grand Palais a été construit pour l’exposition universelle de 1900, dans l’objectif de célébrer « l’art français » à travers le monde. Conçu par quatre architectes, ce monument de la Belle Époque à l’impressionnante nef vitrée a accueilli de nombreux événements artistiques, mais aussi sportifs et techniques. Fermé au public depuis 2021, le Grand Palais est concerné par un vaste chantier de restauration qui devrait se terminer en 2025.

Quatre architectes pour un monument

Le début du vaste chantier de ce que l’on nomme alors le « Grand Palais des Beaux-Arts » commence à Paris dès 1897. Pour remplacer le palais de l’Industrie qui a fait son temps, la IIIe République souhaite ériger un nouveau monument « à la gloire de l’art français » pour l’exposition universelle prévue du 15 avril au 12 novembre 1900. Celui-ci est alors voué à accueillir les grandes manifestations artistiques officielles de la capitale.

Le Grand Palais, galerie de sculptures lors de l'exposition universelle de 1900
Le Grand Palais, galerie de sculptures lors de l’exposition universelle de 1900

Un concours est alors lancé en 1896 dans l’ensemble du pays, afin de privilégier les architectes de nationalité française. Ce sont finalement Henri Deglane, Albert Louvet, Albert-Félix-Théophile Thomas et Charles Girault qui sont choisis pour penser ensemble l’architecture du Grand Palais. Le premier conçoit les nefs nord et sud de la grande nef, sa nef transversale – « paddock » – et sa façade, ainsi que l’entrée principale du monument. Le second est chargé d’édifier le Salon d’honneur, le grand escalier d’honneur, ainsi qu’une partie du décor de la nef transversale. Enfin, le troisième s’occupe de l’aile ouest, dite « palais d’Antin », tandis que le dernier doit s’assurer de la coordination générale des travaux.

Un témoin de la Belle Époque

Le chantier d’envergure débute donc en 1897. En tout, 9 057 tonnes de métal peint en « vert réséda pâle » sont utilisées pour la construction du monument, dont le sommet culmine à 45 mètres de haut. La structure principale s’étend alors sur 240 mètres, et est en partie recouverte d’une immense verrière qui est un véritable puits de lumière – à une époque où l’électricité ne fait pas encore sa loi. Avec les quatre architectes à l’œuvre, le bâtiment s’inscrit dans l’éclectisme propre au style Beaux-Arts qui caractérise la Belle Époque.

La verrière du Grand Palais
La verrière du Grand Palais

Plusieurs artistes collaborent aussi au projet. C’est le cas des sculpteurs Victor Peter et Alexandre Falguière, ainsi que Georges Récipon qui décore les deux entrées de quadriges allégoriques en cuivre qui culminent à 40 mètres de haut : du côté des Champs-Élysées, on trouve L’Immortalité devançant le Temps, et du côté de la Seine, L’Harmonie triomphant de la Discorde.

Georges Récipon, L’Harmonie triomphant de la Discorde, quadrige, côté Seine
Georges Récipon, L’Harmonie triomphant de la Discorde, quadrige, côté Seine

À l’intérieur du monument, les mosaïques qui pavent le hall représentent des motifs floraux réalisés par la Société Simons et Cie selon des cartons de Louis Hista. Sur la façade, on retrouve aussi quatre panneaux de 224 m2 symbolisant l’art à différentes époques, réalisés par Auguste-Maximilien Guilbert-Martin et René Martin.

Le temps des salons

C’est donc le 1er mai 1900 que le Grand Palais est inauguré, lors de l’exposition universelle qui se veut être une célébration de la IIIe République dans le monde entier. Ce jour-là, de nombreux représentants sont présents au sein du tout nouveau monument, dont le président de la République Émile Loubet, et le ministre de l’Intérieur et des Cultes Pierre Waldeck-Rousseau. Cette inauguration lance alors l’ouverture de nombreux salons sous la grande nef du monument : les salons dédiés aux beaux-arts ont un succès sans précédent au début du XXe siècle, avant de lasser face aux avant-gardes.

Le Grand Palais aux Journées du patrimoine
Le Grand Palais

En parallèle, d’autres manifestations voient le jour : un concours hippique est accueilli de 1901 à 1957, le Salon de l’automobile de 1901 à 1961, le Salon de l’aviation de 1909 à 1951, ou le Salon des arts ménagers de 1926 à 1960. Ces salons « techniques », nés de la révolution industrielle, créent un vrai engouement chez les Parisiens – ces événements prendront d’ailleurs une telle ampleur qu’ils seront ensuite déménagés dans des bâtiments plus vastes, comme le Centre des nouvelles industries et technologies, ainsi que le parc des expositions de la porte de Versailles.

Un chantier d’envergure

En mars 2021, le Grand Palais a fermé ses portes pour être rénové en profondeur, 121 ans après sa création. Cette fermeture était nécessaire pour rénover sa structure en métal et ses verrières, ainsi que son emblématique nef et ses galeries en premier lieu. Ceux-ci accueilleront ainsi les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, tandis que le chantier sur l’ensemble du monument prendra fin l’année d’après.

Le Grand Palais après les travaux
Le Grand Palais après les travaux

En tout, 114 entreprises et près 290 compagnons, encadrants, personnels de sécurité, architectes et ingénieurs sont intervenus sur les toits, les façades, les verrières et sur les balcons de la grande nef. Le projet porte notamment sur la restauration et le nettoyage de la façade et la statuaire, une remise aux normes de l’étanchéité sur la verrière, une restauration des garde-corps de balcon en fer forgé dans la nef, des travaux de ferronnerie des portes et de l’escalier d’honneur, ainsi que des opérations de curage. Un chantier d’ampleur qui devrait pouvoir montrer ses résultats au public dès le printemps 2025.

Romane Fraysse

Grand Palais
3 avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris

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Image à la une : © RMN – Grand Palais

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