Carrosse à cinq sols, omnibus hippomobile, chemin de fer américain ou métropolitain… La capitale a vu défiler tout un ensemble de transports en commun urbains au fil des époques. Des premiers véhicules tirés par des chevaux aux réseaux express régionaux entièrement informatisés, la circulation est devenue plus rapide et plus accessible dans une ville en perpétuelle expansion.
Le carrosse de Blaise Pascal
Il semblerait que le premier transport en commun urbain soit conçu par le philosophe et mathématicien Blaise Pascal, en 1662. En effet, durant longtemps, les transports en grands chariots, barques ou diligences étaient réservés aux plus aisés pour voyager entre deux villes. À l’intérieur d’une ville en revanche, on ne comptait que certains chars utilisés par des nobles avec l’accord du roi.
Il faut donc attendre l’invention par Blaise Pascal d’un carrosse à cinq sols pour voir apparaître les premiers transports en commun urbains à Paris. En ayant reçu l’aval de Louis XIV, le mathématicien fonde une entreprise pour construire ces véhicules qui se déplacent sur cinq lignes établies au sein de la capitale. Plusieurs conditions sont toutefois exigées : le carrosse devra partir à heures fixes, faire le même trajet, et faire payer cinq sols à ses voyageurs. Néanmoins, de nombreuses restrictions votées par le Parlement de Paris – comme la hausse des tarifs ou la limitation de la clientèle selon son statut social – vont conduire à la disparition de ce véhicule parisien.
L’omnibus de Stanislas Baudry
On doit l’apparition de l’omnibus à des bains-douches publics ! En effet, aussi étrange que cela puisse paraître, c’est lorsqu’un colonel nantais du nom de Stanislas Baudry décide, sous la Restauration, de mettre en place un moyen de transport pour accéder à son établissement de bains qu’apparaît le premier « Omnibus ». Le nom proviendrait du lieu de stationnement de ces véhicules, qui se trouvait face au commerce d’un chapelier du nom d’Omnes ayant appelé son enseigne « Omnes Omibus ».
Face au succès, Baudry choisit de développer le réseau de cette navette conduite par un cheval, et abandonne ses bains. En 1828, il quitte Nantes pour Paris, et y crée l’Entreprise générale des omnibus, qui exploite alors un réseau de dix lignes. Avec de nouveaux entrepreneurs, ce moyen de transport en commun se développe au sein de la capitale en quelques années, comptant 17 compagnies et 378 véhicules en 1836. Face à un tel enthousiasme, le baron Haussmann décide de fusionner toutes les entreprises dans la Compagnie générale des omnibus (CGO) afin de créer un réseau cohérent de 25 lignes et 503 omnibus tirés par des chevaux.
Le tramway venu d’Amérique
Alors qu’un nouveau moyen de transport sur rails tracté par des chevaux se développe en Amérique, un entrepreneur du nom d’Alphonse Loubat demande la création d’une ligne de « Chemin de fer américain » au sein de Paris. En 1853, une première voie de tramway est lancée au sein de la capitale, reliant Sèvres à la Concorde, ce qui constitue une vraie nouveauté à l’échelle européenne.
Si le tramway met du temps à convaincre, il se développe finalement dans les années 1870, avec une ligne circulaire dans Paris gérée par la fameuse Compagnie générale des omnibus, et dix lignes en banlieue gérées par les entreprises Tramways Nord et Tramways Sud. Puis, pour l’Exposition de 1878, une quarantaine de lignes sont créées par les trois compagnies. Le véhicule se modernise alors, devenant électrique dès l’année 1881. Mais la concurrence de l’automobile a conduit les pouvoirs publics à délaisser durant un temps les tramways : ceux-ci sont entièrement supprimés de la capitale en 1927, et ne refont leur apparition qu’en 1992.
Le métropolitain de 1900
Apparu à Londres en 1863, le chemin de fer métropolitain apparaît quelques décennies plus tard à Paris. La première ligne (ligne 1), allant de la porte de Vincennes à la porte Maillot, est inaugurée le 19 juillet 1900, ce qui constitue une vraie révolution dans la circulation au sein de la ville. Par sa rapidité et sa facilité, le métro est rapidement adopté par les Parisiens, et les lignes commencent à se développer dans les souterrains de la capitale. Les lignes 2-nord (future ligne 2) et 2-sud (future ligne 6) sont également mises en service dans les mois qui suivent.
Toutefois, quelques réticences existent tout de même chez les riverains : des rumeurs circulaient sur les risques d’accident de ce nouveau moyen de transport, notamment liés aux possibles éboulements ou aux déraillements. Toujours est-il que le prix reste très attrayant, puisque le prix d’un ticket de métro ne coûte à l’époque qu’une vingtaine de centimes, permettant de traverser Vincennes à la porte Maillot en seulement 26 minutes. Sa rapidité lui vaut d’ailleurs toujours d’être le principal moyen de transport utilisé par les Parisiens pour leurs déplacements dans la capitale.
L’autobus remplace l’omnibus
L’année 1900 ne voit pas seulement se développer le chemin de fer métropolitain au sein de la capitale. La Compagnie générale des omnibus cherche elle aussi à se moderniser au moyen d’un nouveau réseau d’omnibus qui seraient désormais automobiles, et non plus dirigés par des chevaux. Ainsi, cinq années plus tard, neuf autobus conçus à partir d’omnibus hippomobiles roulent à Paris du 8 au 24 décembre entre la Bourse et Cours-la-Reine.
Les autobus rencontrent rapidement du succès, étant plus rapides que les omnibus hippomobiles qui restent toutefois en circulation durant quelque temps. Plus de 1 000 autobus sont mis en service dans Paris entre 1911 et 1914, tandis que les omnibus disparaissent définitivement le 11 janvier 1913. Progressivement, ce transport en commun s’impose comme l’un des plus empruntés par les voyageurs au sein de la capitale.
Le Réseau express régional (RER)
L’ouverture de la première ligne de RER remonte à 1969 à Paris. Avec le développement de la banlieue parisienne, il devenait nécessaire de mettre en place un réseau permettant de relier Paris intramuros aux communes voisines. Des voies de chemin de fer ont été reprises tandis qu’un tronçon en tunnel est construit entre Saint-Mandé et Nation. Les anciennes gares de Batille, Paris-Reuilly, Paris Bel-Air et Saint-Mandé sont alors abandonnées.
Par ailleurs, le lancement du RER permet aussi le début d’un contrôle des titres de transport entièrement informatisé. À la place des poinçonneurs du métro, on trouve des tripodes automatiques sur lesquels les voyageurs peuvent valider eux-mêmes leur titre de transport. Le RER est ainsi rapidement développé, et continue de l’être dans un Grand Paris en pleine expansion.
À lire également : Savez-vous pourquoi la gare et la station de métro Montparnasse s’appellent Bienvenüe ?
Image à la une : L’un des 90 autobus commandés par la CGO à Eugène Brillé, vers 1900 – © Roger-Viollet