La pagode de Paris (VIIIe), dite la “maison de Loo“, est un bâtiment à l’architecture fascinante qui contraste avec le style haussmannien du centre de la capitale. Fermée au public, elle héberge des événements privés à destination des collectionneurs d’art, comme lors du printemps asiatique. Parée de sa couleur rouge, la pagode abrite entre ses murs un lieu chargé d’histoire.
De l’hôtel particulier…
La pagode n’a pas toujours été ainsi : c’est à l’origine un hôtel particulier construit au XIXe siècle dans un style Napoléon III. Sa mutation est permise grâce aux ambitions d’un marchand d’art chinois, Ching-Tsai Loo, qui transforme la bâtisse avec l’aide de l’architecte Fernand Bloch dans les années 20 : surélévation, nouvelle toiture, peinture écarlate, avant-toits courbés, colonnes et ornementation asiatique rappelant le folklore chinois, l’hôtel particulier se métamorphose en une pagode d’inspiration chinoise de quatre étages. Au début du XXe siècle, les permis de construire ne répondent à aucune règle précise ce qui facilite la construction, mais la bâtisse provoque pendant un temps l’ire du voisinage qui milite pour sa destruction.
… A la galerie d’artÂ
La beauté de la pagode est extérieure mais aussi intérieure : deux salons occupent le rez-de-chaussée pour donner la “salle des cavaliers”, peuplée de frises de chars et habillée d’un plafond à caissons sur lequel se débattent des dragons chinois. Au premier étage, la “salle des mille oiseaux” abrite deux salles recouvertes de panneaux de laque chinoise datant du XVIIIe siècle venus du Shanxi, une province du nord-est de la Chine. La bâtisse renferme d’autres merveilles, comme une galerie indienne au quatrième étage ou une salle d’exposition au sous-sol. Pour son propriétaire, la pagode est moins un lieu de vie qu’un musée destiné à entreposer sa large collection d’oeuvres d’art : plusieurs milliers de livres, catalogues d’exposition et photos d’époque sont soigneusement conservés.
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Pérennité
Ching-Tsai Loo, important homme d’affaires bien que controversé, est un précurseur dans l’importation de l’art asiatique en France. Détenteur de deux galeries d’art à Paris et New York, il laisse après sa mort en 1957 un patrimoine riche et convoité. Sa fille prend la relève mais les restrictions chinoises sur les exportations finissent par limiter le champ d’action de la famille qui perd peu à peu en attractivité. En 2002 et 2006, la pagode est inscrite aux monuments historiques, rappelant son importance culturelle et son apport considérable dans le paysage architectural parisien. En 2010, la “maison de Loo” est revendue et rénovée par un nouvel investisseur, qui transforme peu à peu l’établissement en un lieu de réception privé. La pagode continue aujourd’hui d’exhiber ses porcelaines et autres objets raffinés aux amateurs les plus chevronnés.
Adresse : 48 rue de Courcelles 75008 Paris
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Image à la une : © Didier Laurent / Adobe Stock
Julien Mazzerbo