Son nom est désormais bien ancré dans notre culture populaire et vous avez sûrement déjà entendu parler de ses exploits. Peut-être avez-vous même vu le film qui lui est consacré sorti en 2000 avec Gérard Depardieu. Ce caméléon nommé Eugène François Vidocq et arrivé tout droit du XVIIIe siècle en a fasciné plus d’un, et pour cause ! Tour à tour bandit, chef de la police de sûreté puis détective privé, ce personnage a eu un destin hors du commun.
Avant la police, la débauche et l’évasion
Né dans le nord de la France, cet homme mort à 81 ans a connu plus d’une existence ! Pour ce filou qui n’a jamais suivi que ses propres chemins, tout commence alors qu’il vient de fêter ses seize bougies : accusé d’avoir volé ses propres parents, il est forcé de quitter sa ville natale et s’engage dans une vie de vagabondage rythmée par quelques emplois dans un cirque, une courte expérience dans l’armée et, déjà , un passage par la case prison. Rien d’étonnant à ce qu’il choisisse de déménager à Paris en 1796 dans le seul but de s’offrir une vie de débauche : jeux, prostituées… Le jeune homme profite quelques semaines des 15 000 Francs-Or qu’il a vicieusement dérobés à une riche veuve. Mais Vidocq est meilleur en arnaque qu’en jeux d’argent et perd rapidement ce maigre pécule.
Il retourne donc sans le sou à Lille et ne tarde pas à se faire emprisonner à la suite d’une querelle avec un officier. La suite est déjà un film d’aventures : à peine est-il enfermé qu’il parvient à s’évader, puis à se faire passer pour un « simple » déserteur quand la gendarmerie réussit finalement à l’attraper ! Détenu à nouveau, il s’évade une deuxième fois en se déguisant en religieuse. Rattrapé, il continue de jouer au chat et à la souris en s’enfuyant une troisième fois d’une prison de Douai ! En seulement trois ans, il passera entre les murs des prisons de Douai, Lille, Cambrai, Bicêtre et terminera sa course au bagne de Brest.
Du bagnard au policier
Les années qui suivent continuent d’être aussi mouvementées pour le garnement. Il est emprisonné régulièrement aux quatre coins de la France, il s’évade tout aussi régulièrement et se forge une belle réputation dans le milieu du banditisme. Mais Vidocq en a marre de cette vie marginale et décide, en 1809, de rentrer dans le rang. Il propose donc ses services d’indicateur à la police de Paris et dirige, dès 1811, la brigade de sûreté de la police au sein duquel il développe l’art de l’infiltration. Il restera à ce poste jusqu’à sa démission en 1827, quelques mois avant de publier le premier volume de ses Mémoires.
Trois ans plus tard, il intègre une bande « d’assommeurs », sorte d’unité policière non officielle chargée de faire peur aux ennemis du gouvernement. Le préfet de police lui-même fait l’éloge de Vidocq au Ministre de l’Intérieur pour les services rendus lors de l’insurrection des 5 et 6 juin 1832. En juin 1833, il crée le Bureau de renseignements pour le commerce, la première agence de détectives privés. Souhaitant éradiquer les faussaires, ripoux et autres mauvais personnages de Paris, il propose aux commerçants, puis aux particuliers, une surveillance sur la concurrence et des filatures pour des supposés adultères. Cette dernière activité, particulièrement lucrative, achèvera d’asseoir sa renommée déjà bien établie.
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