Si l’on se promène rue de Charenton, cela vaut le coup de lever la tête… En effet, au numéro 304 de la rue, une plaque en marbre nous explique que cet endroit était une des dernières maisons de Paris sous Louis XV. On vous raconte.
“1726. Bornes de limites. Du règne de Louis XV. De par le Roy. Défenses expresses sont faites de bâtir depuis les présentes bornes et limites jusqu’au prochain village aux peines portées par les déclarations de la Majesté des années 1724 et 1726.” C’est cette inscription rue de Charenton qui nous rappelle que Paris n’a pas toujours eu la taille qu’elle a aujourd’hui. En effet, le cÅ“ur de la ville s’est progressivement étendu. Il est loin le temps où l’enceinte Philippe Auguste protégeait le centre ville. Au fur et à mesure des siècles, les limites ont été repoussées et la ville n’a cessé de s’étendre. Preuve en est, de nombreux villages avoisinants, tels Montmartre ou Charonne font désormais partie intégrante de la capitale. Mais, cette expansion anarchique n’a pas toujours été vue d’un bon Å“il. Elle crée notamment des problèmes d’approvisionnement, de démographie ou encore des soucis de déploiement de la police. Si bien qu’au XVIIIe siècle, le roi Louis XV tente de limiter l’installation anarchique.
Il fait installer aux quatre coins de la ville des plaques indiquant les limites de Paris. Il y en aura presque 300 placardées. À partir de ces points, il est alors interdit de définir des nouvelles voies. En revanche, les propriétaires de terrain peuvent construire leur maison avec leur façade sur la rue. De même, la loi n’autorise plus de nouvelles constructions immeubles. Aujourd’hui, il ne reste que deux vestiges de ces bornes-limites. Une au 304 rue de Charenton dans le 12e, donc, qui a été apposée le 29 décembre 1727 et une autre au 4 rue Laborde dans le 8e arrondissement.
La borne-limite de Paris se trouvant rue de Charenton a bien failli ne jamais être retrouvée. D’ailleurs, on peut remarquer qu’elle a été complétée. Une partie seulement a été sauvée. Cette découverte, on la doit à l’historien Lucien Lambeau en 1910 qui aurait fait cette trouvaille dans l’arrière boutique d’un marchand de couleurs ! Une petite curiosité que l’on s’empresse de découvrir.