Objet du quotidien de nombreux parisiens, on ne connait pas toujours bien notre ami le préservatif. Si aujourd’hui, il est incontournable, cela n’a pas toujours été le cas, bien que sa carrière ait commencé il y a très longtemps… En France, c’est dès le XVIIIe qu’il se fait une place de choix dans le cÅ“ur (et plus) du Parisien…
Il y a des traces de préservatifs en Egypte Ancienne. Ce mode de contraception a été utilisé très tôt. On le croise bien rapidement dans les différentes cour d’Europe pour éviter les enfants illégitimes et la trop grande propagation des maladies vénériennes. D’ailleurs, le roi Louis XIV, dont le dépucelage n’a plus de secret pour vous, en aurait été un amateur. Pourtant, sous son règne, notre ami préservatif étaient alors illégal. La possession ou la revente de cet “étui” pouvait envoyer directement en prison son propriétaire. Il faudra attendre un siècle pour que son utilisation se popularise. Après une conférence internationale à Utrecht en 1712, les plus grands prennent l’habitude de le porter. Et, à cette époque, c’est en Angleterre qu’il vit son heure de gloire. Un jeune français, L.M. Marie l’explique lorsqu’il rentre d’un voyage à Londres : “deux grandes et belles boutiques dans les rues les plus passantes, fournies de jeunes demoiselles qui s’occupaient ouvertement de la fabrication de ces petits sacs”.
Il faudra attendre 1780 avant qu’une boutique du genre ouvre ses portes à Paris, mais pas n’importe où… C’est au Palais Royal, haut lieu de la prostitution, que s’installe la Maison du Gros Millan. Au 22 rue Beaujolais, on peut donc se fournir, discrètement. “Fabrique de préservatifs de toute sécurité…bandages, suspensoirs, articles d’hygiène… Exportation discrète pour la France et l’étranger” clame le prospectus commercial. Très vite surnommé “Redingote Anglaise”, il s’impose assez facilement malgré ses défauts. En effet, il est alors fabriqué en boyaux de mouton et n’est ni particulièrement fiable, ni particulièrement confortable. La Marquise de Sévigné le définit ainsi : “c’est une cuirasse contre le plaisir, une toile d’araignée contre le danger”. Qu’importe pour les clients du Gros Millan qui sont prêts à débourser un franc pièce pour un désormais célèbre “baudruche” ! Ici, pour ne froisser personne, les vendeuses évaluent la taille requise à l’œil… Pas question de prendre trop grand par péché d’orgueil… Question préservatif, la taille compte, et c’est toujours le cas aujourd’hui !
Crédit photo de une : Photo RMN-Grand Palais